jeudi 24 janvier 2008

George Harrison - All Things Must Pass (1970)

Souvent, quand on pense aux Beatles, on pense à un groupe, à une union commune de quatre talents. Quand on les connaît un peu mieux, on s'aperçoit que cela va plus loin et surtout que l'on a bien quatre individualités bien distinctes, notamment dans leur manière d'aborder la musique.

En 1970, les Beatles se séparent officiellement. Mais il ne faut pas croire que cela n'a pas mis longtemps à mijoter. Pour le public, ce fut une totale surprise, pas pour eux qui avaient déjà tourné la page. Avant même que la rupture soit officielle, chacun avait plus ou moins publié des oeuvres en solo, mais pour la plupart, expérimentales.

Une fois le groupe éclaté, ils purent enfin se libérer et mettre en activité toutes leurs idées personnelles, exposer ce dont ils étaient capable en solo. Bien entendu, on parlera de chacune de leurs oeuvres solos donc je ne vais pas m'attacher ici à parler des premiers albums de John, Paul et Ringo.

Comme ses petits camarades, George Harrison sortit immédiatement son premier album solo, ou plutôt son "triple" album puisqu'il y avait trois disques à l'intérieur, ce qui était plutôt rare à l'époque. Il avait en effet beaucoup de choses à proposer au public. George a toujours été à une place particulière au sein des Beatles. Au départ, il était le lead guitarist, plus doué que les deux autres et on comptait surtout sur lui pour jouer les solos. Il chantait, parfois, mais ses premières compositions n'avaient pas vraiment le droit de citer. Il s'est émancipé au fur et à mesure, livrant qques unes des plus belles chansons des Beatles mais sur ces qques unes publiées, combien en avait-il écrites ?

"All Things Must Pass" est en gros un recueil de toutes les chansons rejetées par les Beatles... et ça en fait un paquet ! C'est un peu exagéré de le présenter comme ça mais une bonne majorité ont été écrites et préparées alors que George était encore parmi ses camarades. A la sortie de l'album, il avoua que cet album est un peu le résultat de la libération d'une personne constipée !

Et c'est un très bel album, classique parmi les classiques, que beaucoup considèrent comme son meilleur album en solo. C'est sans doute vrai, parce que Harrison y affiche une véritable maturité, un affranchissement qui prouve au monde entier toutes ses qualités, démontrant qu'il ne devait rien à personne.

L'ambiance de cet album est assez bien illustrée par sa pochette. On y voit un George aux cheveux longs, avec une longue barbe, un chapeau, des bottes, assis sur un tabouret, au milieu d'une pelouse qui devance une forêt. Autour de lui, d'énormes nains de jardin en position allongée sur le sol. Sur la pochette originale, le tout était de couleur sépia, c'est-à-dire très marronée avec du blanc pour le ciel, donc assez moche. ça ne payait pas de mine. La réédition de l'album, agrémentée de bonus, que nous dévoilerons ici, a été heureusement complètement recolorée, redonnant une belle fraîcheur à cette pochette tout de même très particulière. Ainsi, cela reflète l'image de l'album, l'image d'une certaine solitude et mélancolie mais englobée d'une sorte de sérénité mystique.

Pour le livret intérieur de cette jolie boîte, Harrison a voulu ajouter sa propre pensée du monde contemporain en plaçant des usines polluantes, une autoroute, des immeubles et un avion à l'arrière du décor forestier qu'il devançait. Pas mal trouvé, Harrison a toujours été un excellent observateur de son temps et a toujours su, avec beaucoup d'ironie, l'exprimer de manière subtile. C'est encore le cas ici. Dans ce joli livret aux tendances violettes, on retrouve qques photos, les paroles des chansons et bien entendu, une introduction de George qui nous parle de ce 30ème anniversaire (à l'époque) de la sortie de ce grand album.

Il nous explique qu'il l'aime toujours mais qu'il était quand même temps de tout remasteriser, en l'aérant beaucoup plus. En effet, "All Things Must Pass" marque la première collaboration en solo de George Harrison avec le fameux producteur Phil Spector, qui avait produit "Let it be" des Beatles et qui travailla ensuite beaucoup plus avec John Lennon. Les productions de Phil Spector sont très particulières, il y a ce célèbre "Wall of sound" (mur du son) qu'il a créé, une gigantesque atmosphère qui fait d'une simple chanson une symphonie grandiose. Seul inconvénient, c'est parfois en effet bien surchargé et avec le temps, on n'entend plus grand chose. D'où l'idée d'aération évoquée par George. Il continue en racontant un peu la genèse de cet album, en parlant de ceux qui y ont participé comme les membres du groupe Delaney & Bonnie, Eric Clapton, Ringo Starr, Klaus Voormann, Billy Preston, Gary Wright, Gary Brooker... et même le tout jeune Phil Collins ! Il explique combien les séances d'enregistrement furent longues et éprouvantes, avec beaucoup de musiciens. ça se ressent à l'écoute : pour certaines chansons, il y a deux basses et deux batteries ! En tout cas, plutôt que de s'envoyer des fleurs comme beaucoup pourraient le faire, il se concentre sur de longs et chaleureux remerciements à tous ceux qui ont participé à cet album, et vu le résultat, il y a en effet de quoi les remercier !

Allez, ne perdons plus de temps, je vous invite à embarquer avec moi au coeur de ce magnifique album, le premier d'une timide mais jolie carrière en solo pour le Quiet Beatle.

