jeudi 21 juin 2012

Concert : Ayo. - Café de la Danse

Si je compte bien, cette nouvelle performance live d'Ayo. devait être la 17e que j'ai vu... Oui, ça fait beaucoup, record à battre. Et encore, je pense que j'ai zappé (volontairement) une ou deux courtes prestations, donc on doit plus approcher les 19 voire 20 !

Mais là, ça faisait assez longtemps que je ne l'avais pas vu pointer le bout de son nez sur scène, si on excepte justement un showcase à la Fnac et un petit show VIP pour la réouverture d'une boutique Morgan sur les Champs-Elysées. Et ça, donc, je ne vous en avais pas parlé, parce qu'il ne s'agissait pas de concerts à proprement parler.

Bref, la dernière tournée d'Ayo. par chez nous, c'était l'an dernier pour assurer la promotion de son 3e album, "Billy-Eve". Un an plus tard, la grande chanteuse a visiblement changé de cap, de petit ami et s'offre un petit tour estival pour se remettre dans le bain avant de sortir prochainement un 4e album.

Elle l'a d'ailleurs un peu évoqué sur la scène du Café de la Danse, l'une des scènes de ses débuts, petite, avec une grande proximité avec le public (que j'avais déjà essayé une fois, en 2007, pour voir Da Silva). Dans ses grandes prises de parole, désormais légendaires, Ayo. a en effet semblé touchée par, selon elle, un certain échec de "Billy-Eve" et du besoin de passer à autre chose. Du coup, elle fait table rase du tout "électrique" pour amorcer une série de concerts "acoustiques", avec un pianiste, une contrebassiste (et guitariste) et un batteur.

Avant cela, la salle, déjà comble, a goûté de nouveau aux douces ballades de la franco-australienne Emilie Gassin, déjà première partie d'Ayo. il y a deux ans, lors de son dernier Olympia. Celle-ci n'a pas changé son répertoire, toujours plus ou moins le même, gentil, sympa, mais pas de quoi casser la baraque non plus.

Celui d'Ayo. fut assez intéressant, serré, avec une majorité de chansons de son premier album dont le fameux "Down on my knees" qu'elle aurait bien zappé vu sa réaction quand le public l'a demandé en choeur. Ayo. craint de finir comme Gloria Gaynor avec "I will survive". Elle n'a pas tort, maudit public.

Pour le reste, c'était donc du grand classique, toujours bon et enjoué, avec de nouveaux (sauf le pianiste de ses débuts) et (toujours aussi) excellents musiciens. L'artiste a donc encore beaucoup bavardé, parfois en chantant, et on a senti un certain côté improvisé, tantôt mignon tantôt agaçant car occasionnant de sérieuses pertes de temps. Pas de rappel par exemple !

Mais il y eut tout de même d'autres jolis moments comme cette séquence passée au sein du chaleureux public pour reprendre du Bob Marley, cette invitation sur scène de deux chanteuses amateurs issues de ce même public pour l'accompagner sur "Down on my knees" puis son fils Nile à la batterie ou encore ces deux ou trois nouveaux morceaux qui s'annoncent très bien.

Au final, ce n'était pas son concert le plus abouti, on a senti beaucoup de flottement, mais ça faisait aussi partie du charme d'une artiste qui laisse beaucoup de place à la liberté et à la créativité. Ayo. distille également toujours autant de fraîcheur et de bonne humeur qu'il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit de grave. Espérons qu'elle garde la voix et la musique, ses principaux atouts, et qu'elle poursuive sa route avec optimisme.

dimanche 10 juin 2012

Concert : Garland Jeffreys - Divan du Monde

Il y a une semaine, l'un des vétérans du rock des années 1970, Garland Jeffreys était de passage à Paris dans le cadre d'une petite tournée européenne vantant les mérites de son dernier album en date.

Son nom ne vous dit sans doute pas grand chose, mais ce petit bonhomme a vécu dans l'ombre des plus grands. Camarade de classe de Lou Reed, il a oeuvré dans son sillage ainsi que dans celui de Bruce Springsteen, Paul Simon, Bob Marley ou encore Bob Dylan. De toutes ces amitiés, Garland Jeffreys a retiré beaucoup d'influence et un style du coup très polyvalent, allant du rock brut au reggae en passant par de la pop exotique.

Le rocker new-yorkais a traversé les décennies tranquillement au rythme d'une douzaine d'albums, de plus en plus espacés au fil des années. Pour ma part, c'est par hasard, grâce à son plus gros tube, "Wild in the streets", que je l'ai connu, il y a environ trois ans. C'est pour moi l'une des meilleures chansons rock de tous les temps, rien que ça.

Alors quand j'ai aperçu que le petit (et gros, les années passent) Garland était dans la place, je n'ai pas hésité, d'autant plus que le concert avait lieu au Divan du Monde, une petite salle que j'aime beaucoup pour la proximité idéale donnée au public d'avec l'artiste. Si vous m'avez bien lu, c'est là que j'avais vu Jeff Lang. Lors de ce dernier concert, j'avais pu rencontrer Tété dans le public (Jeff Lang avait été sa première partie à l'Olympia). Cette fois, c'est Antoine de Caunes qui était parmi nous, grand fan (et ami ?) de Garland Jeffreys depuis toujours.

En première partie, nous avons eu droit à un duo en solo. Le chanteur d'In Between, Frédéric, nous a expliqué que normalement ils étaient deux, mais pas ce soir-là. Ils sont évidemment français, chantant en anglais. Bon, ça chante bien, c'est du folk tout doux, tout mignon, mais quel ennui ! En plus, les chansons avaient toutes des titres hyper recherchés ("Home sweet home", "Song with no name", "The power of music"...) et ne parlons pas des paroles, vraiment simples et naïves. Bref, merci de l'effort, mais il y a encore du boulot.

A côté, Garland Jeffreys a fait l'effet d'une bombe et a déchaîné un public fort anglo-saxon et fort âgé, il faut bien le dire. Avec un super groupe (un guitariste old school à la Keith Richards, enchaînant les bières, un batteur placide tout aussi de la vie vieille et deux plus jeunes aux claviers et à la basse), le New Yorkais a tout donné, se mettant en transe sur chaque chanson qui, si je ne les connais pas toutes, étaient aussi bien récentes que plus anciennes.

La folie l'a gagné jusqu'à descendre chanter son rock jusque dans le public à deux reprises, même si la remontée sur scène fut loin d'être facile ! Je n'avais pas vu ça depuis Ayo., c'est dire l'événement ! En tout cas, énorme performance du vieux rocker qui nous a livré son répertoire avec bonheur, intensité et même deux rappels (dont un joli dernier avec son tube exotique, "Matador", joué à la guitare acoustique). Même si je ne connaissais pas tout, j'ai pu vibrer sur chaque chanson avec un climax, forcément, sur "Wild in the streets".

Je n'ai finalement pas eu souvent l'occasion de voir de vrais concerts de rock'n'roll dans ma vie et celui-là, dans une petite salle chauffée à blanc, a été juste exquis. L'ambiance anglo-saxonne m'a transporté ailleurs, avec Garland Jeffreys, au coeur d'un New York des années 1970 chaud comme la braise. Ce concert restera assurément comme l'un des meilleurs auxquels j'ai pu assister. Du grand show avec peu de moyens. Chapeau.