vendredi 18 juillet 2025

Concert : Seu Jorge - Montreux Jazz Festival

Deux ans après ma dernière venue au Montreux Jazz Festival, j'étais de retour cette année, au début du mois. Les concerts de cet événement sont si chers (100 fr. minimum) qu'il faut vraiment être sûr de bien aimer pour sortir le portefeuille. C'est pour cela que j'ai zappé l'édition de l'an dernier lors de laquelle aucun artiste n'a suffisamment retenu mon attention pour que je consente à dépenser autant d'argent. Cette année d'ailleurs, j'aurais aussi bien aimé aller voir Bloc Party, mais ils ouvraient seulement le concert de Pulp, que je ne connais que de nom, donc j'ai renoncé.

Bref, deux concerts m'ont tapé dans l’œil pour cette édition dont celui de Seu Jorge pour la soirée brésilienne du festival - je vais au second concert samedi, donc patience. Après Anitta et Gilberto Gil, c'est le troisième artiste brésilien que je vois à Montreux et, une fois de plus, c'était inédit pour ma part (par contre, lui était déjà venu plusieurs fois).

Seu Jorge, je l'ai connu d'abord acteur, dans "Cidade de Deus" et surtout dans "The Life Aquatic with Steve Zissou", de mon chouchou Wes Anderson, où il avait percé internationalement grâce à ses reprises merveilleuses de David Bowie. En dehors de cette B.O., j'ai un seul album de lui donc je ne connais pas très bien, mais j'apprécie pas mal tout de même. Et je voulais justement aller voir ce concert pour me convaincre encore plus. 

Depuis l'année dernière, le Montreux Jazz Festival n'a plus l'écrin de son centre des congrès, en travaux, pour accueillir ses concerts. La grande scène se trouve ainsi à l'extérieur, sur le lac Léman, tandis que le (fameux) casino de la ville reçoit lui la petite scène. C'est sur cette dernière que Seu Jorge se trouvait. Je ne m'attendais pas du tout à une salle aussi petite. Il s'agit certes d'une salle destinée à recevoir des spectacles, mais elle est relativement ouverte et la scène en elle-même est à peine surélevée. Pire, les places les plus chères, assises, sont situées devant la scène tandis que les moins onéreuses, debout, sont reléguées sur les côtés et derrière cette surface assise. Une configuration que je n'ai pas appréciée car la vraie ambiance se retrouve alors reléguée sur les côtés, les gens dansant tandis que tout le milieu voit les "riches" et VIP assister au concert tranquillement assis en buvant du champagne. Pour un concert de ce type en tout cas, cela ne collait pas du tout. 

Pour la "première partie" (ce n'est pas comme cela que le Montreux Jazz Festival la qualifie) en revanche, c'était convenable. En effet, c'était le doux duo pop brésilien Anavitória qui se présentait. Il est composé d'Ana Clara Caetano Costa et Vitória Fernandes Falcão, et je l'avais connu au Brésil où il s'est révélé il y a dix ans environ. Les deux jeunes femmes, dont l'une joue de la guitare, chantent divinement bien, accompagnées dans cette tournée européenne, qu'elles concluaient à Montreux, de deux autres musiciens (guitares et clavier). Si leurs morceaux sont très semblables, on a vécu un très joli moment qui donne envie de les écouter plus encore.

Puis est arrivé Seu Jorge en tenue très décontractée et lunettes noires sur le nez, entouré d'un orchestre assez massif (guitare, basse, clavier, cuivres, percussion, batterie...). Lui aussi est actuellement en tournée européenne (et même un peu au-delà). Pour le Montreux Jazz Festival, il a adapté sa setlist avec un peu plus de morceaux "tranquilles" on dira, à savoir ses propres compositions "lentes", mais aussi deux reprises de David Bowie à la sauce "Life Aquatic" (dont "Life on Mars", un pur régal) et une reprise de bossa nova ("Chega de Saudade").

Pour le reste, Seu Jorge et sa bande ont offert un superbe show, revisitant sa carrière d'hier à aujourd'hui (il a sorti un album cette année) en donnant tout malgré l'étroitesse de la scène. Musicalement, c'était pointu avec d'excellents musiciens et chanteurs. Tandis que le roi de la soirée assurait comme un beau diable, avec une "coolitude" absolue dans son attitude et ses chorégraphies. Il n'hésitait pas également à raconter quelques anecdotes et il a salué avec chaleur le nombreux public brésilien présent (dont ma chère et tendre évidemment).