- "I'd have you anytime" (Harrison/Dylan) : L'album s'ouvre avec une chanson coécrite par George Harrison et son compère Bob Dylan. Très douce, "I'd have you anytime" est musicalement très belle, avec une lead guitar magistrale, qu'on devine d'Eric Clapton. Il s'agit d'une chanson d'amour très pure, le narrateur demandant à sa bien-aimée de le laisser entrer dans son coeur, avec une idée de réciprocité, il veut la connaître, il veut se montrer, elle est tout ce dont il possède. Assez simple avec une répétition de ces "Let me" (avec même un "Let me roll it to you" qu'on retrouvera plus tard comme titre d'une chanson de Paul McCartney), ce n'est, pour moi, pas l'un des meilleurs titres de l'album à cause d'un rythme un peu trop lanscinant et d'un refrain trop court et inabouti.

- "My Sweet Lord" (Harrison) : LA chanson phare de l'album, le hit, le tube, le tout ce que vous voulez. Ce fut le plus grand succès commercial de George Harrison mais aussi le morceau qui lui valut le plus de problèmes, avec un procès à la clé. En effet, devant l'ampleur du succès de "My Sweet Lord", il a été reproché à Harrison d'avoir plagié une chanson des Chiffons (groupe de filles du début des années 60), "He's so fine", dont la mélodie est, il est vrai, très proche. Harrison a même perdu ce procès alors qu'il avait pourtant agi en toute innocence, et on veut bien le croire, tellement de chansons se ressemblent ! Il y a plusieurs point à aborder avec "My Sweet Lord". Déjà, c'est un grand tube populaire parce que c'est une chanson simple, avec une jolie mélodie qui monte en puissance, George débute tout seul avec sa guitare rythmique avant d'être rejoint par toute une orchestration et des choeurs fastueux. Le message est lui aussi très simple, c'est une prière, un gospel vu le style de la chanson, et c'était dans l'idée de Harrison. Dans celle-ci, Harrison s'adresse au Seigneur (Lord), il veut le voir, le connaître et être avec lui. ça ne va pas plus loin. Mais là où l'ex-Beatle a touché le gros lot, c'est avec ses choeurs qui passent de "Alleluiah" à "Hare Krishna", mélangeant les destinataires et les religions, en pleine période hippie. La simplicité fut toujours ce qui alla le mieux à George Harrison et il a su toucher juste avec un superbe hymne à l'amour et la paix intérieure.

- "Wah-Wah" (Harrison) : Après le gospel universel, on passe au rock bien lourd avec moult guitares, cuivres et batteries en fusion sous la chape de plomb d'une production typiquement spectorienne. ça résonne dans tous les sens avec un son un peu à la "Helter Skelter" des Beatles mais en plus gigantesque. On entend à peine la voix de George Harrison qui semble pourtant crier de toutes ses forces. Les paroles, écrites apparemment pendant qu'il était encore avec les Beatles et après un conflit avec Paul McCartney, démontrent tout le désarroi du Quiet One, relégué le plus souvent au second plan. Il semble s'adresser aux Beatles plutôt qu'à Paul en particulier, leur disant qu'ils ont fait de lui une superstar mais qui ne vaut finalement pas grand chose, et surtout il exprime toute sa douleur en chantant "tu ne me vois pas pleurer, tu ne m'entends pas soupirer", ajoutant ensuite que désormais il est libre et il peut enfin goûter à la douceur de la vie... Texte à charge donc envers son ou ses ex-partenaires, caché derrière un gros son bourdonnant. Une magnifique mise en scène !

- "Isn't it a pity - Version 1" (Harrison) : Assurément l'une des plus belles chansons de George Harrison, son "Hey Jude" à lui, mais en beaucoup plus mélancolique. Car cette chanson, c'est la mélancolie incarnée, avec encore une fois, une mélodie qui monte en puissance par l'intermédiaire d'un orchestre et de choeurs en fin de morceau. Les solos de guitare, d'Eric Clapton sans doute, sont simples mais splendides, accompagnant un texte beau à pleurer : "N'est-ce pas dommage, n'est-ce pas honteux, la manière dont on se brise le coeur, et dont on se fait du mal, la manière dont on reprend son amour, ne pensant plus à rien, oubliant de redonner", puis un peu plus loin : "N'est-ce pas dommage, quand pas assez de gens, peuvent voir que nous sommes tous les mêmes, et qu'à cause de toutes leurs larmes, leurs yeux ne peuvent pas espérer voir, la beauté qui les entoure...". Ces larmes, elles nous montent aux yeux, tout au long de la chanson, tellement sa beauté est puissante. A la fin, on retrouve justement un joli clin d'oeil à "Hey Jude" avec des "na na na na na na na... Isn't it a pity" très bien placés.

- "What is life" (Harrison) : Mais avant que nous soyons complètement submergés de larmes, de tristesse, Harrison nous redonne un peu de baume au coeur avec cette chanson d'amour très positive. La mélodie est très enjouée, très rythmée, mais on regrette peut-être ici une production trop surchargée avec guitare et batterie très mécaniques, et une abondance d'orchestration qui couvre en permanence la voix de George. Le message du morceau est des plus classiques mais on ne résiste pas à son charme : "Je ne peux pas te dire ce que je ressens mais mon amour est là pour toi à chaque moment de la journée, mais si ce n'est pas d'amour dont tu as besoin, je ferai tout ce que je peux pour que cela fonctionne" sans oublier un refrain très efficace : "Et dis moi ce qu'est ma vie sans ton amour ? Et dis moi qui je suis sans toi à mes côtés ?". Que dire de plus ? On a le droit à une vraie et forte chanson d'amour comme il se doit.

