dimanche 20 janvier 2008

The Beatles featuring Tony Sheridan - In the beginning

On commence par les Beatles, forcément... et on devrait y aller chronologiquement.

Bien que leur premier album officiel soit "Please Please Me" (1963), les Beatles avaient déjà commencé à enregistrer des titres qques années auparavant, notamment qques temps après leur éclosion définitive dans les cabarets de Hambourg.

Beaucoup d'albums plus ou moins officiels ont été publiés sur ces débuts dont celui que je vous propose ici.

La pochette ne paye pas de mine, un gros paquet de journaux (le Mersey Beat) avec la photo des Beatles deuxième mouture (avec Pete Best à la batterie mais sans Stuart Sutcliffe) sur des pavés sombres. Le livret est un peu fourni avec notamment qques photos du groupe, tout de costumes en cuir noir vêtu, et avec les cheveux coiffés en banane, très rock'n'roll attitude. Egalement présents, de courts textes de présentation dont l'un écrit par Tony Sheridan en 1970.

Tony Sheridan est un chanteur anglais qui connut un petit succès à la fin des années 50 et début des années 60, notamment à Hambourg. C'est là qu'il rencontra les Beatles, qui l'accompagnèrent dans ses concerts jusqu'à ce que ceux-ci s'envolent de leurs propres ailes. C'est donc lui qui joue en partie sur cet album avec eux. Dans son petit texte, Sheridan raconte sa rencontre avec eux et comment ça se passait à l'époque. A la fin de son récit, une jolie conclusion qui veut tout dire "The rest is history". En effet...

Le deuxième texte, datant de 1985, est signé Bill Harry, journaliste au Mersey Beat (journal local de Liverpool) à l'époque. Lui raconte plutôt les conditions d'enregistrement de ces premiers titres dont l'album se veut un recueil. Il aide bien à savoir qui chante et joue sur tel ou tel titre.

La conclusion est pour George Harrison dont l'extrait d'une interview de 1969 figure au dos du livret. Le lead guitarist des Beatles explique notamment pourquoi l'ambiance de Hambourg était si particulière et c'est, semble-t-il, avec un peu de nostalgie qu'il se remémore ces concerts auxquels n'assistaient que de véritables passionnés de musique... On connaît la suite !

Allons-y pour l'écoute et la critique de chaque chanson :

- "Ain't she sweet" (Ager/Yellen) : Un très grand classique de la chanson populaire anglo-saxonne, datant de 1927 ! Mais qui semble avoir connu son heure de gloire dans les années 50 et 60. Elle a été reprise par de nombreux artistes dont Frank Sinatra et ainsi, les Beatles. La version de ces derniers est vraiment en tous points excellente. John Lennon est au chant, avec une superbe voix, rugueuse à souhait, à la Eddie Cochran. La musique est très rythmée et entraînante avec son "Oh Ain't she sweet" qui vient débuter et conclure chaque couplet. Les paroles sont courtes et mignonnes comme tout. Le narrateur demande à son pote je dirais ce qu'il pense de cette fille qu'il admire là-bas dans la rue. "N'est-elle pas mignonne ?" lui répète-t-il tout au long de la chanson. Il est certain que la fille doit être vraiment mignonne et la chanson qui l'accompagne très plaisante également, quoique le solo aurait pu être un peu plus soigné (mais ce n'étaient que les débuts de George Harrison...).

- "Cry for a shadow" (Harrison/Lennon) : Il s'agit d'un morceau rare puisque le seul composé par George Harrison et John Lennon. Ils n'ont plus jamais par la suite composé quoi que ce soit de connu ensemble. De plus, ils n'ont pas été très loin puisqu'il s'agit d'une oeuvre entièrement musicale, sans paroles, mis à part les "wouhou" que l'on entend de temps à autre au cours de la chanson. Sur un thème sympathique mais très répétitif, la lead guitar de Harrison joue sa mélodie plutôt correctement même si on la sent pas toujours très assurée. Derrière, Lennon l'accompagne d'un joli thème de guitare rythmique. Oeuvre unique donc, mineure mais qui a son charme.

- "Let's dance" (Sheridan/Lee) : Twist ultra classique signé Sheridan qui l'interprète. La voix de ce dernier n'est pas vraiment originale et entraînante malgré son invitation adressée à une jeune fille à venir danser. Le solo de guitare est pour le coup pas mal du tout et fait oublier un moment l'orgue plombant qui est derrière la mélodie tout du long.

- "My Bonnie" (Traditionnel, arrangé par Sheridan) : Un autre grand classique de cette époque, chant traditionnel écossais remis au goût du jour par les rockers anglais. Sheridan est là beaucoup plus convainquant au chant et on apprécie la structure de la chanson qui débute assez doucement avant de s'enflammer rapidement dans un rock très rythmé, ponctué par un très bon solo. Les paroles sont elles très simples, le narrateur prie tout simplement pour que sa "Bonnie", qui est loin, au-delà des océans, lui revienne au plus vite.

- "Take out some insurance on me, Baby" (Singleton/Hall) : On n'arrive pas trop à reconnaître qui est au chant ici, dans un style très proche de celui d'Elvis Presley pour les intonations. Il y a un peu de "Be bop a Lula" dans ce morceau finalement un peu triste dans lequel le narrateur déclare à sa petite amie que si jamais elle le quitte, il retournera chez lui et mourra. C'est du r'n'b (l'original !) très classique, avec un petit rythme continu, pas trop ce que j'aime le plus.

