vendredi 30 octobre 2009

Concert : Lily Allen - Zénith

La dernière fois que j'avais vu Lily Allen, c'était aux Solidays, il y a 2 ans il me semble et sa prestation m'avait époustouflé. Je l'ai déjà raconté ici-même d'ailleurs : fumant des cigarettes et buvant du rosé sur scène et assurant malgré tout un super show.

Je ne connais pas grand chose de son nouvel album si ce n'est les deux ou trois singles mais ils me plaisent bien alors évidemment, l'envie d'aller la revoir sur scène était bien là.

En plus, je ne connaissais pas le Zénith donc ça tombait bien. En fait, cette salle n'est pas si grande que ça. A l'intérieur, on se croirait un peu au Dôme de Marseille. La fosse n'est pas immense et on est toujours assez près de la scène, ce qui est vraiment sympa. Malheureusement pour Lily, la salle était quand même loin d'être comble, de nombreux sièges étaient recouverts d'une grande toile parce que n'ayant pas trouvé preneur.

Mais peu importe, tant pis pour les autres. Le show a débuté avec une première partie vraiment bien choisie : Just Jack. Je l'avais raté à Rock en Seine en août dernier, me voilà ravi. L'ami Just Jack nous fait de l'électro pop mêlant parfois un peu de flow de hip-hop et de funk. C'est très agréable à écouter, parfois même dansant. Bref, cela a tout de suite mis le public dans l'ambiance.

Puis il y eut Princess Lily dans son décor de cabaret avec chandeliers immenses et escalier monumental. La belle était vêtue ou plutôt dévêtue. Elle n'avait sur elle qu'une espèce de robe où deux grandes lanières cachaient ses seins. Mais le reste de son buste était ouvert à tous les vents, un peu comme la robe de Kylie Minogue dans son fameux clip "Can't get you out of my head". C'est dire le délice visuel qui accompagnait le délice sonore !

La pauvre avait mal à la gorge et s'est donc excusée pour certains passages difficiles mais dans l'ensemble, elle a quand même assuré, même si on aura remarqué un léger soutien du playback. A part ça, elle a fait son show. Comme d'habitude, elle dégage une énorme sympathie. Entre chaque chanson, elle se marrait grassement, soit parce qu'elle se trompait dans la chanson à venir ou pour rien ! Puis elle s'est fumée cigarette sur cigarette jusqu'au bout du concert. Pas forcément très respectueux mais qu'importe, on lui excuse tout écart !

Concernant la playlist, c'était très bien. A vrai dire, je ne connaissais pas ou plus la majorité des chansons qu'elle a chanté mais ça passait très bien quand même. Le chanteur français Ours est venu sur scène pour un duo sur "22", le nouveau single de la Miss. Bon, sympa, mais les deux n'avaient pas l'air très coordonnés.

Lily Allen s'est également fendue de qques reprises dont des morceaux des Kooks, des Killers mais surtout le "Womanizer" de Britney Spears même si sa version ressemble quand même beaucoup à l'original. Pour finir, on a eu le droit au divin "Fuck You" qui a mis toute la salle en transe une dernière fois, Lily Allen distribuant des majeurs à tout le monde.

Au final, même si le show peut encore être mieux rôdé (c'était apparemment l'un des premiers d'une longue tournée européenne), le spectacle fut à la hauteur, on a pris bien du plaisir à voir cette trublionne de la British pop laisser aller sa bonne humeur sur scène. Elle a annoncé il y a qques semaines qu'elle voulait arrêter la musique, on la supplie de ne pas nous quitter !

samedi 17 octobre 2009

Ringo Starr - Beaucoups of Blues (1970)

Tous les ex-Beatles ont été relativement rapides à sortir leurs premiers albums solos. Ringo Starr n'échappe pas à la règle et même, il a été le plus rapide.