- "If not for you" (Dylan) : La seule vraie reprise de l'album est une pure réussite. Cette chanson, composée par l'ami Bob Dylan, aurait été répétée en premier lieu avec George qui a donc décidé de se l'approprier également. Quand je l'écoute, un vrai moment de bonheur remplit mon coeur et mon corps. Phil Spector a veillé à ne pas trop charger l'orchestration, la voix de George est claire et sincère, les lead guitar fluides et mélodiques, la batterie remarquable de légèreté. Le texte est lui aussi merveilleux. L'auteur explique à sa dulcinée que sans elle, il serait triste et déprimé, sans elle, il ne pourrait plus dormir la nuit, sans elle, le ciel s'écroulerait avec la pluie, sans elle, il ne serait rien, nulle part et perdu, sans elle, l'hiver ne serait jamais suivi du printemps... C'est de toute beauté, c'est superbement exprimé et sincèrement, je pense que George tient la corde avec sa version. J'ai écouté celle de Dylan qui me plaît un peu moins, je ne connais pas celle d'Olivia Newton-John (!). Concernant George, le seul bémol que je lui mettrais serait justement la version qu'il en donna lors d'un concert-hommage à Dylan au début des années 90, avec une voix complètement déraillée, une moustache et un costume violet du plus mauvais goût. C'est alors que je me replonge dans cette version d'All Things Must Pass et que j'oublie tout...

- "Behind that locked door" (Harrison) : On reste dans le calme et la plénitude avec cette douce chanson. Une jolie atmosphère se dégage du morceau avec des petits bouts de slide guitar, notamment sur le solo. Toutefois, je le trouve légèrement ennuyeux et plombant à certains moments. Puis la voix de George manque un peu d'entrain et de portée. Pour autant, le texte est à découvrir. C'est encore l'amour qui est au programme avec une belle métaphore. L'auteur entend consoler sa dulcinée en lui disant ne de plus pleurer, de laisser sa peine de côté et de faire passer son coeur "de l'autre côté de cette porte fermée". Il continue en lui disant qu'il ne sera pas avec elle pendant très longtemps (la vie est courte...) donc il faut sourire et rien d'autre... Ainsi, des paroles très chaleureuses et encourageantes, mais malheureusement posées sur une mélodie un peu trop lente pour qu'on y croit vraiment.

- "Let it down" (Harrison) : Ne croyez pas non plus que Phil Spector va nous laisser nous endormir ! Sa production phénoménale vient nous réveiller subitement avec du gros son comme il sait si bien le faire. C'est un morceau que j'ai mis du temps à apprécier vraiment. Il faut dire que le début fait un peu peur puis peu à peu, on est apaisé dès que la douce voix de George résonne pour les couplets. Le refrain est plus lourd, mais la transition entre ces deux passages très distincts est assez jolie. Côté paroles, j'avoue que George me laisse parfois un peu circonspect et je n'arrive pas bien à savoir où il veut en venir. Du moins pour les couplets. C'est au refrain qu'on comprend qu'il s'adresse à une dulcinée, à nouveau, lui disant de "laisser tomber" ("Let it down") mais quoi ? Eh bien, ses cheveux tout autour de lui puis son amour (métaphore...). Je ne saurais trop comment bien définir l'impact de cette chanson sur moi, Phil Spector lui donne beaucoup de puissance avec un orchestre, du piano, de la batterie et une lead guitare agressive. Disons qu'elle est bien dans l'air du temps des 70's.

- "Run of the mill" (Harrison) : Une autre des mes chansons préférées de l'album. L'intro est tout simplement magnifique, juste avant l'arrivée des cuivres qui accompagneront le morceau avant de le conclure de fort belle manière. Musicalement, superbe donc, avec une vraie douceur harmonieuse. Vocalement, encore une grande réussite, avec une voix de George écorchée comme il faut. Ainsi, c'est toujours un bonheur de se plonger dans cette chanson que je trouve un peu trop courte malheureusement. Les paroles sont là encore assez énigmatiques avec pas mal d'idées qui se chevauchent, sans savoir vraiment à qui l'auteur s'adresse, George chantant en plus avec une manière un peu étrange, ralentissant et accélérant selon la longueur de la phrase, comme si, pour une fois, tout n'était pas bien calculé entre la musique et le texte. Ce morceau est en tout cas le dernier du premier disque. Sur la réédition de 2001, plusieurs morceaux le suivent, en bonus.

- "I live for you"* (Harrison) : Premier bonus proposé, une chanson inédite. Il s'agit de ma chanson préférée, tous artistes confondus, tous genres confondus. C'est LA chanson pour moi, celle qui me touchera éternellement plus que toutes les autres, celle qui me transportera toujours plus haut et plus loin que toutes les autres. Dans le livret de l'album, George Harrison explique qu'elle n'a pas figuré dessus probablement parce qu'il pensait à l'époque ne pas disposer d'une assez bonne version, mise à part la partie de "pedal steel" guitar jouée par Pete Drake. Et quel dommage ! C'est essentiellement sur cette portée musicale que le morceau est posé. La guitare guide la mélodie de bout en bout, avec une fluidité et une légèreté magnifique, qui atteint son sommet dans le solo. George chante comme jamais. Ici, il chante pour Dieu sans doute, pour qui il vit ("Yes it's true, I live for you"). Ce dernier lui permet de garder les yeux grands ouverts, il est sa lumière dans l'obscurité et il passe donc sa vie à attendre de pouvoir le rejoindre. Une véritable prière donc, juste merveilleusement mise en musique par un George très inspiré (sauf de ne pas l'avoir mise sur l'album !!!).

