mardi 22 octobre 2024

Concert : Dhani Harrison - La Maroquinerie

C'est le deuxième fils de Beatles qu'il est m'est donné de voir en concert après Sean Lennon à la fin des années 2000 (à Paris et à Londres, je ne sais pas pourquoi je n'avais pas chroniqué ses concerts ici même). 

Je suis moins fan de la musique de Dhani Harrison, qui s'est orienté plutôt vers des sonorités sombres et profondes, bien moins légères et mélodiques que son père. Il faut bien essayer de se démarquer ! Mais le quarantenaire ne semble pas pour autant mettre toutes ses chances de ce côté avec seulement quelques participations à des projets musicaux au fil de sa carrière, c'est plutôt un homme de l'ombre, producteur et compositeur. Puis il a tant à faire à entretenir l'héritage musical de George Harrison et relancer son label, Dark Horse.

Ce n'est que récemment que Dhani Harrison a sorti deux albums en son nom propre, "In Parallel" en 2017 et "Innerstanding" en 2023. De même, il est plutôt rare sur scène en dehors de projets collectifs. Ainsi, cette "tournée" ne comportait que trois dates : Berlin, Paris la semaine dernière et Londres hier soir. J'avais pu voir un avant-goût de sa performance live dans un concert enregistré en studio et diffusé peu avant sur sa chaîne YouTube. Il y jouait son dernier album en intégralité : un rock lourd, puissant, teinté d'électronique.

A Paris, c'est donc La Maroquinerie qui l'accueillait. Une petite salle, située en sous-sol, où je n'avais jamais été voir de concert. Il y a juste une fosse avec des gradins surélevés mais sans place assise. L'avantage : une proximité immédiate avec la scène et un bon son. Il n'y avait pas vraiment foule, mais une bonne majorité de boomers avec la même curiosité que moi de voir à quoi ressemblait en vrai le rejeton Harrison. Très peu de fans purs et durs je pense.

La première partie était assurée par l'Australienne Mereki, accessoirement compagne de Dhani Harrison. Avec son groupe composé de jeunes musiciens qu'on aurait dit tout droit sortis de l'adolescence - elle-même fait très jeune mais elle a 39 ans -, la blonde a joué les chansons de son prochain album à venir. Son genre : du rock plutôt sympa, à la Blondie.

Dhani Harrison a lui proposé un set bien cadré, enchaînant tout simplement ses deux derniers albums (sans rappel, sans reprise de papa pour les boomers). Entouré d'un solide groupe (dont un guitariste punk à l'attitude très drôle, trépignant de pouvoir envoyer du gros son avec son instrument, et Mereki pour quelques morceaux), le fils du Quiet Beatle a ainsi confirmé qu'il était avant tout un musicien perfectionniste et non pas un "performer". Peu bavard (mais néanmoins sympathique), il ne prenait pas la peine d'annoncer le nom des morceaux ou d'en expliquer la teneur, se contentant de remerciements, de confier que Paris est la ville la plus belle du monde et espérant ne pas nous avoir rendu sourds (la musique était effectivement très forte).

Changeant de guitare électrique pour quasiment chaque morceau, Dhani Harrison se tenait aussi malheureusement peu face au public, constamment de profil, tourné sur sa console électronique lui permettant d'envoyer toutes sortes de sons accompagnant donc ses morceaux de rock alternatif. On le voyait aussi régulièrement maugréer quand le son ne lui convenait pas. 

Difficile de ressortir personnellement ébloui par ce concert, surtout parce que ce n'est pas mon genre de musique préféré, mais ma curiosité a été satisfaite et je resterai le premier soutien de tous les membres de la galaxie Beatles ! Et mon accompagnatrice, que je pensais barber avec ce show, a beaucoup aimé (même plus Dhani que Mereki !). Si j'ai pu faire une heureuse, tant mieux.

lundi 14 octobre 2024

Concert : Ayo. - Les Docks

Voyant sur les réseaux sociaux Ayo. s'éclater dans sa nouvelle vie de surfeuse à Tahiti, je m'étais dit que nous pouvions faire une croix sur sa carrière musicale. Mais non, revoilà la chanteuse allemande d'origine nigériane de retour avec un septième album, "Mami Wata", et une tournée dans la foulée de sa sortie pour le défendre. Des concerts qui ont lieu à travers l'Europe, mais principalement en France, le pays qui, je crois, lui a apporté le plus grand succès depuis ses débuts. Mais le temps a passé et j'ai constaté que les salles et villes sur son chemin ne sont plus aussi grandes qu'il y a bientôt 20 ans.

