Deux ans après ma dernière venue au Montreux Jazz Festival, j'étais de retour cette année, au début du mois. Les concerts de cet événement sont si chers (100 fr. minimum) qu'il faut vraiment être sûr de bien aimer pour sortir le portefeuille. C'est pour cela que j'ai zappé l'édition de l'an dernier lors de laquelle aucun artiste n'a suffisamment retenu mon attention pour que je consente à dépenser autant d'argent. Cette année d'ailleurs, j'aurais aussi bien aimé aller voir Bloc Party, mais ils ouvraient seulement le concert de Pulp, que je ne connais que de nom, donc j'ai renoncé.
Bref, deux concerts m'ont tapé dans l’œil pour cette édition dont celui de Seu Jorge pour la soirée brésilienne du festival - je vais au second concert samedi, donc patience. Après Anitta et Gilberto Gil, c'est le troisième artiste brésilien que je vois à Montreux et, une fois de plus, c'était inédit pour ma part (par contre, lui était déjà venu plusieurs fois).
Seu Jorge, je l'ai connu d'abord acteur, dans "Cidade de Deus" et surtout dans "The Life Aquatic with Steve Zissou", de mon chouchou Wes Anderson, où il avait percé internationalement grâce à ses reprises merveilleuses de David Bowie. En dehors de cette B.O., j'ai un seul album de lui donc je ne connais pas très bien, mais j'apprécie pas mal tout de même. Et je voulais justement aller voir ce concert pour me convaincre encore plus.
Depuis l'année dernière, le Montreux Jazz Festival n'a plus l'écrin de son centre des congrès, en travaux, pour accueillir ses concerts. La grande scène se trouve ainsi à l'extérieur, sur le lac Léman, tandis que le (fameux) casino de la ville reçoit lui la petite scène. C'est sur cette dernière que Seu Jorge se trouvait. Je ne m'attendais pas du tout à une salle aussi petite. Il s'agit certes d'une salle destinée à recevoir des spectacles, mais elle est relativement ouverte et la scène en elle-même est à peine surélevée. Pire, les places les plus chères, assises, sont situées devant la scène tandis que les moins onéreuses, debout, sont reléguées sur les côtés et derrière cette surface assise. Une configuration que je n'ai pas appréciée car la vraie ambiance se retrouve alors reléguée sur les côtés, les gens dansant tandis que tout le milieu voit les "riches" et VIP assister au concert tranquillement assis en buvant du champagne. Pour un concert de ce type en tout cas, cela ne collait pas du tout.
Pour la "première partie" (ce n'est pas comme cela que le Montreux Jazz Festival la qualifie) en revanche, c'était convenable. En effet, c'était le doux duo pop brésilien Anavitória qui se présentait. Il est composé d'Ana Clara Caetano Costa et Vitória Fernandes Falcão, et je l'avais connu au Brésil où il s'est révélé il y a dix ans environ. Les deux jeunes femmes, dont l'une joue de la guitare, chantent divinement bien, accompagnées dans cette tournée européenne, qu'elles concluaient à Montreux, de deux autres musiciens (guitares et clavier). Si leurs morceaux sont très semblables, on a vécu un très joli moment qui donne envie de les écouter plus encore.
Puis est arrivé Seu Jorge en tenue très décontractée et lunettes noires sur le nez, entouré d'un orchestre assez massif (guitare, basse, clavier, cuivres, percussion, batterie...). Lui aussi est actuellement en tournée européenne (et même un peu au-delà). Pour le Montreux Jazz Festival, il a adapté sa setlist avec un peu plus de morceaux "tranquilles" on dira, à savoir ses propres compositions "lentes", mais aussi deux reprises de David Bowie à la sauce "Life Aquatic" (dont "Life on Mars", un pur régal) et une reprise de bossa nova ("Chega de Saudade").
Pour le reste, Seu Jorge et sa bande ont offert un superbe show, revisitant sa carrière d'hier à aujourd'hui (il a sorti un album cette année) en donnant tout malgré l'étroitesse de la scène. Musicalement, c'était pointu avec d'excellents musiciens et chanteurs. Tandis que le roi de la soirée assurait comme un beau diable, avec une "coolitude" absolue dans son attitude et ses chorégraphies. Il n'hésitait pas également à raconter quelques anecdotes et il a salué avec chaleur le nombreux public brésilien présent (dont ma chère et tendre évidemment).
Même si on se déhanchait comme on pouvait sur les côtés de la salle, on regrettait donc une partie du milieu assise et presque sans âme, forçant justement le groupe à venir chercher l'ambiance plutôt sur bords extérieurs de la scène. Il a fallu attendre l'ultime morceau, au bout de deux heures environ, une reprise du classique brésilien "Mas que nada", pour que les gens face à la scène daignent se lever et se dandiner un peu.
A la fin, le public, aux anges, ne voulait plus partir tellement la soirée avait été incroyable. Encore une soirée brésilienne parfaitement réussie cette année au Montreux Jazz Festival. Vivement la suivante !