dimanche 19 octobre 2008

The Beatles - Please Please Me (1963)

Entamons la folle épopée des Beatles par le commencement avec ce premier album officiel qu'est "Please Please Me".

Si cet album n'est évidemment pas considéré comme le meilleur du groupe parce que c'est quand même le premier, il est tout de même juste extraordinaire, ne serait-ce qu'en connaissant les conditions dans lesquelles il a été enregistré. Difficile à croire avec le système actuel où l'album de n'importe quel artiste met souvent plusieurs semaines voire mois à être finalisé, mais pour celui-ci, les Beatles n'ont eu besoin que d'une seule journée, et même moins : 585 minutes soit 9h45 !!! Avec 14 chansons, enregistrées ainsi quasiment en live... chapeau...

Revenons un peu arrière avec l'aide du journaliste anglais Tony Barrow qui, dans le livret du CD, nous raconte la genèse de cet album. Ainsi, les Beatles ont surtout éclos sur le devant de la scène britannique fin 1962 avec "Love me do" qui cartonne. La Beatlemania peut débuter, on ne parle plus que d'eux, toutes les critiques sont élogieuses, la popularité augmente toujours plus et les chiffres de vente avec ! Barrow explique que l'industrie du disque anglaise va s'intéresser immédiatement à ce nouveau "son", qu'il soit vocal ou instrumental, introduit par les Beatles. Brian Matthew, animateur de plusieurs émissions musicales anglaises, décrit le quatuor comme "le nouveau groupe le plus excitant et accompli visuellement et musicalement depuis les Shadows". Tony Barrow raconte ensuite, et avec raison, qu'il ne s'est pas trop emballé au début car ce ne sont pas forcément les groupes qui cartonnent avec un seul tube qui durent. Puis, au vu de cette popularité non démentie au fil des semaines, de toutes ces filles rendues folles par le son des Beatles, il a fini par se laisser prendre au jeu. Leur second single, "Please Please Me", achevant de le convaincre. Le monde de la musique était bien face à un phénomène sans précédent.

Quand il décrit la singularité de la musique des Beatles, Tony Barrow parle de "Do it yourself". Depuis le début, les Beatles réalisent tout eux-mêmes, leurs lignes musicales, leurs arrangements vocaux... Le journaliste dit de leur musique qu'elle est "sauvage", qu'elle frappe fort et qu'elle est surtout "personnelle". C'est là que se confirme le "Do it yourself", la musique des Beatles est avant tout originale, du début à la fin. Ils créent tout eux-mêmes et ne copient jamais personne. Bien entendu, les influences se font ressentir et les Beatles ont également chanté des reprises, mais ils apportent à chaque fois leur propre patte et celle-ci est unique et géniale.

Pour ce premier album qui venait combler l'attente incroyable des fans après seulement deux singles, les Beatles proposent huit de leurs compositions ainsi que six de leurs reprises préférées, issues de leur répertoire live. Cet album est, comme le décrira plus tard George Martin, une revue de ce que les Beatles jouaient sur scène en plus de compositions originales.

La très belle pochette de l'album montrant nos quatre héros penchés au bord d'un balcon a été réalisée tout bêtement dans l'immeuble d'EMI à Londres ! C'est une jolie photo, les Beatles sont beaux, frais et souriants, peut-être pas encore totalement conscients de la révolution qu'ils sont sur le point de créer...

- "I saw her standing there" (McCartney/Lennon) : Elle entame parfaitement l'album, punchy comme il faut, emballant la machine avec une belle décontraction. Il s'agit en fait d'une très ancienne chanson, probablement l'une des premières écrite par Paul McCartney, encore adolescent. Typiquement rock'n'roll, elle bouge bien, avec un rythme effréné de bout en bout, avec une jolie ligne de basse, une batterie folle et un solo de guitare un peu hésitant mais qui tient la route. McCartney a déjà une voix fabuleuse pour chanter ce genre de rock "flamboyant", un peu rauque mais assez pure en même temps. Les paroles sont très efficaces également avec déjà pas mal de gouaille. Paul raconte une scène d'ado typique, il aperçoit une fille qui lui plaît, son coeur fait "Boum" immédiatement, il ne peut aller danser qu'avec elle. Alors il traverse la pièce, lui prend la main et ils dansent toute la nuit, tombant amoureux l'un de l'autre... et jamais plus il ne dansera avec une autre depuis qu'il l'a vu. C'est très simple, très mignon, et surtout très efficace !

- "Misery" (McCartney/Lennon) : On ralentit un peu la cadence avec cette chanson, à nouveau composée par le célèbre duo. Je l'aime beaucoup ce morceau avec sa mélodie oscillant entre la mélancolie et un rythme plutôt joyeux. Musicalement, c'est très classique mais les qques notes de piano apportées par le producteur George Martin ajoute un vrai plus et une vraie singularité. Malheureusement, le morceau est beaucoup trop court, à peine deux minutes ! Les paroles contrastent totalement avec la chanson précédente puisque le chanteur, John Lennon ici, utilisant l'effet "double-voix", exprime tout son désarroi, le monde (ou plutôt la vie je pense) le traitant si mal. Misère ! (Misery) Lennon pleure sa petite amie qu'il vient de perdre, il a peur de ne plus jamais la voir, alors il se rappelle toutes ces petites choses qu'ils faisaient ensemble, et regrette car c'était vraiment celle qu'il aimait. Sans elle, c'est la misère... Vraiment un bon titre, l'un de mes préférés mais je l'aurais aimé un peu plus longue.

- "Anna (go to him)" (Alexander) : Première reprise de l'album et pas la plus dégueulasse comme on dit chez nous. Son auteur original, Arthur Alexander, était un chanteur soul qui plaisait beaucoup à Lennon et à moi aussi, après écoute de son oeuvre à lui. La reprise des Beatles est en tout cas très respectueuse mais vraiment belle. La jolie lead guitare d'Harrison remplace le piano de l'originale et c'est délicieux. Il y a également des choeurs lanscinants en plus, qui ajoutent au désespoir du chanteur, Lennon, et de sa voix magnifiquement cassée... Ringo assure parfaitement le rythme derrière, tout va bien, on se laisse aller et on espère que notre pauvre chanteur retrouvera sa belle très bientôt... Eh oui, parce que les paroles sont bien tristes; l'auteur s'adresse à Anna, sa bien-aimée, qui va le quitter pour un autre qui l'aime plus que lui (selon ce dernier). Il veut bien la laisser partir, il fait face à ce tragique destin sentimental qui le poursuit, mais avant cela, il veut récupérer la bague qu'il lui avait donné et lui dire une dernière fois combien il l'aime... Un peu le même thème que la chanson précédente donc, mais ça reste très plaisant.