Deux dates étaient prévues en Suisse, une première à Zurich et une seconde à Lausanne, où j'étais la semaine dernière. C'est d'ailleurs dans ce cadre que j'ai eu l'immense privilège de pouvoir interviewer Ayo. (par téléphone) pour mon journal. Je n'en avais jamais eu l'opportunité, un rêve s'est réalisé (sa manager m'avait donné 15 minutes, on a papoté pendant une heure !). Je n'ai pas eu le temps de lui raconter ces quelques fois où nous nous sommes croisés (lire mes nombreux posts antérieurs), mais je comptais aller la revoir cette semaine à l'occasion d'un showcase à la Fnac des Ternes à Paris pour vérifier si elle se rappelait de moi ! 

Mais retour à Lausanne avec ce passage d'Ayo. aux Docks, une petite salle que je fréquentais pour la première fois. C'est un lieu composé d'une unique fosse et qui accueille plutôt des concerts de rock et de hip-hop en général. Enfin, il y a un peu de tout, mais assez peu de grosses pointures vu la taille, ou alors des "anciennes" (Matmatah, Nena, The Pretenders...).

En première partie, c'est la jeune chanteuse franco-suisse (originaire de Paris mais vivant à Zurich) Lily Claire qui a occupé la scène. Seule à la guitare folk accompagnée d'une autre guitariste (électrique), elle a joliment chanté (en français) des morceaux romantiques plutôt mélancoliques. Elle nous a quand même gratifié d'une chanson "optimiste" pour la fin (parce que son management lui a demandé, a-t-elle dit !). Un bon moment !

Et puis ce fut le tour d'Ayo.. A l'image de son nouvel album, pour cette tournée, pas de grandiloquence sur scène : un pianiste et un contrebassiste (tous deux excellents) l'accompagnent. Elle a ouvert le show avec la chanson-titre "Mami Wata", seule avec sa voix toujours aussi puissante et un conga. La suite de la setlist était composée majoritairement de morceaux du nouveau disque à l'exception d'"Afro Blue" et "Royal" (ce dernier pour unique morceau de rappel), ainsi que des classiques de son premier album "Down on my knees" et "Life is real". Sans oublier un morceau de son opus new-yorkais "Ayo." suggéré sur les réseaux sociaux par une personne du public.

Une setlist assez resserrée pour un concert de près de deux heures malgré tout car l'artiste n'a pas perdu son habitude de raconter in extenso l'histoire derrière chaque morceau (ou presque) interprété. Des prises de parole assez longues mais qu'on lui pardonne parce que sincères et signes de proximité avec son public (on a notamment appris comment elle en était venue à vivre à Tahiti ou encore que son fils aîné l'avait bloquée sur les réseaux sociaux...). Le plus drôle est de voir ses musiciens commencer à jouer doucement les chansons à venir, ce qui peut durer plusieurs minutes, comme pour lui demander d'abréger, tout en guettant quand Ayo. a bel et bien terminé son récit.

J'ai en tout cas particulièrement apprécié ce concert, toujours parce que je suis profondément touché par cette artiste et sa voix qui m'émeut souvent aux larmes, mais aussi parce que la taille de la salle offrait une proximité et une belle acoustique.

Et donc je me suis rendu à Paris pour la revoir (mais pas que, j'avais un autre concert, compte rendu dans le prochain post). Ayo. avait été invitée par la Fnac des Ternes pour un showcase. C'était d'ailleurs grâce à ces showcases que j'avais pu jadis lui parler. Là, il y avait beaucoup moins de monde qu'avant, c'était un peu triste. Seule une quinzaine de chaises avaient été installées. Elles ont toutes été occupées et quelques personnes en plus sont venues combler l'espace, mais je pense que nous n'étions pas plus d'une trentaine dans le public (en comptant son équipe et celle de la Fnac). 

Cette fois, Ayo. était un peu malade et avait peu dormi, donc pas au top de sa forme, mais, en compagnie du pianiste Vincent Bidal (qui a joué sur "Mami Wata", mais pas sur scène à Lausanne, et accessoirement compagnon de Natasha St-Pier), elle a offert tout de même un joli récital acoustique de trois ou quatre morceaux de l'album (avec les longues explications qui vont avec !). Ensuite, place à la dédicace et, là aussi, sa générosité et sa sincérité ont fait qu'elle partageait un long moment avec chaque fan présent. Sans doute un peu trop (mais c'est aussi la faute des fans qui ne pensaient pas aux suivants) car on approchait de l'heure de fermeture du magasin et la pression était de plus en plus importante sur les gens, dont moi, pour aller vite. 

