Acoustic Ladyland est, selon mes sources, un récent collectif de musiciens anglais qui a créé un gros buzz outre-Manche ces dernières années à l'aide de deux albums très remarqués.
J'ai en ma possession le deuxième, "Last Chance Disco". Il m'a été offert un peu par hasard lors de mon stage à Libération par une journaliste qui se débarrassait de ses "cadeaux" promotionnels. Je n'ai pas voulu refuser...
Puis la pochette de cet album m'a tout de suite intrigué et plu : on y voit le corps sans tête d'une jeune femme en tenue de soirée et talons aiguilles, cambrée, avec, en lieu et place d'un boulet de bagnard attaché à son mollet, une boule à facettes. Très symbolique et très esthétique.
A l'intérieur du disque, sans livret, une photo des quatre musiciens, en costume et regardant tous vers le haut : Sebastian Rochford aux percussions, Tom Herbert à la basse, Peter Wareham au saxophone et Tom Cawley aux claviers. Pas de guitare...
Eh non, parce que je ne l'ai pas encore précisé mais Acoustic Ladyland, c'est du jazz. Enfin ce serait très réducteur de se cantonner uniquement à ce genre mais c'est la tonalité principale de leur musique qu'ils développent en même temps vers d'autres sonorités : pop, rock, funk... Enfin voilà, c'est pas du jazz à papa, ça vogue constamment sur des ondes éclectiques et actuelles.
Par ailleurs, même si le contenu de cet album est très (trop) homogène, il est impossible de s'ennuyer tellement le rythme est élevé, le saxo rageur et le tout extrêmement festif.
Alors voyons un peu ce que cela donne, piste par piste...
- "Iggy" (Wareham) : ça commence très fort avec ce morceau dédié sans doute à Iggy Pop ! Le saxophone est le leader de ce titre, se lançant dans un solo phénoménal du début à la fin, entraînant derrière lui une fureur de basse et percussions.
- "Om Konz" (Wareham) : C'est la basse qui introduit merveilleusement bien ce morceau, suivi du clavier de manière épileptique et très rythmée. Le saxophone suit ensuite, toujours avec ce son déraillé qui fait la particularité de la plupart des morceaux de l'album. Cela peut paraître assez agaçant à la première écoute mais on finit par s'habituer puis finalement apprécier cette sonorité bien particulière. Ce titre est dédié au compositeur Olivier Messiaen et au groupe les Yeah Yeah Yeahs.
- "Deckchair" (Wareham) : Morceau très funky avec à nouveau une très jolie basse et un saxophone qui mène la danse avec ce son velouté et grinçant à la fois. On a droit à un thème récurrent, répété constamment avec qques intermèdes plus doux. La fin est même particulièrement hard rock !
- "Remember" (Wareham) : Un peu de douceur avec ce titre dont le saxophone vient à nouveau rompre la monotonie. La suite s'accélère légèrement avec un rythme lorgnant du côté du rock tout en restant constamment très sombre, moins plaisant donc que les précédents.
- "Perfect Bitch" (Wareham/Wareham) : Allez, on reprend un peu de rythme avec ici un morceau chanté ! C'est très jazzy, très entraînant avec claquements de mains et saxophone tonitruant. Le titre du morceau est suffisamment évocateur pour savoir de quoi ça parle...
- "Ludwig Van Ramone" (Wareham) : Titre au rythme soutenu à nouveau mais dont on apprécie particulièrement les périodes plus calmes avec un superbe thème de saxophone, proche de morceaux déjà entendus par le passé, années 80 notamment. Hommage à Beethoven et aux Ramones (ou Phil Ramone ?) ?
- "High Heel Blues" (Wareham/Wareham) : Au vu du titre, on peut penser qu'on aura le droit à un blues de saxophoniste, il n'en est rien, c'est au contraire très rock, tendance hard à nouveau. Le saxophone part dans un tourbillon complet, proche d'un solo de guitare électrique à l'extrême.
- "Trial and error" (Wareham) : On se calme un peu avec ce morceau bien charmant, un peu mélancolique, avec un joli duo basse-saxophone, accompagnés d'une batterie légère. Le clavier arrive plus tard, et ajoute encore un peu plus de légèreté. Mon morceau préféré ? Il y a des chances...
- "Thing" (Wareham) : Encore du lourd et du gros son pour ce titre et le saxophone rejoint les graves de la basse et de la batterie, s'alignant sur leur même rythme. Puis vient le clavier saturé qui adoucit tout cela. ça sonne à nouveau très rock et ça fonctionne pas mal.
- "Of you" (Wareham/Rochford) : Retour au funk jazzy avec ce morceau bien pêchu dont on apprécie particulièrement la basse. La structure est au départ de facture assez classique avant de partir complèment en vrille presque improvisée.
- "Nico" (Wareham) : Un très joli thème pour finir. Une rengaine jazzy-pop initiée par le saxophone pour une fois mesuré, et très bien accompagné par le reste de la troupe. ça commence doucement avant de s'enflammer par la suite.
A l'écoute de cet album, on retient donc la grande qualité de ses musiciens et surtout la prépondérance du saxophone. Mais on ne s'en étonne pas en constatant que c'est son utilisateur qui a composé tous les morceaux du disque.
Autant parfois il semble se mettre un peu trop en avant avec toujours plus de surenchère aigüe, autant il sait rester modeste et simple accompagnant dans certains morceaux plus calmes. Mais c'est bien lui le leader, celui qui est le chef d'orchestre de ce joyeux groupe. S'ils avaient été des rockers, ce saxophone se serait mué en guitare électrique car c'est véritablement son rôle ici.
Son omniprésence peut donc heurter nos oreilles chétives au premier abord mais sa place est finalement gagnée parce qu'il sait varier ses sonorités et il apporte finalement beaucoup à chaque morceau qui gagne en profondeur.
Acoustic Ladyland a donc parfaitement réussi à traverser les frontières du jazz pour aborder avec pertinence celles du funk, de la pop et du rock notamment. Il est d'ailleurs assez difficile de classer leur musique. En tout cas, l'essai est globalement réussi et on en redemande.
Les morceaux à retenir : "Iggy", "Om Konz", "Deckchair", "Perfect Bitch", "Ludwig Van Ramone", "Trial and error", "Nico".
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