- "Chains" (Goffin/King) : A nouveau une reprise, cette fois signée du célèbre couple d'auteurs-compositeurs américains Gerry Goffin et Carole King. Ce n'est pas leur chanson la plus connue et la plus reprise mais apparemment, elle a bien plu aux Beatles. Elle fait très country-folk, avec Harrison en lead mais suivi de près, la plupart du temps, par les choeurs de Lennon et McCartney. Introduite à l'harmonica, elle suit son cours tranquillement mais je la trouve quand même un peu pataude et répétitive, ça manque d'énergie et de dynamique. Elle fait un peu bouche-trou mais bon, on en voudra pas trop au jeune George d'exprimer ses sentiments ! Ici, l'auteur, au contraire des chansons précédentes, demande à sa bien-aimée de le lâcher un peu parce que l'amour de celle-ci l'étouffe, il se sent "enchaîné" ("Chains"). Pauvre George... ;-)

- "Boys" (Dixon/Farrell) : Après la première apparition de George au micro, voici venu le tour de Ringo ! Cette chanson est également une reprise, cette fois d'une face B des Shirelles, mais en bien plus énergique que l'original. Immédiatement très punchy, la voix grave de Ringo sonne ici très bien au milieu des choeurs aigus de ses partenaires (c'est surtout Paul qu'on entend d'ailleurs, souvent très criard). La basse de Paul détonne tandis que George s'offre un petit solo pas méchant mais sympa, ouvert par son batteur : "All right George !". Bref, les Beatles y mettent toujours du coeur quand ils placent leur tonique batteur sur le devant de la scène, et ça fonctionne terriblement. La chanson a beau être très simpliste, de la musique aux paroles (ça parle de garçons, de baisers et de hey hey bop chou bap), cela remet de la pêche dans l'album. Et, il faut savoir que le morceau a été enregistré en une seule prise, c'est juste impressionnant ! Go Ringo go go go !

- "Ask me why" (McCartney/Lennon) : On se calme un peu ici avec cette jolie balade signée de notre fameux duo. Une chanson toute en douceur et rondeurs, très sweet soul mais avec toujours cette splendide voix de Lennon qui se démarque. Les choeurs sont délicieux (ah les "wou wou wou wou"), on nage dans la beauté pure des chansons d'amour des Beatles. Bien que mineure, je trouve cette chanson très bien structurée, travaillée et avec déjà beaucoup de maturité malgré son apparente simplicité. Ce fut ainsi une bien jolie Face B pour le single du morceau qui va suivre. Le texte est encore assez mélancolique bien que positif, l'auteur semble en fait tout émotionné d'être amoureux et si heureux avec sa belle. Ah la jeunesse...

- "Please Please Me" (McCartney/Lennon) : Et un gros tube pour clore la Face A de l'album... Originellement lente et bluesy, George Martin a beaucoup insisté et travaillé pour lui donner plus de rythme et d'énergie. Une fois le résultat convainquant, il lui prédit un avenir radieux, et il eut raison. Ce fut l'un des tout premiers hits des Beatles. Juste 2 minutes de bonheur ! Intro à l'harmonica, supers riffs de guitare, une batterie léchée, et un duo vocal Lennon-McCartney au top (les supers "come on come on"), une fin délicieusement désordonnée, totalement efficace. On a là affaire à une magnifique pépite pop qui est l'un des socles de ce que sera toute l'oeuvre des Beatles. Le texte est assez simple, Lennon a subi pas mal d'inspirations ici et là, on sent qu'il joue aussi avec les mots et les sonorités. Mais, en gros, il demande à sa copine de faire des efforts pour lui montrer son amour comme lui le fait pour elle. Allez, on se bouge les filles ! ;-)

- "Love me do" (McCartney/Lennon) : On entame la Face B de l'album avec l'autre gros tube qui a fait débuter la légende, mais qui, je ne sais pas pourquoi, ne m'a jamais vraiment emballé. Je ne comprends même pas son succès, c'est dire ! Je suis pas fan de l'harmonica, des chants, du rythme... C'est très blues et bien chanté, soit, mais voilà, c'est ultra répétitif et n'avance jamais très loin. Je fais donc un blocage, ça m'arrive avec qques rares chansons de mes idoles, souvent parmi les plus connues, trop connues peut-être ? I don't know... Toujours est-il que je la trouve donc un peu plombante. On n'accablera pas notre duo préféré avec des paroles ma foi très bateau (un garçon qui demande à une fille de l'aimer... wouah...). Allez, j'arrête, je me fais du mal !

- "P.S. I love you" (McCartney/Lennon) : Cette petite bluette me plaît bien mieux, où Paul fait son crooner du haut de ses 20 ans à peine... Il est la plupart du temps accompagné de John pour le refrain, sur un rythme très bien tenu, toujours le même quasiment, du tout début à la fin. Emballé c'est pesé en à peine 2 minutes, pas la peine de faire plus étant donné la répétition constante du thème. Mais c'est frais, tout juste mélancolique et ça marche très bien. Les paroles sont d'une extrême simplicité, quasiment toujours les mêmes, l'auteur chantant ce qu'il écrit à sa belle dans une lettre d'amour... A noter quand même qu'elle a été écrite bien plus tôt qu'elle n'a été enregistrée donc ça excuse un peu la "jeunesse" de la chose, et aussi que le bon Ringo n'est qu'aux maracas sur ce morceau, la batterie étant assurée par Andy White, mais à la fois, rien de très compliqué ici.

- "Baby it's you" (David/Williams/Bacharach) : Encore une chanson des Shirelles (mieux)reprise par les Beatles (après "Boys", un peu plus haut), notamment composée par le fameux Burt Bacharach. Ici, rien à voir avec la précédente, on se relaxe : "Sha la la la la la...". Une très belle mélodie (avec une basse un peu à la "Stand by me"), et un super John Lennon à la baguette, terriblement romantique et séduisant. Je suis moins convaincu par les choeurs de ses collègues (sans doute plus jolis quand ils sont féminins comme dans la version originale) mais l'ensemble sonne très bien. Le solo reste aussi bizarre avec un piano électrique avec une drôle de sonorité. Les paroles de Luther Dixon (alias Barney Williams) et Mack David sont tout à fait poignantes, une véritable déclaration d'amour d'une femme à un homme (l'inverse pour les Beatles évidemment). Celle-ci dit que quoique les mauvaises langues puissent dire (sans doute une histoire de réputation), elle aime son bien-aimé plus que tout, c'est celui que son coeur a choisi pour la vie ("Baby It's you"). Très efficace.

- "Do you want to know a secret" (McCartney/Lennon) : Les chansons les plus courtes sont-elles les meilleures ? Je ne sais pas mais celle-ci me botte vraiment, peut-être ma préférée de l'album. Composée par Lennon (surtout) et McCartney, inspirée de Disney et peu inspirée par ses auteurs d'ailleurs, qui l'ont laissé à George pour qu'il la chante. Ma foi, ils ont eu tort, elle est juste délicieuse... Le début est original, un peu crooner, puis la chanson démarre sur un joli petit rythme, une basse toute en toucher et de très belles guitares. Et un George qu'on sent assez hésitant dans la voix et ses capacités vocales (notamment les ouh ouh ouh), mais au final, on obtient un morceau entraînant et des plus charmants. Le texte est à nouveau super simple, l'auteur confie à sa belle un secret... : il est amoureux d'elle ! Mais c'est bien tourné, très mignon et on s'en délecte à chaque écoute.

- "A Taste of honey" (Scott/Marlow) : Oeuvre composée par Bobby Scott à la musique et Ric Marlow au texte, cette chanson était l'une des favorites de Paul McCartney à l'époque. On se rapproche ici plus d'un répertoire qu'on qualifiera de "traditionnel", un peu jazzy par séquences. McCartney chante de façon très formelle, aidé de ses camarades aux choeurs graves. C'est en tout cas la seule chanson de l'album qui sort du genre pop-rock-skiffle. Intermède ma foi pas vilain mais un peu vieillot. Les paroles sont elles très poétiques, le "goût du miel" du titre évoque les lèvres de la demoiselle dont l'auteur se souvient et à qui il promet de revenir très bientôt y goûter...

