C'est la première fois que je me rendais, en avril dernier, au Cully Jazz, situé, comme son nom l'indique, dans le petit village de Cully, au bord du lac Léman.
C'était déjà la 41e édition d'un festival qui tient bien le coup et surtout, contrairement à son grand voisin du Montreux Jazz, maintient avec les années sa ligne de ne proposer que du jazz ou assimilé.
Comme à Montreux, ce n'est pas un festival "fermé". Le village est investi par l'événement et certains lieux sont gratuits, d'autres non. Les concerts payants principaux se déroulent sous un grand chapiteau planté sur l'esplanade qui borde le lac.
On n'y est pas très bien installé mais l'ambiance est plutôt intimiste, et les sièges sont libres avec un prix encore abordable.
La soirée à laquelle j'ai assisté a été assez particulière je dois dire, principalement en raison d'une "première" partie qui n'en était pas vraiment une. Elle était assurée par une "création RTS". Chaque année, la RTS propose donc une formation différente et unique. Ce soir-là, nous avons eu droit à "BAD", soit l'acronyme des trois musiciens de jazz réunis pour la première fois : Samuel Blaser (trombone), Pascal Auberson (voix, piano et percussion) et Marc Ducret (basse).
Au final, le concert a duré près d'une heure et demie, peut-être même plus que le suivant, et cela a été particulièrement long et difficilement digérable pour une partie du public. C'était du jazz hautement expérimental, où chaque musicien semblait jouer une partition différente, et par-dessus, Pascal Auberson déclamait des vers, chantait, hurlait... Au point que certains spectateurs se sont mis à l'invectiver jusqu'à le prier de mettre un terme à son show : "Dégage", "Casse toi", etc. J'ai jamais vu ça lors d'un concert. Et quand le spectacle s'est finalement terminé, le chanteur lausannois n'a pas hésité à répondre aux plus virulents en les provoquant : "Vous avez payé pour ça", "Maintenant nous allons fermer les portes de la salle et vous allez réentendre ce que nous venons de jouer sans pouvoir sortir".
Personnellement, je n'ai pas du tout aimé non plus, d'autant plus que c'était vraiment trop long, mais je pense que l'on doit respecter les musiciens sur scène. Surtout qu'il ne s'agissait pas d'amateurs non plus, loin de là.
Heureusement, il n'a pas fallu attendre trop longtemps pour que la scène soit préparée pour Kyle Eastwood et son groupe, composé notamment au piano d'Eric Legnini, que j'avais déjà vu jadis et que j'avais bien apprécié.
Je ne connais pas bien la carrière musicale du fils de Clint Eastwood, mais je sais que c'est un musicien (contrebassiste) respecté et il dégage, comme son père, une sacrée classe. Et ici, au-delà de ma curiosité, il reprenait quelques-unes des plus fameuses bandes originales des films de son père, certaines qu'il a cocomposées, avec une touche jazzy donc. Un album avec ces morceaux est sorti l'an dernier.
Durant une heure environ, le quintet, vraiment composé de pointures, nous a ébloui : Legnini au piano, classique et électrique, donc, Eastwood à la contrebasse et basse, ainsi que deux musiciens aux cuivres et un jeune batteur talentueux. Entre chaque morceau, le leader californien contait quelques mots à propos du suivant.
L'atmosphère était nettement plus chaleureuse et Kyle Eastwood a parfaitement arrangé ces bandes originales, classiques ou excentriques pour celles d'Ennio Morricone, pour en faire des compositions de jazz originales et captivantes. Evidemment, un grand plaisir que d'entendre le final avec "The Good, the Bad and the Ugly".
Pour finir, la taille humaine du Cully Jazz a permis au public de pouvoir se faire dédicacer le dernier album de Kyle Eastwood juste après le concert. Ce que je n'ai pas manqué de faire. Gran Kyle.