- "Beware of Darkness"* (Harrison) : Deuxième bonus avec cette démo de "Beware of Darkness", dont on retrouvera la version finale sur le second CD. Je détaillerai mes sentiments sur cette chanson plus tard donc, mais il est toujours aussi intéressant d'entendre ces démos, avec un George seul à la guitare. C'est brut, c'est beau. Dans le livret, il indique l'avoir écrite juste une semaine avant de l'enregistrer avec Phil Spector. Pour l'anecdote personnelle, il est indiqué que la version présente ici date du 27 mai 1970, mon père fêtait ses 22 ans :-)

- "Let it down"* (Harrison) : Troisième bonus avec cette démo de "Let it down", entendue précédemment, datant du même jour que la démo précédente. George tout seul avec sa guitare, à nouveau. On peut alors constater l'évolution de ce morceau, ici complètement dépouillé, en comparaison avec la version finale, chargée bien comme il faut par Phil Spector.

- "What is life"* (Harrison) : Quatrième bonus avec cette fois-ci, une orchestration différente de "What is life", mais sans le chant (ou presque, on entend qques murmures de George parfois). Je trouve cette orchestration légèrement plus enjouée que celle proposée sur l'album avec ses petites trompettes piccolo façon Vladimir Kosma ("L'Aile ou la Cuisse" !) mais George explique que ça ne lui plaisait pas à l'époque, même si, depuis, il en avait complètement oublié l'existence !

- "My Sweet Lord"* (Harrison) : Cinquième et dernier bonus de l'album qui a fait coulé un peu d'encre... Une nouvelle version de "My Sweet Lord" ! Pour l'occasion de cette réédition, George a voulu créer qque chose de spécial et voici le résultat. Cela n'était vraiment pas nécessaire, c'est certain vu la lourdeur de cette version. L'orchestration originale est conservée avec un appui plus senti de la slide guitar, dernier atout magistral de George. Les choeurs de Sam Brown sont pas mal malgré sa mise en avant vers la fin qui aurait pu être évitée, mais c'est surtout la voix de George qui n'y est plus. Il chante à moitié au ralenti, pour cause d'une perte de puissance phénoménale. Heureusement, il se rattrapera un peu plus tard avec les compositions originales de son futur album posthume, "Brainwashed".

- "Beware of darkness" (Harrison) : Longue ballade mélancolique pour ouvrir le second disque. Harrison ne nous parle pas d'amour ici mais tient à mettre en garde ses auditeurs contre les dangers du monde matériel. Les messages sont encore une fois difficiles à vraiment cerner, on imagine qu'il y a beaucoup de sens cachés dans cette chanson. Harrison cherche sans doute à se défendre de tous les rapaces qui tournent autour de lui à travers ce texte. Musicalement, c'est très lent et lanscinant, peut-être un peu trop chargé malgré une bien jolie lead guitar tenue par Clapton il me semble. Ce n'est donc pas l'une de mes chansons préférées de l'album mais elle a son importance.

- "Apple Scruffs" (Harrison) : Changement de décor complet avec cette géniale petite ballade très rythmée et chaleureuse. Petite batterie, guitares rythmiques (électrisées pour le mignon petit solo) et surtout un joyeux harmonica pour enrober tout ça suffisent à donner une vraie personnalité à cette chanson dédiée aux fans des Beatles. Eh oui, qui l'eut cru ? Harrison le timide, Harrison qui apparaît comme le plus difficile à approcher, il sera le seul à écrire une ode à ses amateurs. En effet, les "Apple Scruffs" étaient le nom donné à ses fans hardcore des Beatles qui les attendaient nuit et jour devant leurs bureaux d'Apple (d'où le surnom...) notamment. Les paroles sont très affectueuses envers ces doux dingues; Harrison raconte comment ils ont toujours été là pour les attendre, les voir. Le refrain est des plus généreux, rempli d'admiration : "Apple Scruffs, Apple Scruffs, je vous aime tellement, je vous aime tellement, dans le brouillard et sous la pluie, avec le plaisir et la douleur, sur le trottoir dehors vous vous tenez, avec des fleurs dans les mains, Apple Scruffs", finissant par un couplet tout aussi chaleureux : "A travers les années, ils viennent et repartent, mais votre amour me démontre clairement, qu'au-delà le temps et l'espace, nous sommes ensemble en tête à tête, Apple Scruffs". Une chanson vraiment très belle et pleine de vie, rondement menée par un Harrison en verve.

- "Ballad of Sir Frankie Crisp (Let it roll)" (Harrison) : Une autre des plus belles chansons de l'album, mélancolique à souhait, avec de très belles parties de guitare et de piano. Morceau dédié à Sir Frankie Crisp, bâtisseur et ancien locataire de l'énorme manoir de George Harrison à Henley-on-Thames, on ressent pourtant une atmosphère très lennonienne, surtout vocalement. Le texte reste assez mystérieux avec là encore sans doute beaucoup d'allusions à ce personnage et son univers mystique.