- "There's a place" (McCartney/Lennon) : Pas le temps de s'endormir à nouveau avec le retour du groove, ou plutôt de l'énergie, conjointe ici, de John et Paul qui s'associent pour un duo enthousiaste. Encore une chanson assez mineure mais des plus emballantes, avec un rythme pas effréné mais bien soutenu. Pas vraiment de refrain, mais un couplet similaire au début et à la fin. Entre les deux, un deuxième couplet sur la même mélodie et puis un pont chanté, bien joli également. Bref, que du bon dans cette chanson qui évoque un lieu où l'auteur se réfugie quand il ne se sent pas bien, il peut y penser à sa belle et se sentir mieux. Ainsi, c'est une sorte de chanson pour se motiver et on peut dire que le pari est gagné.

- "Twist and shout" (Medley/Russell) : Et nous voici déjà à la dernière chanson, le climax de l'album... En effet, les chansons ayant été enregistrées dans l'ordre, celle-ci fut la dernière de la session et le pauvre John Lennon n'avait plus de voix, étant malade à l'origine. Il n'y eut que deux prises et la première fut la bonne, John ayant tout perdu sur la seconde ! Cette chanson, signée de Phil Medley et du fameux producteur Bert Russell, est emblématique du rock'n'roll du début des années 60, c'est un pur tube, endiablé comme jamais, et ainsi repris par de nombreux artistes différents, surtout des groupes évidemment. Les Beatles n'y ont pas échappé et en donnent l'une des meilleures versions qui existe sur le marché. Parce que Lennon y donne tout ce qu'il lui reste de voix et parce qu'il démontre sa véritable âme de rocker. On retrouve dans cette chanson toute la fougue et la jeunesse des Beatles de cette époque. La mélodie est géniale, John dirige son groupe comme un vrai leader, avec Paul et George derrière, au taquet. Chaque écoute me donne des frissons... et il y a ce suspense musical juste avant les "aaaaah aaaaah aaaah aaaah" où chacun des membres apporte sa contribution avant de crier un bon coup. Côté texte, c'est simple et énergique, le chanteur invitant sa belle à "twister", soit danser et crier également ! Wouhou !

Pour un premier album, c'est tout de même très convainquant. Certes, le système est aujourd'hui bien différent de ce qui se faisait à l'époque et il est difficile de le placer dans le contexte actuel.

Je pense que je n'arriverai jamais à établir de classement des albums des Beatles, d'autant plus qu'ils sont vraiment différents les uns des autres et qu'il y a des périodes très distinctes. On peut dire que "Please Please Me" est vraiment symbolique de ce qu'étaient les Beatles à leurs débuts : très énergiques, motivés et passionnés, tout en sachant se montrer tendres, attentifs et réfléchis. On ressent cela dans toutes ces chansons. Les textes sont souvent très simples et directs mais tout à fait efficaces et très bien mis en musique. Il faut écrire des tubes, toucher le public et les Beatles ont su le faire très rapidement, instinctivement.

A noter aussi la très bonne utilisation de toutes leurs références musicales. Outre les reprises, souvent parfaitement choisies et mises en valeur, leurs propres compositions sont un mélange d'inspirations diverses qui font mouche. Les Beatles copient peu, ils mettent à leur sauce et le résultat est splendide.

Musicalement, c'est top, avec un super rythme, des guitares parfois hésitantes mais soutenues par une basse déjà remarquable. Vocalement, c'est irréprochable, John comme Paul sont extras, George plus timide et Ringo a déjà son style.

On trouve ainsi déjà beaucoup de maturité dans cet album, qui vient après tout de même plusieurs années de représentations furieuses entre Liverpool et Hambourg. Il ne faut pas oublier que les Beatles ne débarquaient pas ici avec ce premier album. Ils avaient déjà pas mal fait leur route et "Please Please Me" est simplement leur première grosse pierre blanche sur le marché du disque. Et quelle pierre !

Cet album se réécoute donc toujours aussi facilement parce que même si tout n'est pas flamboyant, il y recèle déjà de bien jolies perles...

Les morceaux à retenir : "I saw her standing there", "Misery", "Anna (go to him)", "Please Please Me", "Baby it's you", "Do you want to know a secret", "There's a place", "Twist and shout".

samedi 11 octobre 2008

Concert : Marie Richeux - Set de la Butte

Alors oui vous ne devez pas du tout connaître cette jeune fille mais c'est normal, elle n'est pas encore célèbre. Mais c'est pour bientôt, on l'espère, on le souhaite.

Marie Richeux, c'est tout une histoire. Je l'ai connu lors de mon stage chez Philippe Meyer, à Radio France. L'assistant du boss, Antoine, était pote avec elle qui faisait un stage à FIP. Je ne savais pas qu'elle chantait alors, aucun indice ne m'avait été donné. Je l'appris lorsqu'Antoine me parla de cette carrière naissante et parallèle qu'elle tenait et en me racontant alors la genèse de leur rencontre.

Il se baladait le nez au vent dans les couloirs de France Culture (elle est aussi passée par là...) quand il entendit une voix angélique dans un bureau, qui chantonnait. Attiré par ce divin bruit, il ne put s'empêcher d'aller jeter un oeil au bureau en question. Et c'est là qu'il surprit la petite Marie comme il l'appelle. Elle fut très confuse et gênée, mais il la complimenta et l'encouragea... Ils sont donc devenus amis et qques mois plus tard, elle commença à se produire dans qques cabarets.

Marie Richeux, c'est de la chanson infiniment française, avec des textes tout mignons et poétiques, souvent très bien affutés, sur une musique toute jolie aussi, assez simple, jouée à la guitare par son frère, excellent manipulateur de cordes. Elle parle d'amour, de famille, du temps qui passe, de souvenirs, de la société aussi, toujours en finesse et facétie.

C'est donc au Set de la Butte, mini-salle au pied de Montmartre, que je la vis en action pour la première fois. Ce fut très sobre, mini-scène à hauteur humaine, qques instruments et pieds de micros et c'est tout. Elle était donc accompagnée de son frère mais aussi de qques guests très enthousiastes : Ibrahim Maalouf à la trompette, Ludo Pin à la guitare et autres instrumentations improvisées et enfin David Têtard, qui était là "comme un poisson dans l'eau".

La petite Marie a bien chanté et l'ambiance était très conviviale, familiale et protectrice autour de notre graine de chanteuse. Je ne saurais dire pour ses influences mais au niveau de la voix, j'entends un mélange de Carla Bruni et de Pauline Croze. C'est doux, un peu cassé et ça flotte divinement bien dans l'air.

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu un concert intimiste comme ça, avec une proximité immédiate et chaleureuse. ça fait un bien fou, ça donne des ailes et j'espère que ça lui en donnera surtout à elle. Elle compose vraiment bien, elle sait se faire accompagner, il ne manque plus qu'à bâtir tout cela solidement autour d'une structure cohérente et ça pourra marcher, pourquoi pas ?

Alors bien entendu, les jolies chanteuses à texte sont nombreuses dans nos contrées et la bataille est dure pour se détacher, notamment quand on n'a pas été mannequin avant et/ou femme de président de la république, mais moi je dis, j'ai beaucoup d'espoir et de confiance en elle, si elle y croit et continue à évoluer comme cela.