Après "Sentimental Journey" et ses reprises de vieux standards des années 1930 et 1940, le batteur se fait à nouveau plaisir avec un album entièrement dédié à la country, son autre dada musical. Il faut se souvenir que, déjà avec les Beatles, Ringo s'était attelé à chanter des morceaux lorgnant du côté de la country : "Act Naturally", "What goes on", "Don't pass me by"... Et cela lui allait comme un charme ! Sa voix, très particulière on le sait bien, s'accorde assez bien avec ce genre de musique.

Dans le livret de "Beaucoups of Blues", Ringo raconte à nouveau au Suédois Staffan Olander la genèse de son album. Le batteur indique que cet opus s'est fait un peu par accident. Il bossait sur le "All Things must pass" de George Harrison qui avait fait venir Pete Drake, un excellent joueur de steel-guitar de Nashville, qui avait collaboré avec Elvis Presley et Bob Dylan. Ringo a fait envoyer son chauffeur pour aller le chercher à l'aéroport et Pete Drake s'est émerveillé de la collection de disques country présents dans la voiture du batteur.

Ringo lui explique alors qu'il aimait cette musique depuis toujours puisqu'à Liverpool, qui était un port, il en avait beaucoup écouté. Le batteur savait que Pete Drake venait tout juste de travailler avec Dylan et lui demanda alors s'il était également possible d'enregistrer un album country avec lui. Pete Drake fut enthousiaste et invita Ringo à venir l'enregistrer à Nashville.

Le guitariste a alors demandé à des compositeurs country d'écrire des chansons pour Ringo. Tout était prêt quand l'ex-Beatles est venu les enregistrer aux Etats-Unis. La session dura à peine une semaine, avec des musiciens country réputés tels que Pete Drake évidemment mais aussi les fameux guitaristes Charlie Daniels, Dave Kirby, Chuck Howard, Sorrells Pickard, Jerry Reed, Jerry Shook, Jerry Kennedy, Ben Keith et même Ringo qui s'est essayé à la guitare acoustique. A la basse, on retrouve Roy Huskey Jr et Buddy Harman (qui est pourtant un batteur). Charlie McCoy joue de l'harmonica, George Richey, Grover Lavender et Jim Buchanan du violon. A la batterie, outre Ringo, il y a DJ Fontana. Tous ces noms sont très connus dans le milieu country et ont également participé à l'écriture des chansons.

Pour les voix, Ringo est doublé sur certains morceaux par la chanteuse country Jeannie Kendal et les Jordanaires, choristes d'Elvis Presley, rien que ça. Le tout a évidemment été produit par Pete Drake.

La pochette de l'album est sobre. On voit un Ringo, les cheveux coupés, une cigarette à la main, assis devant la porte d'une cabane en bois, l'air mélancolique, à l'image du titre de l'album, "Beaucoups of Blues".

Le livret est tout aussi austère avec les paroles des chansons et qques photos des sessions d'enregistrement. Mais passons donc à la revue titre par titre...

- "Beaucoups of Blues" (Rabin) : On commence avec la chanson qui a donné son titre à l'album. Rythme nonchalant, voix sobre presque de crooner, Ringo introduit son nouvel opus avec une jolie petite balade sur l'histoire d'un homme qui quitte sa Louisiane pour se rendre compte qu'elle lui manque terriblement, d'où le "beaucoups of blues"... Morceau assez court mais on rentre déjà dans le vif du sujet, une jolie mélodie, une belle orchestration et des choeurs très western. Du tout bon !

- "Love don't last long" (Howard) : Ecrite par l'un des guitaristes embauché par Pete Drake, cette chanson garde le registre de la jolie mélancolie. Le texte raconte trois histoires différentes, trois histoires d'amour qui se finissent mal, d'où le titre ("L'amour ne dure pas longtemps"). Dans la première, une jeune fille est rejetée de la maison par sa mère, et quand elle veut rejoindre le garçon qui l'aimait, il la rejette à son tour. Dans la deuxième, c'est plus trash, avec un jeune homme qui est arrêté par la police du Kentucky. Il demande à son père de payer sa caution. Ce dernier lui dit d'aller en enfer, et le jeune homme se pend dans sa cellule, laissant derrière lui un mot disant "Papa, ramène moi à la maison s'il te plaît". La troisième est tout aussi sanglante. Un homme, dont la femme lui répète tous les jours combien elle l'aime, rentre un jour chez lui et la surprend avec un autre homme. Il tue les deux amants avant de mettre fin à ses jours lui aussi... Très glauque mais Ringo nous conte cela avec une nonchalance mélodieuse à nouveau. Ce morceau fait encore très western et se termine par une outtro musicale du plus bel effet...