Même si on se déhanchait comme on pouvait sur les côtés de la salle, on regrettait donc une partie du milieu assise et presque sans âme, forçant justement le groupe à venir chercher l'ambiance plutôt sur bords extérieurs de la scène. Il a fallu attendre l'ultime morceau, au bout de deux heures environ, une reprise du classique brésilien "Mas que nada", pour que les gens face à la scène daignent se lever et se dandiner un peu. 

A la fin, le public, aux anges, ne voulait plus partir tellement la soirée avait été incroyable. Encore une soirée brésilienne parfaitement réussie cette année au Montreux Jazz Festival. Vivement la suivante ! 

jeudi 10 juillet 2025

Concert : Ayo. - Olympia

Et le voici, si le compte est bon, mon 20e concert d'Ayo. Et quel lieu plus merveilleux pour fêter cela que l'Olympia, à Paris ? Si j'ai aussi bien compté, c'était mon 6e show de l'Allemande d'origine nigériane dans cette salle mythique (mais le premier assis, nous y reviendrons).

Ce concert, qui a eu lieu le mois dernier, avait été annoncé il y a un moment déjà, alors que sa tournée automnale pour défendre son dernier album "Mami Wata" a semblé être un succès - et où je l'avais retrouvée à Lausanne -, avec notamment une série de concerts parisiens au Café de la danse qui avait affiché complet. Ayo s'offre donc, dans la continuité, une tournée estivale qui passe de (petit) festival en festival avec l'exception de ce show à l'Olympia, lui aussi complet. Je ne l'y avais plus vu depuis 15 ans et j'ai fêté cela avec ma chère amie Audrey qui découvrait pour la première fois cette salle en mode concert ainsi que la chanteuse de mes rêves.

Pour l'anecdote, lorsque nous nous sommes rendus sur place, nous avons croisé Ayo. sur le boulevard des Capucines. Audrey l'a repérée avant moi, qui ne l'ai vue qu'en me retournant et constaté que c'était bien elle qui se baladait tranquillement avec ses enfants 1h30 avant de monter sur scène. Relax.

Pour ce concert, l'Olympia était donc configuré en mode "places assises" même en fosse. Un choix sans doute motivé par le fait que la setlist s'est pas mal assagie et que la mise en scène est des plus sobres, la chanteuse étant accompagnée que d'un pianiste et d'un contrebassiste. 

Avant cela, la première partie était assurée par un vieil ami d'Ayo., Badié, qui ouvrait déjà ses shows il y a près de 20 ans. C'était lui aussi qui était là lors du premier concert que j'ai vu d'elle à l'Olympia en 2006. Malheureusement, malgré ses sympathiques ritournelles reggae, l'artiste semble n'avoir jamais percé... Moi je n'ai rien contre, mais Audrey n'a pas du tout aimé. Bon.

Et puis est arrivée Ayo., seule sur scène avec ses percussions pour "Mami Wata". Mise en scène très sobre donc, nous étions vraiment à un concert de soul-jazz. La setlist était extrêmement proche de celle entendue l'automne dernier, avec évidemment une large place faite aux morceaux de son dernier album, mais elle picore aussi dans le tout premier, "Joyful", avec notamment l'incontournable "Down on my knees", et ses autres plus récents.

Comme d'habitude, je n'ai pu retenir l'humidité de mes yeux lors des morceaux les plus touchants d'Ayo., dont la voix continue de me faire frissonner. Et on a ri aussi, bien sûr, quand la chanteuse se met à bavarder sans jamais réussir à s'arrêter. J'avais déjà entendu quelques-unes des histoires (autour des morceaux la plupart du temps), mais pas toutes heureusement. Le plus drôle est qu'elle a même dit ce soir-là "Je parle trop, j'avais promis de ne pas trop parler". C'était évidemment raté et ce n'est pas grave du tout, tant elle dégage à la fois humour et sincérité, et aussi gravité quand elle évoque des sujets d'actualité qui la touchent.

