Ah je vous entends d'ici vous moquer de moi ! Eh bien oui, j'ai dans ma discothèque cet objet : la bande originale du film "The Bodyguard", film nunuche au possible mais culte malgré tout pour toute une génération ! (Je l'ai acquis grâce à la fusion de ma discothèque et de celle de Sei qui regorge de choses comme cela, ça promet !)
En effet, "The Bodyguard", c'est Whitney Houston au sommet de sa gloire, pour son premier film, avec le privilège de jouer aux côtés du beau Kevin Costner, lui aussi en pleine grâce en ce temps-là.
On passera rapidement sur le film qui raconte donc l'histoire d'amour entre une chanteuse (Whitney dans son presque propre rôle) et son garde du corps (Kevin) alors que la première est menacée par un dangereux psychopathe pilotée par sa propre soeur si je me souviens bien.
A belle histoire, belles chansons me direz-vous, eh bien oui, si on veut. Whitney Houston s'accapare la moitié de la B.O. dans un registre soul qui coule bien daté de cette époque et le reste est du même acabit.
Rien de bien spécial dans le livret qui nous donne la liste détaillée des chansons avec la photo de leur interprète mais aussi leurs paroles, ainsi que qques photos du film. La pochette reprend l'affiche du film sans doute.
Voyons donc un peu ce que cela donne...
- "I will always love you" (Parton) : C'est en m'intéressant un peu plus à cette chanson que j'ai découvert qu'elle n'était pas du tout à mettre au crédit de Miss Houston. Non non, ce tube monstrueux est l'oeuvre originale de la chanteuse Country non moins célèbre, Dolly Parton, qui l'a composée au début des années 70. On reviendra peut-être un jour sur son interprétation chevrotante à laquelle on préfère largement celle de Whitney, tout en puissance. Malgré un affreux solo de saxophone typique de cette époque révolue (joué par Kirk Whalum, saxophoniste renommé pourtant), Houston apporte une belle fluidité et une tonalité soul bienvenue. Alors oui, elle se met bien à hurler au bout d'un moment et les séquelles ont été terribles parmi les spectateurs de karaoke et autres télé-crochets. Cependant, Whitney est le maître-étalon. Tout cela est produit par l'obscur David Foster, qui fait de la figuration dans le film. Pour finir, les paroles sont plutôt attendrissantes : la narratrice dit en fait au revoir à son bien-aimé pour des raisons un peu inexpliquées. Elle lui souhaite une belle vie et de l'amour, en lui rappelant bien entendu qu'elle l'aimera pour toujours ("I will always love you"...).
- "I have nothing" (Foster/Thompson) : On reste dans la soul romantique avec cette chanson composée à la fois par le producteur David Foster et Linda Thompson, actrice, chanteuse et ancienne compagne d'Elvis Presley (rien que ça !). Whitney Houston impose à nouveau sa puissance modérée, sans en faire trop, bien dans son cadre soul. On regrettera encore certains arrangements, notamment cette orchestration synthétisée absolument hors d'âge. Les paroles décrivent une âme tourmentée par l'amour qui tient à rester auprès de son bien-aimé parce qu'elle n'a rien sans lui ("I have nothing if I don't have you"). Reste que cette chanson a quand même été nominée pour le Grammy Award et l'Oscar de la meilleure chanson.
- "I'm every woman" (Ashford/Simpson) : Voici à nouveau la reprise d'un grand tube, cette fois d'une chanson interprétée à l'origine par Chaka Khan en pleine période disco (et Whitney Houston faisait partie des choeurs !). Elle avait été écrite par un couple de compositeurs issu de la Motown qui a contribué à beaucoup de succès de chanteurs soul et disco, tels Diana Ross. Remis au goût du jour 90's, ça commence pas mal, doucement, mais après, c'est terriblement raté avec percussions et synthés tous plus horribles les uns que les autres. On a droit à un des prémices de l'affreux R'n'B qui va oeuvrer et qui oeuvre encore sur le monde aujourd'hui. Cette horreur est produite par un certain Narada Michael Walden qui reçut le prix de la B.O. de l'année 1993 pour cet album et qui a produit notamment Mariah Carey et Aretha Franklin. En ce qui concerne les paroles, c'est pas très clair mais en gros, la chanteuse dit qu'elle est toutes les femmes et donc qu'elle peut forcément arriver à plaire à l'homme qu'elle vise... hem hem...
