mercredi 3 avril 2019

Concert : Paul McCartney - Estádio Couto Pereira

Moins de deux ans après être passé au Brésil, Paul McCartney était de retour la semaine dernière pour y terminer un mini-tour sud-américain dans le cadre de son "Freshen Up Tour". Comme il a encore rechigné à venir me voir à Rio, c'est cette fois à Curitiba que j'ai voyagé, accompagné, pour l'applaudir une 7e fois.

Il s'agissait de sa dernière date sur le continent après être passé par le Chili, l'Argentine et lors de deux soirées à São Paulo (qui était plus près pour moi, mais, là encore, complet trop rapidement). Pas de mal, je connaissais Curitiba et j'aime plutôt bien cette ville. Sir Paul y était également déjà venu, mais en 1993, une éternité !

Si, comme vous avez déjà pu le lire ici même, une certaine lassitude s'est installée en moi à chacun de ses concerts malgré mon fanatisme, là, il s'est passé quelque chose de particulier et je l'affirme tout de go, je placerais ce concert de Curitiba sur mon podium de mes préférés de l'ex-Beatles. Je m'en explique.

Déjà, il y avait un retour en fosse. Alors, certes, assez loin puisque, d'une part, la zone la plus proche est désormais considérée comme VIP et il faut payer une fortune pour y être (proprement scandaleux, mais c'est le nouveau business des concerts), et d'autre part je suis pas franchement arrivé très tôt. Puis quelle idée aussi désormais de placer ces énormes tentes de régie technique au beau milieu de la fosse, la coupant en deux et forçant les gens à s'agglutiner sur les côtés. Habile, j'avais choisi le côté droit car c'est de ce côté-ci de la scène que Paul joue du piano. En termes de visibilité, j'étais donc pas mal, voyant la scène pas trop mal de loin (sauf à la première chanson où tout le monde a braqué son téléphone portable) et avec un écran géant pour compléter.

Après mes deux derniers concerts de Paul en tribune, c'est vraiment autre chose de revenir au milieu de la foule, de danser, chanter et communier dans cette belle ambiance brésilienne, avec là encore diverses générations et même plutôt plus de jeunes que de vieux. J'ai tout de même eu l'impression de moins la ressentir qu'à Belo Horizonte, peut-être en raison de mon positionnement, mais a priori, elle était très bonne.

Ensuite, autre élément qui a changé je pense, j'ai fini par m'habituer à sa voix fatiguée par le temps. Autant elle me piquait les oreilles sur pas mal de chansons les dernières fois, autant là, c'est très bien passé, même sur les passages les plus délicats de "Maybe I'm Amazed" par exemple. Dans le même ordre d'idée, le son m'a paru excellent. Là encore, sans doute par ma localisation "centrale", car en tribune, on n'a qu'un côté.

Mais surtout, la révolution, pour moi, c'est l'arrivée de son trio de cuivres sur scène. Depuis que je vois Paul McCartney sur scène, je me plains de l'usage abusif des synthés de Wix pour remplacer cuivres et cordes dans une tentation de vouloir reproduire fidèlement les morceaux sur scène. Or, cela donne un son artificiel de karaoké. Et là, après toutes ces années avec le même groupe et le même schéma, "Macca" a consenti faire appel pour cette tournée à ces trois chouettes musiciens et donner un punch incroyable à la plupart des morceaux de sa set-list. Certes, cette dernière est immuable et on a constamment le droit aux mêmes chansons des Beatles et des Wings - aucune nouveauté pour moi cette fois-ci il me semble, "From me to you" peut-être -, mais ajoutez-y de vrais cuivres et ce n'est plus du tout la même histoire ! En plus, ils sont arrivés assez rapidement, sur le morceau sur lequel ils claquent le plus, selon moi : "Letting go". En plus, ils étaient placés, pour ce morceau seulement, au niveau de la régie technique, au milieu de la fosse, donc cela donnait un dialogue musical en face à face entre le groupe sur scène et eux, splendide ! De retour sur scène, ils étaient présents à chaque chanson comportant des cuivres donc, avec toujours une petite chorégraphie appropriée, c'était génial.

Pour évoquer la set-list, elle m'a aussi plu car j'ai fini par me laisser (rapidement) convaincre par les chansons de son dernier album, "Egypt Station", que je préfère à "New". S'il en joue trois pour les autres pays, il a gratifié l'Amérique du Sud et en particulier le Brésil de l'ajout de "Back in Brazil", forcément, qui devrait être amené à devenir, pour le public brésilien, le "Michelle" qui est réservé à la France. Quatre morceaux de son dernier album dans la set-list, c'est aussi du jamais vu depuis très longtemps je crois.

Enfin, il faut savoir que nous vivons actuellement un contexte particulier au Brésil avec l'extrême droite au pouvoir et quel bonheur de voir le public crier "Ele não" ("Pas lui", cri anti-Bolsonaro) à l'issue de "Blackbird", dédié aux droits de l'homme, que Paul a gentiment accompagné à la guitare. Sans oublier l'ironie de voir ce même public chanter avec allégresse "Back in the USSR" alors que le pouvoir hurle sa haine de la gauche et du communisme toutes les cinq minutes, et enfin, voir débarquer comme de coutume avant le rappel sur scène, avec encore plus de symbolique ici, le drapeau LGBT (accompagnant les drapeaux britannique et brésilien) dans l'un des pays qui tue le plus de personnes LGBT au monde.

En résumé, malgré tous les éléments classiques et parfois redondants des concerts actuels de Paul McCartney (la set-list, la première partie, les annonces de chanson, les anecdotes, les blagues...), celui-ci est vraiment apparu spécial pour moi, j'ai ressenti quelque chose de fort, les larmes ont coulé à certains moments... et à la question rituelle de conclusion, "Sera-ce le dernier ?", j'ai envie de répondre : non !