Honnêtement, je n'aurais jamais cru revoir Paul McCartney en concert (je me dis cela à chaque fois que je le vois, c'est vrai). Mais là, vivant à Rio, c'est devenu bien plus compliqué car il n'y vient pas autant qu'en Europe et encore moins qu'aux Etats-Unis.
Il est venu pourtant il y a quelques mois et les places sont parties en quelques minutes, un problème de carte bancaire m'empêchant de prendre part à la fête. Bref, pour la première fois, il était en ville et je l'ai manqué. Tristesse.
Puis, pour mon premier retour en France depuis deux ans, il se trouve qu'il passait par là aussi ! Incroyable... Je ne pouvais pas le rater cette fois, mais j'avais déjà beaucoup plus d'espoir, sachant que les Français ne se ruent pas pour le voir comme ailleurs. Cela fait de la peine à beaucoup de fans hexagonaux, mais je trouve le côté positif aussi : tout le monde est certain d'avoir sa place. Au départ, j'aurais voulu aller le voir à Marseille car c'était original et dans le "nouveau" stade Vélodrome. Finalement, mon emploi du temps a été perturbé et j'ai dû me rabattre sur le Stade de France que je connais bien déjà. C'était toutefois la première fois que je voyais l'ex-Beatles dans ce lieu, ayant raté sa dernière là-même en 2004 (seule fois où je l'ai raté à Paris depuis 2003).
J'avoue que le voir en stade ne m'enchantait pas beaucoup (je déteste les concerts en stade, ça n'a aucun intérêt autre que financier pour l'artiste, on voit rien en dehors des écrans géants et le son est pourri). Et comme lors des deux derniers Bercy, il y a ce côté blasé qui est désormais en moi, surtout depuis la toute première fois forcément forte en émotion et le concert indépassable à l'Olympia.
C'est de ma faute, oui, mais un peu de la sienne aussi car, il faut bien le dire, il ne se renouvelle pas beaucoup (mais il assume, c'est ce que veut le "grand" public, ignorant les fans un peu pointus comme moi). La "première partie" est toujours la même depuis plus de dix ans maintenant : un pot pourri de chansons des Beatles (y compris des reprises) et de Paul McCartney en solo avec des montages de photos qui défilent sur les écrans. Là, il y avait quand même un DJ au début jouant avec des remix, mais rien de très différent de la suite.
Son groupe est aussi toujours le même. Musicalement, c'est globalement propre et fidèle (sauf les solos qui ne sont pas terribles), avec un excellent batteur, mais les années passent et remplacer des cuivres et des cordes par des synthés me navre toujours plus... Sir Paul est dans la reproduction plutôt que l'adaptation, mais refuse de se payer un vrai orchestre (ne serait qu'une section cuivres comme avec les Wings, époque où il était pourtant moins riche).
La set-list et la mise en scène n'évoluent elles pas beaucoup non plus dans les grandes lignes (Ah le "Michelle" joué constamment pour le public français, les quelques mesures de "Foxy Lady" pour Jimi Hendrix, la même anecdote suivi de "Something" au ukulélé pour George, le "Here Today" pour John, les feux d'artifice de "Live and let die", la fan à pancarte qui monte sur scène, le drapeau français et les confettis). Mais c'est moins répréhensible car il nous gâte à chaque fois de quelques petites nouveautés surprenantes : ici "Temporary Secretary". Je n'avais aussi jamais entendu sur scène les chansons de son dernier album ainsi que "Hope for the future", composée pour un jeu vidéo.
Ai-je passé un mauvais moment pour autant ? Non, parce que même si j'étais en tribune (assis, un peu mieux que prévu dû au fait qu'il a été loin de remplir le stade, trop ambitieux), j'ai suivi le concert avec une nouvelle personne chère à mon coeur et puis parce qu'avec le temps, j'y vais plus décontracté, moins crispé à mon téléphone pour enregistrer le moindre moment inédit, savourant plus quoi, tranquillement, avec presque un ami. Oui, quand il joue mon morceau préféré des Wings, "Nineteen hundred eighty five", j'ai l'impression que c'est pour moi seul et c'est un très grand moment.
