Deux concerts en un pour cette chronique consacrée à l'artiste absolument unique en France qu'est Manu Chao.
Notre globe-trotter international a sorti un album, "La Radiolina", à l'automne et a gratifié France Inter d'un concert privé (diffusé sur les ondes) fin septembre auquel j'ai eu la chance d'assister tel un V.I.P. de la Maison Ronde.
Manu Chao, j'ai tous ses albums ou presque, c'est le type d'artiste qui m'a ouvert à d'autres genres de musiques, des choses plus "world" comme on dit. Il est autant adulé que critiqué et je fais donc partie de ses admirateurs. Il m'impressionne vraiment, tellement que je n'avais pas pris le risque d'aller le voir en concert lors de sa dernière tournée, au début des années 2000. Je le regrette.
Il était temps de me rattraper car le petit galopin se fait rare sur scène... Cette occasion spéciale fut un vrai régal. En effet, quoi de mieux qu'un grand studio radiophonique, 1000 places à tout casser, une acoustique forcément idéale et une scène en contrebas, à peine surélevée, avec des musiciens à qques mètres seulement, si proches.
Présenté par Bernard Chérèze, le responsable de la programmation musicale de France Inter, pas peu fier, Manu Chao a débarqué avec trois acolytes : son lead guitariste surexcité mais excellent, son bassiste digne d'une armoire à glace en short et un batteur pas moins actif.
Le public, une trentaine d'auditeurs et le reste d'amis ou de V.I.P. locaux, fut tout de suite en folie... Si je me souviens bien, on a eu le droit à au moins deux heures d'un concert assez extraordinaire. Malgré la proximité et la petitesse finalement du lieu, Manu Chao nous a donné un récital similaire à celui qu'il donnerait devant 100 000 personnes. Lui et ses musiciens étaient à fond, tout en énergie et tension électrique, avec même un mini jeu de scène très efficace.
La play-list était, comme toujours, assez variée, avec une belle place réservée à son nouvel opus, mais, à ma grande surprise, sans son tube d'alors "Rainin in Paradize". Tant pis, le tout fut absolument exquis.
Manu Chao a semblé trouver l'enthousiasme de l'audience à son goût et a donc été vraiment généreux. Quoi de plus naturel donc que de ramener sa fraise ensuite au cocktail donné en son honneur. Avec mon bracelet V.I.P., j'ai pu m'y faufiler et croiser donc notre petit lutin, vraiment tout petit, mais tellement sympathique. Il n'avait pas l'air très à son aise parmi tous ces pique-assiette mais il s'est plié au jeu, en compagnie de sa petite troupe.
Ce concert fut donc pour moi un magnifique avant-goût de ce que j'allais voir ce soir, au Palais Omnisports de Paris-Bercy. La dernière et unique fois que j'étais venu dans cette salle, c'était pour pleurer toutes les larmes de mon coeur telle une jeune fille en fleur devant le show époustouflant de l'une de mes idoles, Paul McCartney. Mais je vous conterai cela une autre fois.
Ainsi, nous disions que les spectacles de Manu Chao se font plutôt rares, enfin surtout chez nous il faut croire, car il n'a cessé de sillonner l'Amérique dans les deux sens ces dernières années (dont est issu son unique album live à ce jour). "La Radiolina Tour" signe donc le retour de Manu Chao et de son Radio Bemba Sound System en France et Paris fut la troisième étape de son périple, après Toulouse et Marseille.
Le POPB, comme on dit, était plein comme un oeuf et j'appréciais déjà le fait de n'avoir payé que 29 Euros pour m'asseoir là où je voulais, câd soit en fosse, soit en tribune. Connaissant le public jeune et survolté du père Chao, je pris directement la direction des gradins et ce ne fut pas moins agréable.
Première partie, et ce fut une surprise, assurée par Keny Arkana, jeune rappeuse marseillaise. Bon, je dois dire que j'ai cru en fait que c'était un garçon pendant tout son show et puis son discours était bien gentil mais vraiment trop facile (des slogans du type "On va nettoyer l'Elysée au Kärcher", "n'ayons pas peur de la liberté"...). Y a eu des séquences intéressantes mêlant rap et reggae mais globalement, c'était assez répétitif et vraiment déjà vu et entendu. J'étais surpris donc parce que je ne m'attendais vraiment pas à du rap en première partie mais bon, pourquoi pas ? Le public, chaud comme la braise, a répondu plutôt très positivement donc tant mieux.