- "Run to you" (Rich/Friedman) : Avec ce titre, on tombe dans le sirupeux complet avec un accompagnement synthétisé au possible et une Whitney Houston pas très inspiré et qui fait trop de "ouh ouh ouh" pour moi. Les paroles sont du même ordre, celles d'une jeune femme déclarant son amour pour un homme, elle veut "courir jusqu'à lui" ("Run to you"), elle a besoin de lui, elle veut qu'il la protège, etc... Du très classique. Bon mais elle s'interroge aussi, de savoir s'il voudra bien rester avec lui ou bien se barrer bien loin d'elle ! Ce sont Allan Rich et Jud Friedman, deux compositeurs de musique de films, qui ont commis cette soupe... blurp !
- "Queen of the night" (Houston/Reid/Babyface/Simmons) : Morceau beaucoup plus funky ici, très inspiré de Michael Jackson. Whitney Houston fait, pour la première fois dans cet album, valoir ses compétences sur une chanson un peu plus rythmée et tonique. C'est très répétitif et hurlant mais ça reste assez correct. Cette chanson a été composée entre autres par le célèbre duo L.A. Reid-Babyface très connu dans le milieu soul-R'n'B, Daryl Simmons fait partie de cet entourage aussi. A noter également que Whitney Houston est également créditée sur ce titre, sans doute pour les paroles qui sont assez pauvres. Elle dit en gros qu'elle est la Reine de la nuit ("Queen of the night"), qu'elle a tout pour elle et donc qu'il faut pas trop venir l'ennuyer. Super.
- "Jesus loves me" (Warner/Bradbury) : Il s'agit ici d'une reprise d'un morceau religieux apparemment connu aux Etats-Unis, écrit au XIXème siècle. La musique est de William Bradbury et Anna B. Warner y a adapté des paroles. Cette dernière ne s'est pas foulée car le texte consiste à dire tout au long du morceau "Jésus m'aime, c'est la Bible qui le dit". Je ne connais pas la version originale mais en tout cas, cela a été remis au goût du jour de l'époque, avec force de synthés sirupeux. Ce n'est même pas du gospel et on s'ennuie pas mal malgré la bonne volonté de Whitney Houston. Le guitariste Paul Jackson Jr (très connu dans le monde du R'n'B) aurait participé à la chanson mais on n'entend guère sa guitare... Dans les choeurs, on retrouve deux chanteurs de gospel, BeBe Winans et Claude McKnight III, ainsi que l'acteur Alvin Chea. C'est le dernier morceau de Whitney Houston sur l'album.
- "Even if my heart would break" (Golde/Gurvitz) : ça commence mal avec le saxophone bien mielleux de Kenny G, comme à l'époque... ça n'évolue pas plus, restant dans la chanson câline jusqu'au bout avec la voix bien douce et R'n'B d'Aaron Neville. Le texte est gnangnan à souhait : le narrateur chante à sa belle qu'il a été partout dans le monde et qu'il n'a trouvé le paradis que dans ses yeux... ou encore que même si c'est l'hiver en eden (?), quand il est avec elle, c'est l'été dans son coeur... Rrrrrrrrrrr... Et le refrain reprend le titre : "Même si mon coeur se brise, je t'aimerai toujours...". Les auteurs de ce morceau sont les obscurs Franne Golde, qui a écrit pour pas mal d'artistes différents du même genre (Céline Dion, Cristine Aguilera...), et Adrian Gurvitz.
- "Someday (I'm coming back)" (Stansfield/Morris/Devaney) : Ce titre est dû à Lisa Stansfield, chanteuse britannique de R'n'b qui a navigué entre les 80's et les 90's. Son morceau est ici un peu rythmé mais à la fois bien pataud à cause d'une orchestration mêlant sons électroniques et saxophone horrible (ça commence à faire beaucoup là...). Quand on écoute ce titre, on a l'impression d'écouter un condensé de r'n'b du début des 90's, fade et ennuyeux, et surtout qui ne se démarque absolument pas du reste. En fait, ce morceau a été composé par le trio du groupe des années 80 "The Blue Zone" : Lisa Stansfield, Ian Devaney, son futur mari, et Andy Morris. Ils ont connu le succès à ce moment-là mais ce fut assez furtif. Les paroles de cette chanson s'adresse à l'homme qu'elle aime, qui l'a quitté. La narratrice lui déclare qu'un jour elle reviendra et qu'en fait, elle n'attend qu'un geste de sa part pour revenir... Ouais ben c'est pas avec cette chanson qu'elle va le faire changer d'avis ! :-(
- "It's gonna be a lovely day" (Withers/Scarborough/Clivilles/Cole/Never/Visage) : Toute une clique de personnes pour produire un morceau simili rap-r'n'b qui sent bon les 90's. C'est l'obscure Michelle Visage qui apporte sa voix douce et sensuelle sur ce titre des non moins obscurs "The S.O.U.L. S.Y.S.T.E.M."... Je n'ai trouvé aucun information sur ce groupe qui semble être un collectif électro de l'époque avec notamment aux manettes Robert Clivilles et David Cole. Cependant, si j'ai bien compris, cette chanson est du fameux chanteur soul Bill Withers pour les paroles je pense et Skip Scarborough pour la musique, remise donc au goût du jour par le groupe pré-cité. Le résultat est une bouillie difficile encore une fois à discerner du reste des choses de ce genre produites à cette époque. La chanteuse émet qques éclats de voix à la fin mais passe le plus clair de la chanson à murmurer une sorte de rap soft sur une musique électro naze. Le texte est plutôt élaboré, la narratrice (à l'origine un homme) déclarant sa flamme à son bien-aimé, lui indiquant, en gros, que si elle est avec lui, elle est certaine que la journée sera belle. En écoutant cela, ce n'est vraiment pas un beau jour pour nous !