Je retiendrai aussi, encore et toujours, une grande générosité - 3h de concert malgré son grand âge, cet effort des quelques mots en français -, et une bonne humeur communicative. Certes, il y a moins de magie pour lui comme pour moi, mais il y a toujours une part de plaisir intact et un fait : je l'ai vu, cinq fois désormais, et je ne verrai pas mieux. Thank you Paul.
vendredi 10 juillet 2015
dimanche 1 mars 2015
Concert : Ringo Starr - Vivo Rio
Je ne pensais pas revoir Ringo Starr de ma vie, mais entre quelques concerts toujours aux Etats-Unis, l'ancien batteur des Beatles a pris la peine de faire un crochet par l'Amérique du Sud dont le Brésil, avec des dates à São Paulo et Rio.
Une belle aubaine pour moi sachant que j'ai raté, avec beaucoup de déception, la venue de Paul McCartney à Rio il y a quelques mois, faute de moyens financiers - même si Ringo n'était pas donné non plus -. Il s'agissait donc de mon deuxième concert du batteur, quatre ans après celui que j'avais vu à Paris et que j'avais conté ici-même.
Parlons d'abord du lieu du concert. Le Vivo Rio est une salle moyenne (4.000 places) se situant en plein centre de la ville, accolé au MAM. Elle n'est pas vraiment adaptée pour un concert de rock car son rez-de-chaussée contient une double fosse (pour être devant la scène, on paye plus cher) et juste derrière une large partie avec tables et chaises, en mode cabaret. Une mezzanine accueille les plus fortunés. Le Brésil ne semble pas très accoutumé aux premières parties - mais les concerts commencent tard en général, à 22h -, donc il n'y en a pas eu cette fois-ci, mais ce n'est pas plus mal vu celle entendue à Paris, la pire que j'ai jamais pu voir en concert.
Côté groupe, quatre ans après, le All-Starr Band de Ringo a pas mal changé. On retrouve toujours son acolyte de batterie, Gregg Bissonnette (Toto, Joe Satriani), en poste depuis 2008, et Richard Page (Mr Mister) à la basse, en poste depuis 2010. Exit en revanche Rick Derringer, Wally Palmar, Edgar Winter et Gary Wright. Bienvenue à Todd Rundgren (Nazz, Utopia et producteur de Badfinger à Patti Smith en passant par le New York Dolls et Meat Loaf) à la guitare, Gregg Rolie (membre fondateur de Santana, Journey, The Storm) aux claviers, Steve Lukather (Toto, et qui a joué pour les plus grands, de Paul McCartney à Ringo Starr en passant par Joe Cocker, etc.) à la guitare lead et le moins connu Warren Ham (qui a notamment joué pour Toto, Donna Summer et Frankie Valli) aux cuivres et percussions.
Comme à chaque concert, Ringo a une majorité de chansons, mais laisse ses compagnons de tournée chanter eux aussi leurs plus grands succès. Plutôt une meilleure pioche cette année qu'il y a quatre ans parce qu'on a eu le droit à trois grands succès de Toto ("Rosanna", "Africa" et "Hold the line"), Todd Rundgren ("I saw the light", "Bang the drum all day" et "Love is the answer"), Santana ("Evil ways", "Black Magic woman", sur lequel Ringo n'a pas joué, et "Oye como va") et Mr Mister ("Kyrie" et "Broken wings"). Richard Page a également interprété une chanson à lui récente, "You are mine", très bien aussi. De son côté, Ringo Starr n'a malheureusement quasiment pas changé sa setlist d'un iota en ce qui concerne ses "hits", avec peut-être l'ajout de "Matchbox" en ouverture et "Don't pass me by", sinon nous avons eu le droit une fois de plus à "It don't come easy", "Boys", "Honey don't", "Yellow Submarine", "Act Naturally", "I wanna be your man", "Photograph" et "With a little help from my friends". Je fais pas la fine bouche, j'adore la plupart de ces chansons, mais une petite surprise à la "Octopus' Garden", "Wrack my brain" ou encore "I'm the greatest" m'aurait aussi bien plu. Les deux morceaux récents et moins connus qu'il a ajoutés sont "Wings" (à l'origine sur son album "Ringo the 4th", mais réenregistrée pour "Ringo 2012") et "Anthem", également de "Ringo 2012", son dernier album avant celui qui vient de sortir, "Postcards from paradise", mais dont il n'a offert aucune chanson. Les deux sont oubliables. Notons aussi la fin, encore une fois, avec "Give peace a chance" présenté comme une sorte de rappel pour Ringo qui n'y éternise pas pour autant, ne saluant donc pas le public avec le reste de son All-Starr Band.