- "Awaiting on you all" (Harrison) : Après la mélancolie, revoici la joie exhubérante avec une nouvelle chanson dédiée à la religion et à Dieu. Le morceau commence très fort et nous dévoile d'ors-et-déjà une grosse production spectorienne avec nombres de batteries, cuivres et guitares, se finissant par une fin abrupte. Il s'agit en tout cas d'un morceau très vif et enlevé, un vrai beau gospel destiné à louer le Seigneur. Harrison n'y va pas par quatre chemins quand il faut faire du prosélytisme religieux. Son leitmotiv ici est de conseiller aux auditeurs d'ouvrir leur coeur pour y voir combien il a été pollué par le monde matériel. Pour le nettoyer, pour être libre et éveillé, il suffit donc de chanter les louanges du Seigneur. Ce qui est intéressant, c'est qu'on n'a jamais vraiment su de quel "Lord" Harrison parlait vu qu'il semblait être plongé dans les religions hindous. Sauf qu'ici, dans le deuxième couplet, il parle bel et bien de Jésus que l'on peut voir si on ouvre notre coeur car il est là et l'a toujours été, pour nous, pour nous consoler et nous aider. Harrison reste assez original avec la suite puisqu'il nous chante que l'on a pas besoin d'église ou de temple pour voir que l'on a été berné tout ce temps. Bref, l'unique solution, il la répète inlassablement : "ouvrez votre coeur" ("If you open up your heart"). On peut ne pas être sensible du tout à ce message mais si on l'ignore, il nous reste tout de même une très belle chanson, très vivante malgré, à nouveau, une certaine surcharge spectorienne un peu trop accentuée.

- "All things must pass" (Harrison) : La chanson-titre de l'album n'est absolument pas pour moi sa chanson-phare. Je l'avais découverte grâce à sa magnifique démo sur les Anthology des Beatles. Malheureusement, la version finale m'a beaucoup déçu. C'est lent, c'est pataud, ça n'en finit jamais... Je n'ai jamais réussi à y accrocher même si Phil Spector a pourtant fait des efforts pour ne pas trop l'écraser de sa puissance. Musicalement, il n'y a guère que la lead guitar qui me plaise... Les cuivres sont assez bouchonnés. Par contre, et c'est bien là que c'est dommage, le texte est au contraire très beau. Harrison utilise les postulats de la religion hindou pour dire que tout est cyclique. Par exemple, il peut nous arriver qque chose de mal, mais cela n'est que passager. Il cite en exemple un ciel nuageux disant que cela ne dure jamais toute la journée, le soleil reviendra bien à un moment donné. De même que le coucher du soleil ou même le lever du jour... C'est sur l'idée des différentes phases d'une journée qu'il écrit son texte : "Non, il ne fera pas toujours aussi gris". Une chanson très optimiste donc mais sur un air plutôt lent voire nostalgique. Je pense que j'aurai aimé plus de simplicité, comme sur la démo.

- "I dig love" (Harrison) : George peut également nous donner des chansons très simples avec un message tout aussi simple. Mais souvent, on n'en comprend pas vraiment le sens... Ici donc, il creuse l'amour, tous les matins, tous les soirs et il veut qu'on le sache. C'est une chanson sur l'amour, sous toutes ses formes, et en gros, il nous dit qu'il l'expérimente, lui, sous toutes ses formes. Musicalement, c'est très bluesy, avec une petite ritournelle sympa au piano, une grosse batterie et une très jolie lead guitar (qui nous assure un joli solo aussi). J'aime beaucoup le chant de George, parfaitement adapté au style, qui commence doucement avant de se forcer crescendo. Il nous démontre qu'il aurait pu être un excellent chanteur de blues.

- "Art of dying" (Harrison) : Retour au rock lourd ici avec une excellente chanson. L'intro est splendide avec une guitare débridée, suivie de la batterie, des cuivres et d'une basse bien présente. La voix de George se retrouve un peu noyée dans toute cette bouillie mais beaucoup moins que sur "Wah-Wah" et on apprécie. Le message est là encore très mystique, nous parlant de "l'art de mourir". Mais le tout nous donne un morceau profondément rock, qui préfigure justement le genre de rock que l'on retrouvera dans les années 70.

- "Isn't it a pity - Version 2" (Harrison) : Deuxième version de ce qu'on peut considérer désormais comme la plus belle chanson de l'album. Le texte est le même donc je ne reviendrai pas dessus. C'est l'approche musicale qui est différente, peut-être plus confuses et moins belle dans cette seconde version, elle est plus simple aussi, sans crescendo, sans choeurs à la fin. En général, les gens préfèrent la première. De même, la façon de chanter de George est un peu plus poussive ici, un peu comme s'il reprenait la chanson dans un même concert, en rappel. Il se force un peu. Il n'y a donc pas trop d'utilité à proposer une autre version sur un même album mais bon, c'est toujours ça à prendre !

- "Hear me Lord" (Harrison) : Nous voici à la conclusion du deuxième album originel (il y en avait trois au départ). C'est à nouveau la religion qui aura droit de citer ici. Après l'avoir loué sous toutes ses formes, Harrison en appelle ici à la clémence du Seigneur : "Pardonne moi Seigneur s'il-te-plaît, pour toutes ces années où je t'ai ignoré, Pardonne leur Seigneur, ceux qui pensent qu'ils ne te méritent pas". Cette chanson est encore très révélatrice de l'état d'esprit d'Harrison à l'époque, libéré du carcan des Beatles et qui peut enfin s'exprimer pleinement. Je n'ai jamais vraiment su si sa foi était si inébranlable mais il met tout de même beaucoup de conviction dans ses chansons. Beaucoup lui ont reproché justement cette abondance de prêchi-prêcha, mais je pense que sa sincérité, elle, est irréprochable et on n'est en aucun cas obligé d'y adhérer. Ce morceau est une bonne conclusion, très mélancolique donc, avec une jolie mélodie et une belle orchestration, des choeurs, même si elle n'est pas non plus très flamboyante et assez mineure.

- "It's Johnny's Birthday" (Basé sur "Congratulations" de Martin et Coulter) : Pour ouvrir une session de jams uniquement musicaux, rien ne vaut mieux qu'une bonne tranche de rigolade. Il s'agit donc d'une blague, Harrison, Mal Evans et Eddie Klein, chantant une chanson apparemment inventée pour l'anniversaire de ce Johnny (John Lennon ?), sur l'air d'une autre chanson. C'est très court, pas très agréable à écouter car c'est complètement débraillé et trafiqué, allant de plus en plus vite pour enchaîner directement sans pause avec le premier jam instrumental.