- "(What's so funny 'bout) Peace, love and understanding" (Lowe) : Un peu de rock avec ce titre interprété par Curtis Stigers, ex-chanteur pop des années 80 devenu crooner de jazz depuis. Cette chanson, de Nick Lowe (ex-Kippington Lodge et Rockpile), a connu un gros succès grâce à sa reprise par Elvis Costello. Ici, ça change complètement du reste de l'album pour le moment. On est dans le country-rock assumé, rythmé et entraînant avec un peu de saxo mais pas trop, toujours dans l'air du temps. Stigers a une bonne voix, intéressante, un peu à la Joe Cocker mais plus nasillarde et moins puissante. Pour les paroles, je fais l'impasse, j'en ai pas trop compris le sens ;-)
- "Waiting for you" (Kenny G) : Le saxophoniste Kenny G est de retour avec cet instrumental. C'est aussi doux que c'est mou, avec évidemment le saxophone en tête d'affiche. C'est donc horriblement sirupeux et daté. On a l'impression d'avoir entendu ce thème dans toutes les séquences "émotion" de tous les films des années 80-début des années 90...
- "Trust in me" (Midnight/Swersky/Beghe) : La dernière chanson (mais pas le dernier titre) de l'album est interprétée par Joe Cocker, avec à ses côtés, essentiellement pour les refrains, la chanteuse canadienne Sass Jordan. Cette dernière a connu qques succès d'importance dans les 90's et a fait partie du jury de la version canadienne de "Pop Idol". Ce morceau a été composé exclusivement pour la B.O. du film et c'est pas plus mal. Je n'ai pas d'informations sur les auteurs de celui-ci sinon que Charlie Midnight est l'auteur de plusieurs autres B.O.. Ici, rien de bien neuf au pays de Joe Cocker qui, toujours avec force et retenue, nous interprète une chanson pop-rock assez banale. Il clame à sa belle de lui faire confiance, qu'il sera toujours là pour elle quand elle aura besoin.
- "Theme from The Bodyguard" (Silvestri) : On finit l'album en sombre douceur avec ce thème qui fait probablement office de générique de fin au film et qui ressemble à tous les génériques de fin possible, absolument banal. Son compositeur, Alan Silvestri, est d'ailleurs un spécialiste des musiques de films puisqu'il en a écrit vraiment beaucoup depuis le milieu des années 80, dans tous les styles, de "Predator 2" à "Stuart Little 2" !
On ressort un peu épuisé de cette bande originale je dois dire. Tout comme le film, les chansons qui vont avec sont malheureusement très marquées par leur époque de composition et on échappe quasiment jamais, soit aux solos de saxophone, soit aux prémices d'un R'n'b médiocre et synthétique.
Les chansons de Whitney Houston sont donc assez variées mais aucune n'arrivent à la cheville de l'impeccable chanson-phare du film, "I will always love you", qui en arrive elle à dépasser sa version originale. Pour le reste, c'est pas plus varié non plus, restant dans la tonalité du film, soul-r'n'b. Il y aurait sans doute moyen de faire mieux aujourd'hui.
Ainsi, c'est le genre de film que l'on peut aimer si on veut mais dont il n'est vraiment pas nécessaire de se procurer la B.O. qui va avec comme l'a fait ma délicieuse compagne ! ;-)
Les morceaux à retenir : "I will always love you", "(What's so funny 'bout) Peace, love and understanding".
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