Ce dernier m'a semblé ainsi plus solide que le précédent que j'avais pu voir. Techniquement, c'était vraiment excellent. Si Ringo est en mode pépère derrière ses fûts, Gregg Bissonnette ne ménage pas ses efforts et est vraiment LE batteur du groupe. J'ai aussi pu découvrir la virtuosité de Steve Lukather à la guitare, vraiment l'un des meilleurs au monde sans aucun doute, dans tous les registres proposés. Et puis mention spéciale aussi à Warren Ham qui, s'il est moins célèbre que les autres membres, a donné toute la mesure de son talent sur plusieurs instruments, notamment les cuivres, et aussi au chant, tout comme Richard Page, qui a gardé une très belle voix. On ne peut pas en dire autant de Todd Rundgren à la voix déraillée, mais compensée par son look de vieux hippie excentrique et sa folie douce tout au long du show, presque à part des autres. Ringo, lui, conserve sa voix nasillarde si particulière qui ne s'altère pas tellement avec le temps.
L'autre bonheur de ses concerts, ce sont ses blagues, même si je l'ai trouvé plutôt réservé cette fois-ci par rapport à la dernière fois. Il semblait ressasser les mêmes bons mots qu'à chaque concert, qui font, il est vrai, parfois de bonnes transitions entre les chansons. En tout cas, Ringo conserve sa verve ironique et cela fait un bon contrepoids à ses mimiques "Peace and love" désormais automatiques et, même si sincères, un peu ringardes. Comme quand Paul McCartney fait de l'air guitar pour saluer ses fans.
Enfin, un point sur le public. Sage à Paris, les fauteuils aidant, je l'attendais bien plus chaud à Rio - le public brésilien est connu pour être l'un des meilleurs au monde -. Certes, il n'était bien entendu pas de toute fraîcheur, il y avait de tous les âges, mais il a été bien, sans plus. Enfin peut-être que mes attentes étaient trop grandes, ce n'était "que" Ringo. Mais ce dernier a déchaîné les passions le concert suivant en Argentine. Alors... En tout cas, on n'a pas été épargné non plus par les applaudissements polis et les silences ce soir-là.
Au final, ne boudons pas notre plaisir, ce fut déjà un meilleur concert que le précédent selon moi, avec d'excellents musiciens, des morceaux sympas et une chouette ambiance. A la prochaine Ringo ?
Une belle aubaine pour moi sachant que j'ai raté, avec beaucoup de déception, la venue de Paul McCartney à Rio il y a quelques mois, faute de moyens financiers - même si Ringo n'était pas donné non plus -. Il s'agissait donc de mon deuxième concert du batteur, quatre ans après celui que j'avais vu à Paris et que j'avais conté ici-même.
Parlons d'abord du lieu du concert. Le Vivo Rio est une salle moyenne (4.000 places) se situant en plein centre de la ville, accolé au MAM. Elle n'est pas vraiment adaptée pour un concert de rock car son rez-de-chaussée contient une double fosse (pour être devant la scène, on paye plus cher) et juste derrière une large partie avec tables et chaises, en mode cabaret. Une mezzanine accueille les plus fortunés. Le Brésil ne semble pas très accoutumé aux premières parties - mais les concerts commencent tard en général, à 22h -, donc il n'y en a pas eu cette fois-ci, mais ce n'est pas plus mal vu celle entendue à Paris, la pire que j'ai jamais pu voir en concert.
Côté groupe, quatre ans après, le All-Starr Band de Ringo a pas mal changé. On retrouve toujours son acolyte de batterie, Gregg Bissonnette (Toto, Joe Satriani), en poste depuis 2008, et Richard Page (Mr Mister) à la basse, en poste depuis 2010. Exit en revanche Rick Derringer, Wally Palmar, Edgar Winter et Gary Wright. Bienvenue à Todd Rundgren (Nazz, Utopia et producteur de Badfinger à Patti Smith en passant par le New York Dolls et Meat Loaf) à la guitare, Gregg Rolie (membre fondateur de Santana, Journey, The Storm) aux claviers, Steve Lukather (Toto, et qui a joué pour les plus grands, de Paul McCartney à Ringo Starr en passant par Joe Cocker, etc.) à la guitare lead et le moins connu Warren Ham (qui a notamment joué pour Toto, Donna Summer et Frankie Valli) aux cuivres et percussions.