- "Plug me in" (jam) : Harrison a donc voulu introduire un troisième disque comportant des sessions de jams. Pourquoi pas ? On peut être certain de la qualité des musiciens mais il faut cependant reconnaître que la dimension est grande entre voir ce boeuf en live et l'écouter sur un album. C'est ainsi que la plupart des amateurs de cet album rejette généralement cette dernière partie. Pour ce premier jam pas déplaisant, on retrouve ainsi le groupe entier de Derek and the Dominoes, c'est-à-dire Jim Gordon à la batterie, Carl Radle à la basse, Bobby Whitlock aux claviers, et Eric Clapton à la guitare sans oublier la présence de Dave Mason (du groupe Traffic) et George Harrison aux guitares également.

- "I remember Jeep" (jam) : Deuxième jam introduit par un espèce de brouillage bizarroïde, et on retrouvera tout au long de ce morceau des bidouillages électroniques. A la batterie, Ginger Baker (batteur de Cream), à la basse, Klaus Voormann (ami des Beatles, bassiste de studio, de Harrison, Lennon...), aux claviers, Billy Preston (organiste ami des Beatles et des Rolling Stones), et aux guitares, Eric Clapton et George Harrison. Pour l'anecdote, Jeep était le nom du chien d'Eric Clapton...

- "Thanks for the pepperoni" (jam) : Troisième jam avec les mêmes musiciens que sur "Plug me in". Comme sur les autres, une sorte de base musicale est instaurée et les guitaristes s'en donnent à coeur joie pour se relayer en solo.

- "Out of the blue" (jam) : Quatrième et dernier jam, le plus long (près d'1/4 d'heure) et le plus bluesy, avec la même formation que la précédente mais sans Dave Mason et avec Gary Wright (du groupe Spooky Tooth) aux claviers, Jim Price et Bobby Keys (qui ont joué notamment avec les Rolling Stones) aux cuivres. Le manager de Bob Dylan, Al Aronowitz, est également crédité sur ce morceau mais n'étant pas spécifiquement un musicien, je ne sais pas de quoi il joue.

"All Things Must Pass" est considéré par beaucoup non seulement comme le meilleur album solo de George Harrison mais voire comme le meilleur album solo de tous les Beatles réunis. Il faut croire que la libération de cette pression a donc produit les meilleurs effets puisque John Lennon fut également touché par cette grâce dès son premier album. On ne peut en dire de même pour Paul McCartney et Ringo Starr mais ces derniers n'ont pas abordé la rupture de la même façon non plus.

"All Things Must Pass" est en effet le meilleur album de George Harrison car il recèle de chansons poignantes et/ou puissantes, composées par un esprit frondeur et profondément inspiré. Entouré d'excellents amis et musiciens, produit par un Spector en forme, Harrison a prouvé ici tout son plus grand talent. C'est en tout cas la véritable première oeuvre en solo (il avait déjà délivré une B.O. et un album d'expérimentations électroniques auparavant) d'un artiste qui se sera toujours voulu aussi sincère que possible.

Cet album n'est pas forcément simple à aborder, sombre et puissant, mais illuminé de pépites flamboyantes. Il reste tout de même, selon moi, le plus universel voire le plus "consensuel" de tous ses futurs albums. Enfin, il résume parfaitement la personnalité de son auteur : mystique, passionné, joueur, envoûté, modeste, détaché, mélancolique, fort, et surtout, profondément humain.

Les morceaux à retenir : "My Sweet Lord", "Wah-Wah", "Isn't it a pity - version 1", "What is life", "If not for you", "Run of the mill", "I live for you", "Apple Scruffs", "Ballad of Sir Frankie Crisp (Let it roll)", "Awaiting on you all", "I dig love", "Art of dying", "Isn't it a pity - Version 2".

dimanche 20 janvier 2008

The Beatles featuring Tony Sheridan - In the beginning

On commence par les Beatles, forcément... et on devrait y aller chronologiquement.

Bien que leur premier album officiel soit "Please Please Me" (1963), les Beatles avaient déjà commencé à enregistrer des titres qques années auparavant, notamment qques temps après leur éclosion définitive dans les cabarets de Hambourg.

Beaucoup d'albums plus ou moins officiels ont été publiés sur ces débuts dont celui que je vous propose ici.

La pochette ne paye pas de mine, un gros paquet de journaux (le Mersey Beat) avec la photo des Beatles deuxième mouture (avec Pete Best à la batterie mais sans Stuart Sutcliffe) sur des pavés sombres. Le livret est un peu fourni avec notamment qques photos du groupe, tout de costumes en cuir noir vêtu, et avec les cheveux coiffés en banane, très rock'n'roll attitude. Egalement présents, de courts textes de présentation dont l'un écrit par Tony Sheridan en 1970.

Tony Sheridan est un chanteur anglais qui connut un petit succès à la fin des années 50 et début des années 60, notamment à Hambourg. C'est là qu'il rencontra les Beatles, qui l'accompagnèrent dans ses concerts jusqu'à ce que ceux-ci s'envolent de leurs propres ailes. C'est donc lui qui joue en partie sur cet album avec eux. Dans son petit texte, Sheridan raconte sa rencontre avec eux et comment ça se passait à l'époque. A la fin de son récit, une jolie conclusion qui veut tout dire "The rest is history". En effet...

