vendredi 10 juillet 2015

Concert : Paul McCartney - Stade de France

Honnêtement, je n'aurais jamais cru revoir Paul McCartney en concert (je me dis cela à chaque fois que je le vois, c'est vrai). Mais là, vivant à Rio, c'est devenu bien plus compliqué car il n'y vient pas autant qu'en Europe et encore moins qu'aux Etats-Unis.

Il est venu pourtant il y a quelques mois et les places sont parties en quelques minutes, un problème de carte bancaire m'empêchant de prendre part à la fête. Bref, pour la première fois, il était en ville et je l'ai manqué. Tristesse.

Puis, pour mon premier retour en France depuis deux ans, il se trouve qu'il passait par là aussi ! Incroyable... Je ne pouvais pas le rater cette fois, mais j'avais déjà beaucoup plus d'espoir, sachant que les Français ne se ruent pas pour le voir comme ailleurs. Cela fait de la peine à beaucoup de fans hexagonaux, mais je trouve le côté positif aussi : tout le monde est certain d'avoir sa place. Au départ, j'aurais voulu aller le voir à Marseille car c'était original et dans le "nouveau" stade Vélodrome. Finalement, mon emploi du temps a été perturbé et j'ai dû me rabattre sur le Stade de France que je connais bien déjà. C'était toutefois la première fois que je voyais l'ex-Beatles dans ce lieu, ayant raté sa dernière là-même en 2004 (seule fois où je l'ai raté à Paris depuis 2003).

J'avoue que le voir en stade ne m'enchantait pas beaucoup (je déteste les concerts en stade, ça n'a aucun intérêt autre que financier pour l'artiste, on voit rien en dehors des écrans géants et le son est pourri). Et comme lors des deux derniers Bercy, il y a ce côté blasé qui est désormais en moi, surtout depuis la toute première fois forcément forte en émotion et le concert indépassable à l'Olympia.

C'est de ma faute, oui, mais un peu de la sienne aussi car, il faut bien le dire, il ne se renouvelle pas beaucoup (mais il assume, c'est ce que veut le "grand" public, ignorant les fans un peu pointus comme moi). La "première partie" est toujours la même depuis plus de dix ans maintenant : un pot pourri de chansons des Beatles (y compris des reprises) et de Paul McCartney en solo avec des montages de photos qui défilent sur les écrans. Là, il y avait quand même un DJ au début jouant avec des remix, mais rien de très différent de la suite.

Son groupe est aussi toujours le même. Musicalement, c'est globalement propre et fidèle (sauf les solos qui ne sont pas terribles), avec un excellent batteur, mais les années passent et remplacer des cuivres et des cordes par des synthés me navre toujours plus... Sir Paul est dans la reproduction plutôt que l'adaptation, mais refuse de se payer un vrai orchestre (ne serait qu'une section cuivres comme avec les Wings, époque où il était pourtant moins riche).

La set-list et la mise en scène n'évoluent elles pas beaucoup non plus dans les grandes lignes (Ah le "Michelle" joué constamment pour le public français, les quelques mesures de "Foxy Lady" pour Jimi Hendrix, la même anecdote suivi de "Something" au ukulélé pour George, le "Here Today" pour John, les feux d'artifice de "Live and let die", la fan à pancarte qui monte sur scène, le drapeau français et les confettis). Mais c'est moins répréhensible car il nous gâte à chaque fois de quelques petites nouveautés surprenantes : ici "Temporary Secretary". Je n'avais aussi jamais entendu sur scène les chansons de son dernier album ainsi que "Hope for the future", composée pour un jeu vidéo.

Ai-je passé un mauvais moment pour autant ? Non, parce que même si j'étais en tribune (assis, un peu mieux que prévu dû au fait qu'il a été loin de remplir le stade, trop ambitieux), j'ai suivi le concert avec une nouvelle personne chère à mon coeur et puis parce qu'avec le temps, j'y vais plus décontracté, moins crispé à mon téléphone pour enregistrer le moindre moment inédit, savourant plus quoi, tranquillement, avec presque un ami. Oui, quand il joue mon morceau préféré des Wings, "Nineteen hundred eighty five", j'ai l'impression que c'est pour moi seul et c'est un très grand moment.

Je retiendrai aussi, encore et toujours, une grande générosité - 3h de concert malgré son grand âge, cet effort des quelques mots en français -, et une bonne humeur communicative. Certes, il y a moins de magie pour lui comme pour moi, mais il y a toujours une part de plaisir intact et un fait : je l'ai vu, cinq fois désormais, et je ne verrai pas mieux. Thank you Paul.