La route est encore longue et parsemée d'embûches mais avec un peu d'aide et de chance, elle sera des plus belles, avec beaucoup de bonheur au bout on l'espère.

vendredi 19 septembre 2008

Concert : Ayo. - Olympia(s) / Maison de la Radio / Solidays / Fête de l'Huma / Cabaret Sauvage / Casino de Paris / FNAC

Ayo., un nom qui signifie joie dans un dialecte nigérian et qui m'en a apporté beaucoup depuis que je connais cette merveilleuse artiste.

Sa musique est douce et rythmée, sa voix est splendide, sa personnalité est sincère et enthousiaste. J'avais été happé par son premier tube, "Down on my knees", et l'album m'avait rapidement convaincu. Puis il y eut la scène et là, je ne pus me détacher d'elle.

Comme vous le voyez dans le titre, je l'ai vu à de multiples reprises, 7 fois à ce jour ! Je n'ai jamais vu un artiste autant de fois mais il faut dire qu'elle a beaucoup tourné, surtout dans Paris. Je ne sais même plus dans quel ordre j'ai vu ces concerts mais on en fera un tour rapide si l'on peut.

En fait, la première fois que j'ai voulu la voir, c'était en septembre 2006, qques temps après avoir dévoré son album. Mais m'y étant pris trop tard, ses concerts dans la capitale étaient tous complets. Je me suis rattrapé en allant la voir, pour la première fois avec Sei, en décembre de cette même année.

Après une sympathique première partie de son ami Badié, on eut le droit à un show vraiment simple et très beau. On sentait beaucoup d'émotion pour elle que de jouer dans cette salle. En plus, elle était un peu malade, obligée de s'asseoir et pas très sûre d'elle-même pour chanter. Son père était dans la salle, pression supplémentaire. Je crois que dès ses premières notes, j'ai eu les larmes aux yeux, j'étais impressionné devant tant de beauté, physique et musicale. Le concert fut magique et elle décida même de descendre chanter dans le public, au milieu de la fosse, malheureusement, on était un peu trop loin pour l'approcher...

Au deuxième concert qui était je crois, à nouveau à l'Olympia, qques mois plus tard, même programme, elle redescendit dans le public mais cette fois, on était trop près de la scène avec mes deux acolytes, Floriane et Khadija ! D'oh ! Caramba, encore raté ! Mais le show fut super et en plus filmé pour un DVD qui sortit un peu plus tard. En première partie, il y eut une chanteuse américaine de type Norah Jones, mais dont je ne me souviens pas du tout le nom.

Entre temps, je l'avais peut-être aussi vu à la Maison de la Radio, je ne sais plus. Artiste France Inter, elle leur offrit ce concert privé ou presque. Etant en stage là-bas, j'ai pu en profiter pour y assister avec Antoine. C'était très particulier, dans un grand studio de radio mais tout près d'elle. Le comble, c'est que je l'avais croisé un peu avant à la cantine de Radio-France ! Mais je n'avais osé aller la déranger... Là encore, un très beau moment où elle joua beaucoup de sa facétie. En effet, le concert était diffusé en direct à la radio et elle s'imaginait les gens qui l'écoutaient en conduisant et qui n'avaient pas la chance d'être en face d'elle comme nous.

Qques mois après, ce fut l'été, et elle participa au grand festival Solidays, à l'hippodrome de Longchamp, en marge du Bois de Boulogne. Il pleuvait, elle ne joua qu'une heure (comme tous les concerts de ce genre de festival) mais elle nous apporta le soleil. A la fin du concert, la pluie s'estompa et les nuages firent place à un très bel arc-en-ciel... Il y a des signes qui ne trompent pas !

L'été passa et ce fut la Fête de l'Huma, à la Courneuve. Ayo. était là à nouveau, c'était il y a un an, pour son anniversaire qu'on ne manqua pas de lui souhaiter. Une heure de concert mais toujours que du bon !

Qques mois plus tard, le cycle de son premier album se referma après plus d'un an de promotion sur scène. Durant tous ces concerts, elle nous jouait en général toutes les chansons de l'album ainsi que parfois une ou deux reprises, puis un fameux "Girls and Boys" où elle faisait participer filles et garçons de la salle, en compétition avec son fabuleux groupe composé uniquement d'excellents musiciens masculins. Puis elle se mettait souvent à danser aussi, faisant s'envoler sa longue et mince silhouette.

Pour le concert du Cabaret Sauvage, en novembre 2007, ce fut tout autre chose. Très jolie petite salle, mi-cabaret, mi-cirque, située dans le Parc de la Villette, toujours à Paris. Elle nous raconta qu'elle préparait un nouvel album et qu'elle voulait nous le faire partager en exclusivité, enfin la plupart des morceaux n'étaient qu'à l'état de démos. Ce fut donc un concert placé sous le signe de l'improvisation, avec bien entendu, qques chansons déjà bien connues. Ce fut vraiment très particulier, rien à voir avec un show bien rôdé au millimètre.

Et là encore, je n'eus pas de chance puisqu'elle descendit dans le public, beaucoup plus longuement, chanté avec les gens, les enlaça, les embrassa... Et moi, accompagné de ce cher Max, pas forcément fan donc plus près du bar que de la fosse, je ne pus qu'assister, impuissant, à ce joli moment de douceur et de partage avec le public. Argh !

Puis Ayo. partit tenter sa chance aux Etats-Unis lors d'une tournée où elle put notamment rencontrer mon amie Daria, à Chicago.

Je n'avais plus vraiment de nouvelles et voilà qu'un deuxième album se profile enfin officiellement à l'horizon ! Afin de l'annoncer, un concert, au Casino de Paris (où j'avais déjà été voir KT Tunstall), c'était donc dimanche dernier. L'intitulé indiquait qu'il s'agissait d'un concert spécial pour fêter son anniversaire.

Accompagné de Mélissa cette fois (mais qui était déjà là à la Fête de l'Huma avec moi), on ne manqua pas de lui souhaiter avec le joyeux mais un peu timoré public. Ce fut encore un concert particulier. Elle débuta par deux nouveaux morceaux et remarqua l'incrédulité du public devant des nouvelles chansons que l'on a pas encore pu écouter puisque son album n'est pas encore sorti ! Elle se rattrapa donc en les mêlant à des chansons du premier album qui firent s'enchanter la foule, notamment "Down on my knees" qui restera SON tube éternel et dont personne ne se lasse, à sa grande surprise !

Elle était en forme Ayo., très souriante, rigolarde et bavarde, comme d'habitude. Son groupe a totalement changé, finis les Français, place aux Américains apparemment, mais tous très excellents également. Le pianiste Lucky Peterson fut l'invité de marque du concert, ainsi qu'un choeur de gospel le temps d'une ou deux chansons mais aussi de l'arrivée de la jolie pièce montée dorée faite de macarons pour célébrer son anniversaire (28 ans). Elle commença à en distribuer qques uns au public, mais j'étais trop loin... bouh... Puis comble de stupeur, elle invita une dizaine de jeunes fans à monter sur scène avec elle pour chanter et danser !!! Hugs et embrassades furent également de la partie et je restais là, mélancolique. Quoique je n'aurais vraiment pas osé monter sur scène. Certains n'avaient pas peur, notamment cet espèce de danseur de Tektonik qui dansa tout seul sur le côté de la scène ainsi que, de l'autre côté, une jeune fille un peu délurée et visiblement stone qui se crut seule au monde...

Bref, c'était un peu n'importe quoi ce concert mais il a pu au moins nous faire découvrir de manière mieux élaborée les futurs chansons de son second album qui s'annonçait très bon !