- "What'd I say" (Charles) : C'est Tony Sheridan qui se colle à cette reprise du grand Ray Charles. Il se débrouille pas mal pour ce qui est de l'imitation (parce que ça y ressemble fort), avec une petite section de cuivres derrière histoire d'assurer un peu. Tout ça reste honnête mais malgré tout un peu mou comparé à la version originale, bien plus énergique si je m'en souviens bien. Côté paroles, c'est un peu confus mais en gros, c'est très macho, le narrateur comparant sa petite amie à d'autres filles et lui disant directement que si elle n'en fait pas plus pour lui, il la ramène chez ses parents dans l'Arkansas ! Rien que ça ! Les choses ont bien changé...

- "Sweet Georgia Brown" (Bernie/Pinkard/Casey) : Encore une vieille chanson datant de 1925 mais devenue un classique, reprise notamment en instumental par Django Reinhardt. Elle est également la chanson mascotte de l'équipe de basket des Harlem Gobe-Trotters. Ici, c'est Sheridan qui s'y colle, déclamant son amour pour cette "Sweet Georgia Brown" qui fait tourner les têtes de tous ceux qui la croise, prêts à mourir pour elle. Encore un r'n'b très classique voire jazzy, pas trop mon truc.

- "When the saints go marching in" (Traditionnel, arrangé par Sheridan) : Chant traditionnel, popularisé à l'international grâce à ses interprétations gospel. Il s'agit d'un chanson sensée être jouée pour des funérailles, accompagnant le défunt jusqu'à son ultime demeure... On n'arrive pas trop encore à discerner qui est au chant mais il semble que ce soit encore Sheridan dans une version variant entre rock et r'n'b. C'est tout de même assez confus, Sheridan ne pousse pas vraiment très loin et on en vient à vraiment préférer le gospel original.

- "Ruby Baby" (Leiber/Stoller) : Composée par la fameuse paire de compositeurs Leiber-Stoller, à l'origine de nombreux grands tubes des années 50 et 60, la chanson est ici interprétée par Tony Sheridan, et apparemment, sans les Beatles (appelés Beat Brothers quand ils l'accompagnaient). R'n'b pur et classique (oui oui, je sais, ils ont l'air d'être tous classiques pour moi, mais c'est le cas !), qui mène son train tranquillement jusqu'à la fin, avec des choeurs derrière (ce qui n'était pas souvent le cas jusque là). Dans le texte, le narrateur nous parle de Ruby, cette fille dont il est fou amoureux mais cet amour n'est pas réciproque... Il lui déclare donc sa flamme et se demande si elle sera sienne un jour... Peut-être qu'il mettait un peu plus d'entrain dans sa chanson, cela marcherait !

- "Why" (Sheridan/Compton) : ça commence par des "ouh ouh ouh ouh" qui continueront en choeur tout au long de cette bien jolie chanson de Tony Sheridan qui se charge à nouveau de l'interpréter lui-même. C'est tout doux, ça rock légèrement au milieu, et ça se termine tout en douceur, comme cela avait commencé...

- "Nobody's Child" (Coban/Foree) : Tony Sheridan peine un peu ici à mettre de l'émotion dans cette chanson vaguement Blue Grass au texte très triste. Le narrateur raconte qu'il se promene près d'un orphelinat quand il tombe sur un petit garçon qui pleure. Le narrateur lui demande pourquoi et le petit garçon lui raconte alors qu'il n'est le fils de personne ("Nobody's Chid), que personne ne le désire, que, comme les fleurs, il grandit tout seul, sans l'amour ni d'un père, ni d'une mère. Il poursuit en disant que parfois il préfèrerait mourir parce qu'au paradis, "où tous les aveugles peuvent voir", il y aurait sûrement un foyer pour lui... Heureusement donc que le texte sauve la mise.

- "Ya Ya" (Robinson/Dorsey/Lewis) : Tony Sheridan conclut cet album en public avec cette chanson qui sera reprise bien plus tard par John Lennon en solo. Il s'agit d'un bon petit twist, entraînant et simple comme il faut. Le narrateur raconte tout simplement qu'il attend sa petite amie et lui demande de se dépêcher de venir pour ne pas qu'il s'inquiète. Le morceau est divisé ici en deux parties, avec une seconde partie bien plus enjouée que la première avec un très bon groupe derrière, une bonne batterie et un orgue cette fois-ci pas trop lourd. Le public semble apprécier, moi aussi !

Et c'est ainsi que nous en avons terminé avec ce premier album. Honnêtement, ce n'est pas un album fondamental dans la discographie des Beatles parce qu'en plus, c'est beaucoup plus Tony Sheridan qui est à l'honneur dessus. Mais pour les amateurs, il a son importance car, comme le dit Bill Harry dans le livret, cette période des Beatles à Hambourg fut essentielle pour eux et leur répertoire joué à l'époque est constitué de toutes leurs références musicales, de tous les artistes qu'ils aimaient et qui les ont influencé par la suite. La musique des Beatles n'est pas née à partir de rien. Cet album est donc intéressant dans le sens où il propose les racines musicales de l'oeuvre magistrale des Beatles.

Les morceaux à retenir : "Ain't She Sweet", "Cry for a shadow", "My Bonnie", "Why" et "Ya Ya".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cela veut dire qu'il n'y a que deux chansons ou ce sont les Beatles qui chantent?

Cocoloko a dit…

En effet, cet album est plus un document où les Beatles apparaissent ici et là qu'un véritable album bien à eux. Les Beatles sont mis en avant sur la pochette uniquement dans le but de faire vendre... business is business...