Ce public justement qui fut assez incroyable tout au long du concert, jamais vu ça. La fosse était en totale ébullition, ça sautait de partout et personne n'était assis en gradin, le sol tremblait comme jamais. Tout ça du début à la fin d'un show qui dura près de 3h30 !!!
Ce qu'il y a de fantastique chez Manu Chao, c'est pleins de choses mais notamment l'absence de temps mort. Dès le premier morceau, la musique commence et ne s'arrêtera plus... Il n'y a jamais de silence entre les chansons, ça transitionne tout seul, tout comme sur ses albums finalement. De plus, là où il fait très fort, c'est que son patchwork musical fonctionne ainsi très bien sur scène avec bien entendu une place beaucoup plus prépondérante pour les instruments (on savoure de temps en temps ses bidouillages sonores mais ils sont là, en fond, juste pour égayer). Sur scène, il fait l'effort de tout réinterpréter d'une manière souvent totalement différente de la version originale de l'album. C'est ainsi qu'on se surprend à reconnaître des mélodies ou des textes que l'on connaît bien mais qu'après un temps d'adaptation à cette nouvelle mouture qu'il nous propose. C'est globalement une revisite de beaucoup de ses morceaux à la sauce rock festif.
Un peu de calme nous fit beaucoup de bien pour de superbes séquences sur "Clandestino", "Desaparecido" ou encore la splendide "Minha galera" que je vénère. Sans oublier les magnifiques rumbas de son dernier album "Me llaman calle" et "La rumba de Barcelona" avec la virtuosité à la guitare de son lead guitariste, Magyd (j'ai retrouvé son nom).
Côté musiciens justement, les mêmes qu'à Radio France étaient bien présents, toujours avec la même vigueur et les mêmes fringues aussi, le plus simple possible. Magyd tient sa guitare comme une mitraillette et le bassiste sa basse comme une grosse bûche de bois prête à mettre au feu. Le batteur était torse nu dès le départ, et nous avions aussi un percussioniste (ancien de la Mano Negra), qui a eu le droit de chanter un titre de la Mano justement, "Sidi H'Bibi", puis il y avait un gars aux claviers et un très bon trompettiste italien. Ils ont tous assuré du tonnerre mais on regrettera un son qui fut la plupart du temps bien trop gras et saturé, sorte de bouillie sonore rendant difficilement compréhensible les textes hispaniques de Manu Chao.
La play-list fut comme d'habitude très éclectique, passant en revue les trois albums solos du lutin vert (il portait cette couleur, comme souvent, avec pantalon court et casquette sur la tête, derrière sa grosse guitare orange). La troupe est venue, partie, revenue puis repartie plusieurs fois, de manière très rôdée, sachant très bien qu'elle avait le public dans sa poche.
Le gros du show se finit par des chansons de la Mano Negra dont un superbe "Mala Vida" qui fit bondir toute la salle. Et, ô jolie et délicate surprise, Manu Chao termina le spectacle pour de bon avec qques extraits de son disque qui accompagnait le livre pour enfants réalisé avec le dessinateur Wozniak, "Sibérie m'était contée". Il y a dessus de très jolies choses, très différentes de ce que Manu Chao fait d'habitude. En gros, c'est de la chanson française, celle d'un titi parisien qui a galéré selon lui pendant 25 hivers dans la capitale. Les morceaux sont assez négatifs pour la plupart mais ça fait vraiment plaisir aussi d'entendre ce polyglotte chanter en français, sur des textes des plus franchouillards. C'était donc le cadeau de la fin, de ce concert qui n'en finissait pas, pour le plus grand bonheur de tous.
Une dernière remarque d'ailleurs à ce propos. La très grande majorité des spectateurs ce soir devait avoir la vingtaine. C'est fou quand on considère qu'il a quand même plus de 20 ans de carrière derrière lui (malgré un gros trou). Finalement, ses "vieux" fans n'ont pas eu l'air de trop le suivre quand il a débarqué tout seul. Mais qui d'autre peut se targuer d'attirer à chaque album une nouvelle génération de fans ? Madonna peut-être... ;-)
jeudi 12 juin 2008
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