Et il l'est, dans la pleine lignée de son prédécesseur mais on en parlera le moment venu. Elle le présentait à la FNAC cette semaine, d'abord à celle de St Lazare puis à celle des Ternes. Ce fut organisé sous forme de show-case avec, dans l'ordre, mini-concert acoustique, entretien avec le public puis dédicace.

J'ai été aux deux, avec une personne différente à chaque fois, et ce fut, je crois, l'aboutissement de ce que j'avais tant attendu depuis tous ces concerts !

A St Lazare, elle nous offrit une courte set-list de qques titres assez enjoués de son nouvel album, mais également un petit medley du précédent. Elle était donc seule à la guitare et l'on a pu apprécier toute sa remarquable technique.

Lors de l'entretien avec le public, elle a répondu à diverses questions, notamment sur sa relation avec le chanteur Patrice. Et j'en ai profité pour me lancer à mon tour dans l'arène. J'ai pris le micro et je l'ai remercié pour tout qu'elle offrait à chacun avec sa musique. Puis je me suis présenté comme étant un ami de Daria, une Américaine rencontrée à HD et qui a elle-même rencontré Ayo. lors d'un concert de cette dernière à Chicago. La chance a fait que Ayo. s'en souvenait et s'est également rappelé que Daria lui avait parlé d'un French Boy qui lui avait fait découvrir sa musique. Ce fut donc un moment très personnel qui s'est créé entre Ayo. et moi. Puis je lui ai demandé pourquoi elle avait changé de groupe, tout simplement.

Après cela vint le temps de la dédicace et du bonheur qu'il offre à chacun de pouvoir discuter qques secondes avec l'artiste et accessoirement d'en obtenir un autographe. Quand ce fut mon tour, ce fut très court mais assez long pour qu'elle me resitue, qu'on en parle vite fait, qu'elle soit toute émue que j'ai dans l'idée d'appeler un jour ma fille Ayo (!) et surtout qu'elle m'autorise à lui faire la bise... Ah quel délicieux moment...

Cet évènement fut l'occasion pour moi de découvrir quelle humanité cache ce grand bout de jeune femme. Elle est d'une sensibilité exacerbée, quasiment en larmes dès que qqu'un la complimente ou lui offre un présent. C'était vraiment très impressionnant vu de près. Jusque là, j'avais remarqué son émotion lors des concerts lorsque le public l'applaudit chaudement, mais ici, une autre dimension s'est dévoilée, extrêmement touchante. Elle se place vraiment au niveau du public et se montre très proche et à l'écoute. Bien entendu, elle ne peut sans doute pas se donner entièrement à lui mais son succès phénoménal ne l'a pas empêché de rester simple et naturelle, comme sa musique, et ceci est remarquable.

Le deuxième show-case à la FNAC des Ternes fut évidemment très ressemblant sauf que le public était plus nombreux, la set-list différente, entièrement tirée de son nouvel album mais aussi plus triste. Un piano étant présent sur scène, elle en profita pour jouer l'un de ses morceaux sur celui-ci.

Les questions furent différentes bien heureusement aussi mais du même ordre. Quant à la dédicace, je fus à nouveau ravi de pouvoir lui redire qques mots et apprécier tout son charme ! ;-)

Je suis sorti de tout cela complètement émerveillé et cela a contribué à évacuer toutes mes frustrations nées de la proximité qu'elle avait donné à tous ces gens sauf moi lors de ses concerts précédents ! :-)

Prochain rendez-vous avec la belle métisse, ce sera pour janvier, à nouveau à l'Olympia...

vendredi 12 septembre 2008

Concert : Coldplay - Voix du Gaou / Marseille / Bercy

Comme pour Manu Chao, trois concerts en un pour cette note ! En effet, j'ai vécu cette semaine mon troisième concert de Coldplay et cela m'a forcément rappelé les deux précédents, autres grands moments.

Coldplay, c'est désormais l'un des plus grands groupes de pop/rock actuels, une grosse machine de guerre qui a réussi, contrairement à d'autres groupes ou artistes du même genre, à sortir du lot et à rallier sous leur bannière un public très large et international.

Leurs deux premiers albums sont excellents, le troisième a suscité débat et le nouveau, "Viva la vida and death to all his friends", objet de cette nouvelle tournée, semble avoir déjà conquis pas mal de monde. La bande à Chris Martin est désormais parfaitement sur les rails et en qques années, les choses ont bien évolué sur scène, je l'ai constaté pour vous ;-)

Mon premier concert de Coldplay, en 2005, fut déjà pour moi un grand évènement. Le groupe, qui venait de sortir "XY", avait conquis mon coeur, j'y allais avec mon meilleur ami, fan lui aussi, et dans un cadre idyllique : une petite île varoise, en face de Six-Fours, en plein été. C'était pour les "Voix du Gaou", un festival qui commence à faire mouche, recevant chaque année de grosses pointures de la musique internationale. On accède à l'île par un unique petit pont (ou par la mer pour les plus courageux) et pour atteindre la scène, on traverse un petit bois de pins méditerranéens... Les artistes, eux, arrivent et repartent par bateau, c'est plus pratique ! En chemin vers la scène, Julien et moi avions été interrogés par France Bleu Provence, nous mettant déjà bien dans l'ambiance.

En première partie, c'était Richard Ashcroft, ex-leader de The Verve, que Chris Martin a qualifié plus tard de meilleur chanteur au monde. C'était pas mal, pas non plus trop ma tasse de thé ni celle du public qui s'endormait doucement sous les pins alors que le jour baissait peu à peu... Heureusement, le chanteur a réveillé tout le monde en terminant sa partie par le fameux "A Bitter sweet symphony".

Puis vint Coldplay pour un show très sobre au niveau du décor et des lumières, festival oblige. J'avais un peu honte parce que j'entendais tout le monde chanter les paroles et je passais un peu à côté... Mais je profitais des qques merveilleuses chansons de Coldplay, sous la nuit étoilée. On eut le droit à tous les grands tubes et à la bonne humeur de Chris Martin qui dialogua beaucoup avec le public, fustigeant son "français de merde" et appelant les demoiselles à s'emparer du coeur de son batteur, encore célibataire. Très beau souvenir donc.

Deuxième concert, qques mois plus tard sous le dôme de Marseille, la plus grosse salle de la cité phocéenne. En fosse, très bien placé, je m'y étais rendu à nouveau avec Julien mais également Emilie, une amie fan, et une copine à elle. Moi qui me sent souvent l'âme d'un grand photographe rock, j'avais pris pas moins de deux appareils ! A Six-Fours, ça avait été parce que j'avais piqué le petit appareil de mon père, facilement cachable. Là, je n'avais que mon gros Kodak, incachable. Ainsi, je l'avais roulé dans mon pull, dans mon sac. Etant à peu près certain de me faire capter, j'avais embarqué également l'appareil de ma soeur, caché de manière sommaire dans ma chaussette ! Mon sac fut fouillé minutieusement et mon Kodak trouvé, évidemment. Bing, au vestiaire. Par contre, la vigile n'a rien vérifié d'autre sur moi-même donc je suis passé tranquillement, en boîtant, avec l'appareil de ma soeur. ça c'était pour l'anecdote.