Au final, je ne voulais pas lui tenir la jambe trop longtemps, je lui ai juste fait signer la version papier de mon interview ainsi que son album. Elle m'a dit m'avoir reconnu dans le public à Lausanne (alors que donc on ne s'était pas croisé depuis des années). Je ne sais pas si c'est vrai, mais je ne peux qu'être heureux de partager une très relative proximité avec une artiste que j'admire. Vivement le prochain concert (ce devrait être le 20e si mon compte est bon !).

mercredi 2 octobre 2024

Concert : Moby - Vaudoise aréna

Moby en concert est un événement qui m'a toujours laissé plus ou moins dubitatif. Comment retranscrire de l'électro dans une salle immense voire un stade sans que ce soit chiant ? Je ne sais pas si l'occasion d'aller le voir sur scène s'est déjà présentée pour moi, mais je ne l'avais en tout cas jamais saisie jusqu'ici.

Cette fois, sa venue à Lausanne la semaine dernière (seule date en Suisse de sa courte tournée européenne "Play 25", qui s'y terminait d'ailleurs), dans une salle pas trop grande (la Vaudoise aréna est une patinoire à l'origine, qui peut accueillir jusqu'à 12.000 spectateurs en mode concert), m'a donné un petit accès de nostalgie et je me suis décidé à y aller.

En plus, cela tombait bien, sa tournée célébrait donc le 25e anniversaire de son album majeur "Play" qui m'a fait connaître (et aimer), via le film "The Beach", le bonhomme (comme une bonne partie de son public je pense). Même si je dois dire qu'au final, j'ai aussi apprécié son album suivant, "18", et que je me suis arrêté là. 

La première partie était assurée par la sculpturale chanteuse américaine Lady Blackbird. Cette dernière a percé ces dernières années dans un registre soul-jazz, ayant pris son nom de scène après sa reprise du "Blackbird" de Nina Simone, son premier titre majeur. Elle nous l'a d'ailleurs interprété ainsi que d'autres morceaux uniquement accompagnée d'un guitariste, son impressionnante voix assurant le reste. C'était néanmoins un peu monotone.

Puis Moby est arrivé... avec son groupe ! Au départ, et ce qui avait attisé mon scepticisme, je pensais qu'il serait plus ou moins seul avec son ordinateur voire des choristes. Mais agréable surprise, il y avait bien deux choristes (absolument remarquables, point fort du show), mais aussi un batteur, une claviériste, une violoniste et une violoncelliste (un peu toc). Et Moby jouait lui majoritairement de la guitare électrique (assez bien d'ailleurs) ainsi que du conga et un peu de synthé. En bref, que de la "vraie" musique ou presque.

Le bonhomme n'a pas trop mal vieilli, portant des tatouages sur les bras et le cou en soutien aux droits des animaux (des vidéos militantes étaient diffusées en préambule du concert dont tous les bénéfices étaient reversés à des associations pro-animales, et les buvettes de la salle ne servaient que de la nourriture végétarienne). Sur scène, il avait une drôle de démarche quand il jouait de la guitare, allant frénétiquement d'un bout à l'autre de la scène. Il n'a pas non plus été très bavard en dehors d'une ou deux anecdotes dont celle liée au dernier morceau du concert, "Thousand", l'une de ses premières compositions techno inaugurée en public lors d'une rave en Suisse en 1992.

Côté setlist justement, il semble que Moby n'ait rien modifié de concert en concert, avec une part consacrée donc à l'album "Play", six morceaux sur la vingtaine au total, le reste étant issu en majorité de ses albums suivants. On a aussi eu le droit à une reprise intimiste de Johnny Cash ("Ring of fire") pas totalement réussi car le chanteur a demandé au public de réaliser le solo de trompette avec sa propre voix, sauf que celui-ci ne connaissait pas vraiment cette chanson (moi y compris) et donc n'a pas bien compris quand c'était à lui de chanter ni ce qu'il devait chanter. Un flop donc. Réussies en revanche les performances de Lady Blackbird sur deux morceaux, "Walk with me" et "Why does my heart feel so bad ?".

Au final, mon sentiment était partagé à la fin du concert. Agréablement surpris du rendu des chansons les plus rock ("Lift me up", "We are all made of stars"...) grâce au groupe et impressionnantes choristes (et heureusement car le son était fort, mais très bon), mais un peu plus mitigé sur les morceaux plus électro car pas tellement adaptés à la scène et un peu répétitifs pour ces mêmes chanteuses. Néanmoins, la note est tout de même positive car cela m'a bien fait plaisir de réécouter ces titres au parfum de nostalgie.