Le deuxième texte, datant de 1985, est signé Bill Harry, journaliste au Mersey Beat (journal local de Liverpool) à l'époque. Lui raconte plutôt les conditions d'enregistrement de ces premiers titres dont l'album se veut un recueil. Il aide bien à savoir qui chante et joue sur tel ou tel titre.

La conclusion est pour George Harrison dont l'extrait d'une interview de 1969 figure au dos du livret. Le lead guitarist des Beatles explique notamment pourquoi l'ambiance de Hambourg était si particulière et c'est, semble-t-il, avec un peu de nostalgie qu'il se remémore ces concerts auxquels n'assistaient que de véritables passionnés de musique... On connaît la suite !

Allons-y pour l'écoute et la critique de chaque chanson :

- "Ain't she sweet" (Ager/Yellen) : Un très grand classique de la chanson populaire anglo-saxonne, datant de 1927 ! Mais qui semble avoir connu son heure de gloire dans les années 50 et 60. Elle a été reprise par de nombreux artistes dont Frank Sinatra et ainsi, les Beatles. La version de ces derniers est vraiment en tous points excellente. John Lennon est au chant, avec une superbe voix, rugueuse à souhait, à la Eddie Cochran. La musique est très rythmée et entraînante avec son "Oh Ain't she sweet" qui vient débuter et conclure chaque couplet. Les paroles sont courtes et mignonnes comme tout. Le narrateur demande à son pote je dirais ce qu'il pense de cette fille qu'il admire là-bas dans la rue. "N'est-elle pas mignonne ?" lui répète-t-il tout au long de la chanson. Il est certain que la fille doit être vraiment mignonne et la chanson qui l'accompagne très plaisante également, quoique le solo aurait pu être un peu plus soigné (mais ce n'étaient que les débuts de George Harrison...).

- "Cry for a shadow" (Harrison/Lennon) : Il s'agit d'un morceau rare puisque le seul composé par George Harrison et John Lennon. Ils n'ont plus jamais par la suite composé quoi que ce soit de connu ensemble. De plus, ils n'ont pas été très loin puisqu'il s'agit d'une oeuvre entièrement musicale, sans paroles, mis à part les "wouhou" que l'on entend de temps à autre au cours de la chanson. Sur un thème sympathique mais très répétitif, la lead guitar de Harrison joue sa mélodie plutôt correctement même si on la sent pas toujours très assurée. Derrière, Lennon l'accompagne d'un joli thème de guitare rythmique. Oeuvre unique donc, mineure mais qui a son charme.

- "Let's dance" (Sheridan/Lee) : Twist ultra classique signé Sheridan qui l'interprète. La voix de ce dernier n'est pas vraiment originale et entraînante malgré son invitation adressée à une jeune fille à venir danser. Le solo de guitare est pour le coup pas mal du tout et fait oublier un moment l'orgue plombant qui est derrière la mélodie tout du long.

- "My Bonnie" (Traditionnel, arrangé par Sheridan) : Un autre grand classique de cette époque, chant traditionnel écossais remis au goût du jour par les rockers anglais. Sheridan est là beaucoup plus convainquant au chant et on apprécie la structure de la chanson qui débute assez doucement avant de s'enflammer rapidement dans un rock très rythmé, ponctué par un très bon solo. Les paroles sont elles très simples, le narrateur prie tout simplement pour que sa "Bonnie", qui est loin, au-delà des océans, lui revienne au plus vite.

- "Take out some insurance on me, Baby" (Singleton/Hall) : On n'arrive pas trop à reconnaître qui est au chant ici, dans un style très proche de celui d'Elvis Presley pour les intonations. Il y a un peu de "Be bop a Lula" dans ce morceau finalement un peu triste dans lequel le narrateur déclare à sa petite amie que si jamais elle le quitte, il retournera chez lui et mourra. C'est du r'n'b (l'original !) très classique, avec un petit rythme continu, pas trop ce que j'aime le plus.

- "What'd I say" (Charles) : C'est Tony Sheridan qui se colle à cette reprise du grand Ray Charles. Il se débrouille pas mal pour ce qui est de l'imitation (parce que ça y ressemble fort), avec une petite section de cuivres derrière histoire d'assurer un peu. Tout ça reste honnête mais malgré tout un peu mou comparé à la version originale, bien plus énergique si je m'en souviens bien. Côté paroles, c'est un peu confus mais en gros, c'est très macho, le narrateur comparant sa petite amie à d'autres filles et lui disant directement que si elle n'en fait pas plus pour lui, il la ramène chez ses parents dans l'Arkansas ! Rien que ça ! Les choses ont bien changé...

- "Sweet Georgia Brown" (Bernie/Pinkard/Casey) : Encore une vieille chanson datant de 1925 mais devenue un classique, reprise notamment en instumental par Django Reinhardt. Elle est également la chanson mascotte de l'équipe de basket des Harlem Gobe-Trotters. Ici, c'est Sheridan qui s'y colle, déclamant son amour pour cette "Sweet Georgia Brown" qui fait tourner les têtes de tous ceux qui la croise, prêts à mourir pour elle. Encore un r'n'b très classique voire jazzy, pas trop mon truc.

- "When the saints go marching in" (Traditionnel, arrangé par Sheridan) : Chant traditionnel, popularisé à l'international grâce à ses interprétations gospel. Il s'agit d'un chanson sensée être jouée pour des funérailles, accompagnant le défunt jusqu'à son ultime demeure... On n'arrive pas trop encore à discerner qui est au chant mais il semble que ce soit encore Sheridan dans une version variant entre rock et r'n'b. C'est tout de même assez confus, Sheridan ne pousse pas vraiment très loin et on en vient à vraiment préférer le gospel original.