En première partie, nous avons eu le droit à Goldfrapp, groupe glam-rock bien efficace avec une sculpturale blonde au micro et des musiciens déguisés de manière très... hmmm... particulière, mi-anges, mi-robins des bois ! C'était assez lourd sonorement parlant mais c'était plutôt bien passé. Côté public, j'avais noté une forte proportion de jeunes filles et de jeunes hommes homosexuels ! Je ne savais donc plus trop où me mettre ;-)

Puis vint Coldplay... Pour le décor, on était dans le clip de "Speed of Sound" avec des écrans géants en fond de scène, faisant apparaître des animations (issues des clips de certaines chansons) ou bien les têtes des membres du groupe. Il y avait aussi cette petite lampe que Chris Martin balance dans le clip de "Fix You" et il a réédité l'exploit (à Six-Fours aussi il me semble). C'était en tout cas assez simple mais très bien foutu.

Musicalement, c'était top bien entendu, avec une play-list quasiment similaire à celle des Voix du Gaou. Chris Martin était là aussi bien en forme, répétant les mêmes jokes concernant son français mais bon, on l'excusera. Il s'est également permis une virée dans le public le temps d'une chanson. Encore un excellent souvenir c'est certain et de très belles photos à la clé...

Ce concert de Bercy, je l'attendais donc avec une très grosse impatience. D'habitude, je n'arrive pas à réaliser avant que le show n'ait lieu mais cette fois, je savais que j'allais jubiler donc je ne tenais plus en place.

Malheureusement, j'ai un poil trop tardé dans l'achat de mes places et les sites marchands ne me laissaient prendre que des tickets en tribune, donc plus chers, et pas les mieux placés. Je me suis donc résigné à acheter ces places, dégoûté que, le lendemain, un ami puisse, sur les mêmes sites, se prendre des places en fosse (ce que je voulais au départ) !

Je me suis pointé là-bas avec ma dulcinée, excité par tous les très bons commentaires issus des concerts précédents de cette même tournée, et j'ai décidé de rentrer par la file "Fosse" sauf que celle-ci s'étalait sur des km... Il était un peu tard il faut dire. Alors on est allé à notre entrée, en tribune, et c'est allé plus vite. Une fois dans Bercy, on s'est mis à nos places pour voir et malgré mes suppliques pour descendre dans la fosse, mon accompagnatrice n'a point voulu... :-(

Je me suis donc résolu à rester assis sur mon siège, quasiment en face de la scène, mais loin, dans un coin de la salle. Autant dire que les protagonistes nous sont apparus tels de petites marionnettes gigotant au milieu des lumières...

Première partie avec Albert Hammond Jr, guitariste des Strokes, pour un rock lourd plutôt enfiévré mais qui sonnait assez brouillon. Y a eu qques morceaux sympas malgré tout.

Puis Coldplay débarqua enfin. Vu d'où j'étais, c'était tout de même assez frustrant, d'autant plus qu'il y avait deux avant-scènes et donc qu'une bonne partie de la fosse pouvait les voir de près. La mise en scène justement était assez grandiose, les moyens ont considérablement augmenté, ça se voyait. Ce fut un très grand show son et lumières, on en a prit pleins les yeux et les oreilles.

Chris Martin était en forme et son français est toujours "de merde". ;-) Le groupe a finalement joué pas mal de titres du nouvel album dont "Viva la vida" qui fut LE tube du concert avec des "oh oh oh oh oh" repris à tue-tête par tout le public. Mais ils n'oublièrent pas les anciens hits, parfois passés à la moulinette ("Talk", "God put a smile upon your face" chantés sur une mini-scène) ou alors n'apportant plus vraiment d'atmosphère spéciale ("Fix You" n'est plus qu'une chanson parmi les autres...).

Mon moment préféré fut sans doute cette version toute épurée de "The Hardest part", interprétée par un Chris Martin en solo sur un piano. Puis le groupe s'invita dans le public, en pleine tribune. C'était pratiquement à l'endroit où nous étions mais dans la tribune d'en face ! Vraiment pas de bol à nouveau... Ils étaient là, devant une porte d'entrée, à chanter notamment "The Scientist" et laissant même leur batteur nous interpréter un petit air country. Très joli moment donc.

"Yellow" conclut ce concert très bien rôdé. Au final, je regrette quand même beaucoup de n'avoir pu plonger au milieu de la fosse car pour un show comme tel, c'est vraiment là qu'il faut se trouver, partager ses émotions avec le monde entier. En gradin, on n'est que spectateur d'un grand spectacle mais on ne participe pas vraiment et les écrans géants ne sont qu'une maigre compensation...

Coldplay reste donc un très grand groupe de scène que je suis à nouveau impatient de revoir un jour !

samedi 12 juillet 2008

Concert : Jack Johnson - Bercy

Jack Johson est un grand gaillard sacrément sympathique. Ancien surfeur ayant grandi à Hawaï, il s'est reconverti dans la musique avec beaucoup de talent et de succès.

Sa musique est très simple et positive et est marquée par une extrême homogénéité qui s'étale sur plusieurs albums très agréables, que l'on découvrira bientôt ici-même.

J'étais assez impatient de voir ce que lui et ses deux acolytes, Adam Topol à la batterie et Merlo Podwelski à la basse (+ Zach Gill aux claviers et autres instruments à vent) pouvaient donner sur scène. J'avais déjà entrevu qques images et ça donnait envie.

Toutefois, le lieu du concert me fit un peu peur. Bercy, c'est gros, c'est grand et la musique de Jack Johnson, malgré son gabarit, c'est calme, c'est doux et tendre. Cela me paraissait donc assez paradoxal et je craignais de voir des milliers de personnes un peu trop endormies...

Et ce ne fut pas le cas...

Faisons tout d'abord un point sur les deux première parties.

Le premier à s'avance sur scène fut Mason Jennings, chanteur né à Hawaï (comme Jack) et qui vient de signer sur le label de son bienfaiteur. Ce grand bonhomme barbu était tout seul avec sa guitare et a fait résonner sa voix éraillée pour nous chanter des chansons folk très très proches de l'univers de Bob Dylan. Derrière, un garçon a remarqué qu'il s'agissait du "Vincent Delerm de la country", ce n'est pas faux ! Une voix très particulière donc, un style pas original pour un sou mais ce fut loin d'être désagréable.

Puis ce fut au tour d'un autre collaborateur intime de Jack Johnson, G. Love & Special Sauce, de venir nous pousser la chansonnette. Là, c'était déjà beaucoup plus turbulent que Jennings. G. Love est un as de la guitare et de l'harmonica, accompagné d'un excellent groupe. Sa musique est très particulière mais originale, mêlant le folk festif au... hip-hop ! Le résultat est plutôt entraînant et a très bien fonctionné auprès du public.

Ensuite, Jack arriva enfin, avec ses musiciens. Première satisfaction, le son. Il était excellent, de bout en bout, on a évité la bouillie de Manu Chao, ouf ! Le décor était lui aussi très joli avec de très beaux éclairages et, en fond de scène, des écrans plus ou moins grands avec cadre de simili-bois projetant des formes colorés, des images d'évasion (surf, vagues, train,...) ou la tête de ce bon vieux jack !

Côté chansons, Johnson a eu la bonne idée de nous servir en majorité ses morceaux les plus rythmés, les plus vivants, les plus entraînants. Parce qu'on rappelera que sa discographie est tout de même très calme... Excellent choix donc et le public a pu vibrer et bouger à de nombreuses reprises. Un public chaud comme la braise mais qui n'a pas réussi à vraiment dérider notre ex-surfer. En effet, et ce fut une première légère déception, Jack Johnson n'a pas dit grand chose de plus en dehors de "Bonjour", "Merci", "Au revoir". Qu'il ne connaisse pas beaucoup de mots français, ça se comprend mais de la part d'un gaillard aussi sympathique, c'est vrai qu'on s'attendait à un peu plus de participation de sa part. Au contraire, on a donc trouvé qqu'un de plutôt réservé, se contentant d'enchaîner les chansons sans broncher (il n'y avait guère que son clavier, Zach Gill, pour oser se lever, danser et encourager le public à participer).