Comme à chaque concert, Ringo a une majorité de chansons, mais laisse ses compagnons de tournée chanter eux aussi leurs plus grands succès. Plutôt une meilleure pioche cette année qu'il y a quatre ans parce qu'on a eu le droit à trois grands succès de Toto ("Rosanna", "Africa" et "Hold the line"), Todd Rundgren ("I saw the light", "Bang the drum all day" et "Love is the answer"), Santana ("Evil ways", "Black Magic woman", sur lequel Ringo n'a pas joué, et "Oye como va") et Mr Mister ("Kyrie" et "Broken wings"). Richard Page a également interprété une chanson à lui récente, "You are mine", très bien aussi. De son côté, Ringo Starr n'a malheureusement quasiment pas changé sa setlist d'un iota en ce qui concerne ses "hits", avec peut-être l'ajout de "Matchbox" en ouverture et "Don't pass me by", sinon nous avons eu le droit une fois de plus à "It don't come easy", "Boys", "Honey don't", "Yellow Submarine", "Act Naturally", "I wanna be your man", "Photograph" et "With a little help from my friends". Je fais pas la fine bouche, j'adore la plupart de ces chansons, mais une petite surprise à la "Octopus' Garden", "Wrack my brain" ou encore "I'm the greatest" m'aurait aussi bien plu. Les deux morceaux récents et moins connus qu'il a ajoutés sont "Wings" (à l'origine sur son album "Ringo the 4th", mais réenregistrée pour "Ringo 2012") et "Anthem", également de "Ringo 2012", son dernier album avant celui qui vient de sortir, "Postcards from paradise", mais dont il n'a offert aucune chanson. Les deux sont oubliables. Notons aussi la fin, encore une fois, avec "Give peace a chance" présenté comme une sorte de rappel pour Ringo qui n'y éternise pas pour autant, ne saluant donc pas le public avec le reste de son All-Starr Band.
Ce dernier m'a semblé ainsi plus solide que le précédent que j'avais pu voir. Techniquement, c'était vraiment excellent. Si Ringo est en mode pépère derrière ses fûts, Gregg Bissonnette ne ménage pas ses efforts et est vraiment LE batteur du groupe. J'ai aussi pu découvrir la virtuosité de Steve Lukather à la guitare, vraiment l'un des meilleurs au monde sans aucun doute, dans tous les registres proposés. Et puis mention spéciale aussi à Warren Ham qui, s'il est moins célèbre que les autres membres, a donné toute la mesure de son talent sur plusieurs instruments, notamment les cuivres, et aussi au chant, tout comme Richard Page, qui a gardé une très belle voix. On ne peut pas en dire autant de Todd Rundgren à la voix déraillée, mais compensée par son look de vieux hippie excentrique et sa folie douce tout au long du show, presque à part des autres. Ringo, lui, conserve sa voix nasillarde si particulière qui ne s'altère pas tellement avec le temps.
L'autre bonheur de ses concerts, ce sont ses blagues, même si je l'ai trouvé plutôt réservé cette fois-ci par rapport à la dernière fois. Il semblait ressasser les mêmes bons mots qu'à chaque concert, qui font, il est vrai, parfois de bonnes transitions entre les chansons. En tout cas, Ringo conserve sa verve ironique et cela fait un bon contrepoids à ses mimiques "Peace and love" désormais automatiques et, même si sincères, un peu ringardes. Comme quand Paul McCartney fait de l'air guitar pour saluer ses fans.
Enfin, un point sur le public. Sage à Paris, les fauteuils aidant, je l'attendais bien plus chaud à Rio - le public brésilien est connu pour être l'un des meilleurs au monde -. Certes, il n'était bien entendu pas de toute fraîcheur, il y avait de tous les âges, mais il a été bien, sans plus. Enfin peut-être que mes attentes étaient trop grandes, ce n'était "que" Ringo. Mais ce dernier a déchaîné les passions le concert suivant en Argentine. Alors... En tout cas, on n'a pas été épargné non plus par les applaudissements polis et les silences ce soir-là.
Au final, ne boudons pas notre plaisir, ce fut déjà un meilleur concert que le précédent selon moi, avec d'excellents musiciens, des morceaux sympas et une chouette ambiance. A la prochaine Ringo ?
Inscription à :
Articles (Atom)