- "Fastest growing heartache in the West" (Kingston/Dycus) : Sortez les violons pour ce morceau qui a l'air tout de suite plus joyeux. Le rythme est légèrement plus élevé, soutenu par une belle steel-guitar et des choeurs divins. Le narrateur raconte comment il a ramené en Californie une jeune fille de la campagne et comment celle-ci a adopté un peu trop rapidement le mode de vie de l'Ouest américain. C'est un morceau encore assez court, Ringo ne change pas le ton de sa voix qui sied parfaitement à ce type de chanson.

- "Without her" (Pickard) : Un autre des guitaristes du band concocté par Pete Drake, Sorrells Pickard, a composé ce morceau. Musicalement, c'est encore remarquable. Pour les choeurs également, un peu plus forts que le chanteur quand ça monte dans les aigüs. Mais Ringo tient toujours la baraque, toujours aussi doux dans ses intonations, sans forcer. Il est ainsi parfait dans la peau de cet amoureux qui raconte combien sa belle lui manque...

- "Woman of the night" (Pickard) : Encore une histoire de femme signée Sorrells Pickard... Mais celle-ci est une prostituée dont le narrateur est amoureux et pis, il ne peut même pas se la payer ! Alors, dans ce morceau plutôt enjoué, il nous conte toute son admiration pour cette "femme de la nuit". L'orchestration est puissante, avec harmonica en plus, et batterie mise en avant. Un excellent morceau, dommage que le fade out coupe la chanson un peu brutalement sur la fin.

- "I'd be talking all the time" (Howard/Kingston) : La steel-guitar est à nouveau de sortie ici, pour un morceau à nouveau bien rythmé et plutôt joyeux. Le sens du texte n'est pas très clair cependant. Mais Ringo s'en donne à coeur joie, se lançant parfois dans des élans un peu perchés, mais à peu près bien maîtrisés et il est bien aidé par des choeurs impeccables, qui finissent la chanson sur une jolie coda.

- "$15 draw" (Pickard) : Encore Pickard à la baguette, mais pas d'histoire de filles cette fois. Le narrateur écrit une lettre à sa mère pour lui demander des nouvelles et lui apprendre qu'il a monté un groupe de musique et l'invite à venir l'écouter avec ses frères. C'est ainsi une chanson un peu plus longue que les autres, au rythme élevé, avec harmonica et de superbes parties de guitare, très techniques, encore plus appréciables dans le solo final où Ringo improvise qques borborygmes avec sa voix...

- "Wine, women and loudy happy songs" (Kingston) : Le titre parle pour lui-même ! Mais il s'agit en réalité d'une chanson mélancolique. Le narrateur a connu tout ça mais c'est désormais révolu et il se désespère de la misère dans laquelle il est tombé. Un morceau encore très western, avec une magnifique partie de steel-guitar, accompagnée de violons country.

- "I wouldn't have you any other way" (Howard) : Ringo prend sa plus belle voix de crooner pour interpréter cette douce chanson... Doublé par Jeannie Kendal et les Jordanaires, on l'imagine bien en costume, avec une fine moustache et une salle de club enfumée... Le drôle de texte est signé Chuck Howard à nouveau, à propos d'une femme un peu spéciale dont est amoureux le narrateur. Mais peu importe s'il ne comprend pas "la moitié de ce qu'elle fait", il l'aime comme elle est.