Eh oui, autre déception, ce concert fut trop... parfait ! Tout était parfaitement rôdé et huilé, mais tellement qu'aucune chanson n'a dépassé de sa longueur initiale. Malgré l'enthousiasme du public sur certains morceaux, on eut le droit à aucune rallonge, aucune improvisation... Un peu dommage même si ça n'enlève rien à la qualité du concert en lui-même. Il a juste manqué cette valeur ajoutée qui fait qu'on jouit encore plus du moment.

Jack Johnson a en tout cas bien passé en revue ses différents albums, sans oublier ses chansons phares. Nous avons eu le droit à deux rappels : le premier, très sympa, avec deux ou trois chansons interprétées en compagnie de ses acolytes de première partie (Mason Jennings et G. Love) et un dernier, en solo, sur fond de ciel noir étoilé, pour une chanson douce que le public termina par chanter tout seul... C'était un très beau moment... On s'attendait à ce que le reste du groupe revienne pour un final et puis non, c'était fini. Arf !

Ainsi, c'est un très bon concert que nous a offert Jack Johnson, qui m'a autant agréablement surpris par le son, la qualité et sa vivacité, qu'un poil déçu par son perfectionnisme rigide et son inutile timidité. Mais, de toute manière, après un moment comme cela, c'est toujours le positif qui reste et c'est le plus important.

jeudi 12 juin 2008

Concert : Manu Chao - Maison de la Radio / Bercy

Deux concerts en un pour cette chronique consacrée à l'artiste absolument unique en France qu'est Manu Chao.

Notre globe-trotter international a sorti un album, "La Radiolina", à l'automne et a gratifié France Inter d'un concert privé (diffusé sur les ondes) fin septembre auquel j'ai eu la chance d'assister tel un V.I.P. de la Maison Ronde.

Manu Chao, j'ai tous ses albums ou presque, c'est le type d'artiste qui m'a ouvert à d'autres genres de musiques, des choses plus "world" comme on dit. Il est autant adulé que critiqué et je fais donc partie de ses admirateurs. Il m'impressionne vraiment, tellement que je n'avais pas pris le risque d'aller le voir en concert lors de sa dernière tournée, au début des années 2000. Je le regrette.

Il était temps de me rattraper car le petit galopin se fait rare sur scène... Cette occasion spéciale fut un vrai régal. En effet, quoi de mieux qu'un grand studio radiophonique, 1000 places à tout casser, une acoustique forcément idéale et une scène en contrebas, à peine surélevée, avec des musiciens à qques mètres seulement, si proches.

Présenté par Bernard Chérèze, le responsable de la programmation musicale de France Inter, pas peu fier, Manu Chao a débarqué avec trois acolytes : son lead guitariste surexcité mais excellent, son bassiste digne d'une armoire à glace en short et un batteur pas moins actif.

Le public, une trentaine d'auditeurs et le reste d'amis ou de V.I.P. locaux, fut tout de suite en folie... Si je me souviens bien, on a eu le droit à au moins deux heures d'un concert assez extraordinaire. Malgré la proximité et la petitesse finalement du lieu, Manu Chao nous a donné un récital similaire à celui qu'il donnerait devant 100 000 personnes. Lui et ses musiciens étaient à fond, tout en énergie et tension électrique, avec même un mini jeu de scène très efficace.

La play-list était, comme toujours, assez variée, avec une belle place réservée à son nouvel opus, mais, à ma grande surprise, sans son tube d'alors "Rainin in Paradize". Tant pis, le tout fut absolument exquis.

Manu Chao a semblé trouver l'enthousiasme de l'audience à son goût et a donc été vraiment généreux. Quoi de plus naturel donc que de ramener sa fraise ensuite au cocktail donné en son honneur. Avec mon bracelet V.I.P., j'ai pu m'y faufiler et croiser donc notre petit lutin, vraiment tout petit, mais tellement sympathique. Il n'avait pas l'air très à son aise parmi tous ces pique-assiette mais il s'est plié au jeu, en compagnie de sa petite troupe.

Ce concert fut donc pour moi un magnifique avant-goût de ce que j'allais voir ce soir, au Palais Omnisports de Paris-Bercy. La dernière et unique fois que j'étais venu dans cette salle, c'était pour pleurer toutes les larmes de mon coeur telle une jeune fille en fleur devant le show époustouflant de l'une de mes idoles, Paul McCartney. Mais je vous conterai cela une autre fois.

Ainsi, nous disions que les spectacles de Manu Chao se font plutôt rares, enfin surtout chez nous il faut croire, car il n'a cessé de sillonner l'Amérique dans les deux sens ces dernières années (dont est issu son unique album live à ce jour). "La Radiolina Tour" signe donc le retour de Manu Chao et de son Radio Bemba Sound System en France et Paris fut la troisième étape de son périple, après Toulouse et Marseille.

Le POPB, comme on dit, était plein comme un oeuf et j'appréciais déjà le fait de n'avoir payé que 29 Euros pour m'asseoir là où je voulais, câd soit en fosse, soit en tribune. Connaissant le public jeune et survolté du père Chao, je pris directement la direction des gradins et ce ne fut pas moins agréable.

Première partie, et ce fut une surprise, assurée par Keny Arkana, jeune rappeuse marseillaise. Bon, je dois dire que j'ai cru en fait que c'était un garçon pendant tout son show et puis son discours était bien gentil mais vraiment trop facile (des slogans du type "On va nettoyer l'Elysée au Kärcher", "n'ayons pas peur de la liberté"...). Y a eu des séquences intéressantes mêlant rap et reggae mais globalement, c'était assez répétitif et vraiment déjà vu et entendu. J'étais surpris donc parce que je ne m'attendais vraiment pas à du rap en première partie mais bon, pourquoi pas ? Le public, chaud comme la braise, a répondu plutôt très positivement donc tant mieux.

Ce public justement qui fut assez incroyable tout au long du concert, jamais vu ça. La fosse était en totale ébullition, ça sautait de partout et personne n'était assis en gradin, le sol tremblait comme jamais. Tout ça du début à la fin d'un show qui dura près de 3h30 !!!

Ce qu'il y a de fantastique chez Manu Chao, c'est pleins de choses mais notamment l'absence de temps mort. Dès le premier morceau, la musique commence et ne s'arrêtera plus... Il n'y a jamais de silence entre les chansons, ça transitionne tout seul, tout comme sur ses albums finalement. De plus, là où il fait très fort, c'est que son patchwork musical fonctionne ainsi très bien sur scène avec bien entendu une place beaucoup plus prépondérante pour les instruments (on savoure de temps en temps ses bidouillages sonores mais ils sont là, en fond, juste pour égayer). Sur scène, il fait l'effort de tout réinterpréter d'une manière souvent totalement différente de la version originale de l'album. C'est ainsi qu'on se surprend à reconnaître des mélodies ou des textes que l'on connaît bien mais qu'après un temps d'adaptation à cette nouvelle mouture qu'il nous propose. C'est globalement une revisite de beaucoup de ses morceaux à la sauce rock festif.