Pour le rappel, nous avons notamment eu le droit à deux nouveaux morceaux joués pour la première fois, aussi efficaces qu'entraînants. Et, lors du second, Ayo. n'a pas renié son rituel en descendant se mêler au public de la fosse ! C'était cette fois plus simple avec les places assises, elle n'a eu qu'à circuler dans les couloirs, tout en étant tout de même arrêtée par les nombreuses personnes venant l'enlacer. Elle est passée tout près d'Audrey et moi, mais nous nous sommes contentés de regarder le spectacle du public transi, pudeur oblige.

La chanteuse est ensuite remontée sur scène pour l'ultime morceau de ce long show de retrouvailles avec l'Olympia, "Royal", dédié à son premier producteur, décédé l'an dernier.

A la sortie, des étoiles encore plein les yeux et les oreilles, nous avons pu constater que ce merveilleux concert nous avait abrité le temps d'un monstrueux orage qui s'est abattu sur Paris. Joli refuge donc que cet Olympia toujours aussi magique. Ayo. repassera le mois prochain en Suisse pour un petit festival en Valais, mais je crois que je ferai l'impasse cette fois, même si, avec elle, je suis toujours impatient du prochain concert.

mercredi 2 juillet 2025

Concert : Cat Power - Théâtre de Beaulieu

Cat Power, c'est le type de chanteuse folk-indie dont je connais le nom, mais dont je suis incapable de citer le moindre morceau. Et peut-être que je connais certaines de ses chansons sans avoir pu mettre son nom dessus. 

Alors pourquoi décider d'aller la voir lors du passage de sa tournée à Lausanne le mois dernier ? Eh bien parce que, déjà adepte des reprises, elle s'est mise à chanter du Bob Dylan et à en faire un spectacle à part entière. 

Tout a commencé en novembre 2022 lorsqu'elle a décidé de refaire intégralement le concert de 1966 de son compatriote au Royal Albert Hall de Londres. Cela a débouché sur un album live sorti l'année suivante puis une tournée internationale toujours en cours: "Cat Power sings Dylan".

La venue d'un ami fan de Dylan (et de Cat Power, mais ça je ne le savais pas) m'a ainsi encouragé à prendre des billets. Et puis donc moi aussi j'aime assez le barde américain.

J'avais déjà été une fois au Théâtre de Beaulieu, grande salle de spectacle lausannoise récemment rénovée - elle a notamment accueilli l'Eurovision 1989, pour une représentation, pas très fameuse, de la comédie musicale "West Side Story". C'était en tout cas gage d'excellente acoustique et cela s'est confirmé, le son était parfait, un régal.

Malheureusement pour Cat Power, heureusement pour nous, le concert était loin d'être complet donc nous qui étions au fond du balcon avons même été invités à nous replacer bien plus à l'avant de celui-ci et c'était encore plus agréable à suivre.

Pas de première partie et l'élégante chanteuse est arrivée sur scène, d'abord avec une guitariste et un claviériste (et excellent joueur d'harmonica). Pas d'instrument pour Cat Power qui s'est contentée du seul micro comme accessoire (et d'un pupitre avec un cahier contenant les paroles des chansons dont elle tournait les pages au fur et à mesure, un peu amateur pour ce coup-là). Les premiers morceaux étaient donc plutôt acoustiques avant qu'à la moitié du spectacle, le reste du groupe ne débarque pour la partie "électrique" qui divisa tant les fans de Bob Dylan à l'époque.

Les quinze reprises du concert étaient magnifiques - même si je n'en connaissais que très peu, la chanteuse apportant sa touche à elle et, elle a beau avoir souffert de problèmes de santé mentale et d'alcoolisme, elle a encore du coffre. Sa voix formidable, tout en nuances, accompagnée par un groupe de grande qualité, a donc offert un récital presque parfait. 

Outre ce pupitre un peu envahissant, on regrette en effet aussi ces quelques (mais tout de même rares) prises de parole entre les morceaux, aussi confuses que gênantes. Elle partait un peu dans tous les sens sans grande cohérence. 

Mais on gardera avant tout le souvenir de la musique. Mon ami était aux anges et moi aussi. Bob Dylan est sans doute très fier de l'hommage que lui rend Cat Power.