- "Ruby Baby" (Leiber/Stoller) : Composée par la fameuse paire de compositeurs Leiber-Stoller, à l'origine de nombreux grands tubes des années 50 et 60, la chanson est ici interprétée par Tony Sheridan, et apparemment, sans les Beatles (appelés Beat Brothers quand ils l'accompagnaient). R'n'b pur et classique (oui oui, je sais, ils ont l'air d'être tous classiques pour moi, mais c'est le cas !), qui mène son train tranquillement jusqu'à la fin, avec des choeurs derrière (ce qui n'était pas souvent le cas jusque là). Dans le texte, le narrateur nous parle de Ruby, cette fille dont il est fou amoureux mais cet amour n'est pas réciproque... Il lui déclare donc sa flamme et se demande si elle sera sienne un jour... Peut-être qu'il mettait un peu plus d'entrain dans sa chanson, cela marcherait !

- "Why" (Sheridan/Compton) : ça commence par des "ouh ouh ouh ouh" qui continueront en choeur tout au long de cette bien jolie chanson de Tony Sheridan qui se charge à nouveau de l'interpréter lui-même. C'est tout doux, ça rock légèrement au milieu, et ça se termine tout en douceur, comme cela avait commencé...

- "Nobody's Child" (Coban/Foree) : Tony Sheridan peine un peu ici à mettre de l'émotion dans cette chanson vaguement Blue Grass au texte très triste. Le narrateur raconte qu'il se promene près d'un orphelinat quand il tombe sur un petit garçon qui pleure. Le narrateur lui demande pourquoi et le petit garçon lui raconte alors qu'il n'est le fils de personne ("Nobody's Chid), que personne ne le désire, que, comme les fleurs, il grandit tout seul, sans l'amour ni d'un père, ni d'une mère. Il poursuit en disant que parfois il préfèrerait mourir parce qu'au paradis, "où tous les aveugles peuvent voir", il y aurait sûrement un foyer pour lui... Heureusement donc que le texte sauve la mise.

- "Ya Ya" (Robinson/Dorsey/Lewis) : Tony Sheridan conclut cet album en public avec cette chanson qui sera reprise bien plus tard par John Lennon en solo. Il s'agit d'un bon petit twist, entraînant et simple comme il faut. Le narrateur raconte tout simplement qu'il attend sa petite amie et lui demande de se dépêcher de venir pour ne pas qu'il s'inquiète. Le morceau est divisé ici en deux parties, avec une seconde partie bien plus enjouée que la première avec un très bon groupe derrière, une bonne batterie et un orgue cette fois-ci pas trop lourd. Le public semble apprécier, moi aussi !

Et c'est ainsi que nous en avons terminé avec ce premier album. Honnêtement, ce n'est pas un album fondamental dans la discographie des Beatles parce qu'en plus, c'est beaucoup plus Tony Sheridan qui est à l'honneur dessus. Mais pour les amateurs, il a son importance car, comme le dit Bill Harry dans le livret, cette période des Beatles à Hambourg fut essentielle pour eux et leur répertoire joué à l'époque est constitué de toutes leurs références musicales, de tous les artistes qu'ils aimaient et qui les ont influencé par la suite. La musique des Beatles n'est pas née à partir de rien. Cet album est donc intéressant dans le sens où il propose les racines musicales de l'oeuvre magistrale des Beatles.

Les morceaux à retenir : "Ain't She Sweet", "Cry for a shadow", "My Bonnie", "Why" et "Ya Ya".

Roll up !

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur ce blog entièrement dédié à la musique, toute la musique, tous styles confondus.

Je m'adresse donc à toutes les personnes qui s'intéressent à la musique, qui l'aiment et la chérissent au moins autant que moi, mais également aux autres, à ceux qui voudraient en savoir plus et qui possèdent un esprit d'ouverture et de découverte.

Car la trame principale de ce blog est bien là. Je vais vous proposer pour chaque note, un album, que je décortiquerai soigneusement, chanson par chanson, pour que, d'une part, vous vous fassiez une idée de ce que je possède et ce que j'aime (ou pas !) et, d'autre part, que ces commentaires puissent éventuellement vous aider dans l'acquisition d'une de ses chansons voire de l'album tout entier.

Malheureusement, je ne pourrai vous proposer aucun extrait de ces chansons car je reste un grand fétichiste de l'objet et libre à vous, ensuite, si je vous ai convaincu, d'aller vous procurer ces morceaux, par les moyens que vous souhaitez. J'insisterai bien évidemment sur les titres tout à fait indispensables, que je vous encouragerai au moins à écouter, certain qu'ils ont leur place dans une discothèque idéale.

Enfin, avant de commencer, petite explication de texte. Le titre de ce blog est une référence à plusieurs chansons d'un seul et même groupe, The Beatles, la référence ultime en terme de musique contemporaine pour moi. Pour le clip de la chanson "I am the walrus" ("Je suis le morse"), qui se trouve dans le film "Magical Mystery Tour", c'est justement Paul McCartney qui est déguisé avec un costume de morse et qui joue de la basse. Qques temps après, John Lennon, déjà auteur de ce morceau fantastique, écrit une chanson intitulée "Glass Onion", dans laquelle il cite beaucoup de références à des chansons des Beatles écrites par le passé. Et il chante notamment : "The walrus was Paul", révélant la véritable identité de ce curieux personnage. Eh bien, pour ce blog, le morse, c'est moi ou plutôt c'était moi : "The walrus was Me !".

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(Librement inspiré de "Magical Mystery Tour" (Lennon, McCartney))

Bon voyage !