- "Loser's lounge" (Pierce) : On enchaîne avec une vraie mélodie country, bien pêchue, où la voix de Ringo colle à nouveau bien à l'ambiance. Musicalement, c'est encore splendide, la steel-guitar de Pete Drake fait des merveilles. La chanson parle d'un club, le "loser's lounge", où se retrouvent les âmes en perdition d'une ville inconnue. Le tout finit par un grand "Oh Yeah" du plus bel effet !

- "Waiting" (Howard) : Pete Drake sublime à nouveau ce morceau signé Chuck Howard de sa steel-guitar... Une chanson mélancolique à souhait où un Ringo amoureux fait part à sa belle qu'il sera toujours là pour elle... Le solo de violon, avec choeurs, est de toute beauté.

- "Silent Homecoming" (Pickard) : Et un dernier morceau de Sorrells Pickard pour clore l'album. Peut-être celui où la voix de Ringo est la moins assurée malheureusement. Il ne la contrôle plus tellement, notamment quand il part dans les aigüs. Mais c'est peut-être aussi le morceau le plus faible musicalement. Le texte est intéressant en revanche, sur une femme qui attend que son homme rentre de la guerre mais qui se demande s'il a changé après une épreuve aussi terrible. La fin est pas mal mais Ringo ne sait plus trop quoi chanter alors il fait des "no, no" un peu incongrus.

- "Coochy Coochy"* (Starkey) : Deux morceaux en bonus sur la réédition de cet album. Le premier est une composition anecdotique de Ringo Starr, paru en face B de l'unique single sorti avec cet album, la face A étant "Beaucoups of Blues". Cela ressemble déjà beaucoup plus à du Ringo Starr dans l'écriture ! Les paroles sont très simples, le narrateur a beaucoup voyagé et recherche son "coochy coochy"... Je ne sais pas ce que c'est... Musicalement, c'est très enjoué avec un gros solo de violons et de guitares. Le tout est finalement un grand jam qui n'a pas de grand intérêt et démontre que Ringo n'est à son top que quand ON lui écrit des morceaux !

- "Nashville Jam"* (Daniels/Kirby/Pickard/Reed/Shook/Kennedy/Drake/Keith/Huskey Jr/Harman/McCoy/Richey/Lavender/Buchanan/Fontana/Starkey) : Ce morceau là ne figurait nulle part avant la réédition de cet album. Il s'agit simplement d'un boeuf de plus de 6 minutes réunissant tous les musiciens de l'album, à la manière des jams du "All things must pass" de George Harrison. Chacun y va de sa partie de guitare et de violon, mélangeant le blues et la country.

Ce qu'on peut dire de "Beaucoups of Blues", c'est déjà qu'une nouvelle fois, Ringo s'en sort très bien. Il a choisi un registre musical, la country, qui lui va comme un gant, et il n'y quasiment aucune fausse note à déplorer.

Superbement entouré musicalement, sa voix s'accorde parfaitement avec l'ambiance de chaque morceau. Même si l'album reste très homogène parce que, quand même, la country, ça tourne un peu en rond, le résultat est tout à fait convainquant. Evidemment, le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous et Ringo préféra se tourner vers le cinéma mais au moins il s'est à nouveau fait plaisir et cela s'entend.

Il a pu compter sur un allié de poids, Pete Drake qui, avec ses musiciens, ont vraiment fait un boulot formidable. On apprécie également les textes des chansons, souvent tristes mais qui sont empreints d'un réalisme qu'on ne trouve guère que dans ce type de musique. Cette ambiance western devrait ravir les amateurs du genre...

Pour un deuxième album solo, c'est donc à nouveau une réussite pour Ringo qui reviendra plus tard à un genre qu'il connaît mieux, la pop, mais qu'il ne maîtrise peut-être pas aussi bien que la country. Dommage qu'il n'ait pas tenté de percer dans cette voie.

Les morceaux à retenir : "Beaucoups of Blues", "Love don't last long", "Woman of the night", "$15 draw", "Loser's lounge".