Un peu de calme nous fit beaucoup de bien pour de superbes séquences sur "Clandestino", "Desaparecido" ou encore la splendide "Minha galera" que je vénère. Sans oublier les magnifiques rumbas de son dernier album "Me llaman calle" et "La rumba de Barcelona" avec la virtuosité à la guitare de son lead guitariste, Magyd (j'ai retrouvé son nom).

Côté musiciens justement, les mêmes qu'à Radio France étaient bien présents, toujours avec la même vigueur et les mêmes fringues aussi, le plus simple possible. Magyd tient sa guitare comme une mitraillette et le bassiste sa basse comme une grosse bûche de bois prête à mettre au feu. Le batteur était torse nu dès le départ, et nous avions aussi un percussioniste (ancien de la Mano Negra), qui a eu le droit de chanter un titre de la Mano justement, "Sidi H'Bibi", puis il y avait un gars aux claviers et un très bon trompettiste italien. Ils ont tous assuré du tonnerre mais on regrettera un son qui fut la plupart du temps bien trop gras et saturé, sorte de bouillie sonore rendant difficilement compréhensible les textes hispaniques de Manu Chao.

La play-list fut comme d'habitude très éclectique, passant en revue les trois albums solos du lutin vert (il portait cette couleur, comme souvent, avec pantalon court et casquette sur la tête, derrière sa grosse guitare orange). La troupe est venue, partie, revenue puis repartie plusieurs fois, de manière très rôdée, sachant très bien qu'elle avait le public dans sa poche.

Le gros du show se finit par des chansons de la Mano Negra dont un superbe "Mala Vida" qui fit bondir toute la salle. Et, ô jolie et délicate surprise, Manu Chao termina le spectacle pour de bon avec qques extraits de son disque qui accompagnait le livre pour enfants réalisé avec le dessinateur Wozniak, "Sibérie m'était contée". Il y a dessus de très jolies choses, très différentes de ce que Manu Chao fait d'habitude. En gros, c'est de la chanson française, celle d'un titi parisien qui a galéré selon lui pendant 25 hivers dans la capitale. Les morceaux sont assez négatifs pour la plupart mais ça fait vraiment plaisir aussi d'entendre ce polyglotte chanter en français, sur des textes des plus franchouillards. C'était donc le cadeau de la fin, de ce concert qui n'en finissait pas, pour le plus grand bonheur de tous.

Une dernière remarque d'ailleurs à ce propos. La très grande majorité des spectateurs ce soir devait avoir la vingtaine. C'est fou quand on considère qu'il a quand même plus de 20 ans de carrière derrière lui (malgré un gros trou). Finalement, ses "vieux" fans n'ont pas eu l'air de trop le suivre quand il a débarqué tout seul. Mais qui d'autre peut se targuer d'attirer à chaque album une nouvelle génération de fans ? Madonna peut-être... ;-)

vendredi 16 mai 2008

Ringo Starr - Sentimental Journey (1970)

On a déjà passé en revue les premiers albums solo de trois ex-Beatles, et l'on ne pouvait passer à côté du quatrième, le fameux Ringo Starr. Lui aussi a sorti une tripotée d'albums tout seul et certains méritent bien qu'on en parle un peu.

Vous allez me dire que Ringo Starr fut un excellent batteur mais en tant que chanteur, c'est pas folichon. Vous avez raison, Ringo Starr n'est pas un grand chanteur mais il a toujours tenu une place très particulière au sein des Beatles qui le laissaient régulièrement prendre le micro pour une ou deux chansons sur leurs albums.

C'est ainsi qu'il s'est imposé naturellement pour lui, après la séparation des Beatles, de réaliser des albums solo où il chanterait dessus, sur tous les titres. Son premier disque, c'est donc celui-ci : "Sentimental Journey".

Avant toute chose, il faut quand même dire que tout au long de sa carrière solo, même si ses albums sont loin d'être des oeuvres splendides, Ringo Starr a au moins eu le mérite de toujours être superbement entouré, par des producteurs, des compositeurs et musiciens reconnus qui ont toujours été là pour aider notre facétieux batteur à les réaliser.

Ringo Starr a également été actif en tant que musicien au service de ses ex-collègues surtout, que ce soit John Lennon et George Harrison (on l'a vu précédemment) mais également Paul McCartney, beaucoup plus tard.

Mais plutôt que de se contenter de retrouver un autre groupe ou de s'effacer doucement des chemins de la renommée, Ringo a donc préféré prendre le taureau par les cornes et se mettre lui aussi en scène.

Dans le livret de ce premier album, réédité en 1995, on trouve des notes explicatives d'un certain Staffan Olander, animateur de radio suédois apparemment mais surtout expert ès Beatles. D'abord, il nous livre une explication chanson par chanson avant un témoignage plus complet sur la genèse de "Sentimental Journey". Suivons-le alors dans son récit.

Olander nous apprend ainsi qu'avant même la séparation des Beatles, Ringo Starr envisageait d'enregistrer un album solo (apparemment, chacun avait déjà prévu son album solo dans la poche). Dans une citation, le batteur raconte qu'il se demandait ce qu'il allait faire de sa vie désormais, quand tout est fini et il a alors pensé à toutes ces chansons que lui et sa famille adoraient depuis toujours. Il a donc été voir George Martin, le producteur des Beatles, et lui a dit qu'ils devraient faire ensemble un album de standards, arrangés par des personnes différentes.

Et on était ainsi parti pour l'enregistrement d'un album de reprises de chansons des années 30 et 40. Pour l'arrangement, George Martin et Neil Aspinall (ami, collaborateur, homme à tout faire, des Beatles), ont cherché les meilleurs spécialistes de l'époque, vous allez voir. L'enregistrement s'est fait avant l'annonce officielle de la séparation des Beatles en tout cas et les critiques furent plutôt bonnes.

Pour finir, la pochette de l'album montre un Ringo Starr en smoking et en noir et blanc devant l'Empress Pub de Liverpool, situé dans le quartier de son enfance. Typically British !

Laissons nous ainsi porter par la douce et chaleureuse voix de Ringo pour découvrir tous ces titres...

- "Sentimental Journey" (Bud Green, Les Brown & Ben Homer) : Premier standard qui a donné son titre à l'album, cette chanson fut un très grand tube de l'année 1945, chantée par la chanteuse et actrice américaine Doris Day. Elle a été écrite par un auteur né en Autriche, Bud Green, et mise en musique par Les Brown du "Band of Reknown" (qui accompagna plusieurs succès de Doris Day) et Ben Homer. Aux arrangements, ça commence très fort aussi puisqu'on retrouve le producteur Richard Perry, qui a produit les plus grands, surtout dans le jazz, la soul et le disco. La version de Ringo Starr est très agréable pour ouvrir cet album. Accompagné d'une musique doucement et langoureusement country, le batteur semble très à l'aise et se débrouille plus que bien. Enfin, les paroles de la chanson parlent d'une personne prête à retourner sur les traces de son passé, ce qui la rend joyeusement nostalgique.

- "Night and Day" (Cole Porter) : Ce fut le premier morceau enregistré pour l'album, aux studios Abbey Road. Composée par le très fameux Cole Porter, "Night and Day" avait été écrite pour la comédie musicale "Gay Divorce" en 1932 puis reprise dans le film du presque même nom "The Gay Divorcee", en 1934, avec Fred Astaire. Ce grand standard fut ensuite repris par de nombreux artistes dont Ringo Starr ici-même. ça swingue tout de suite, avec Chico O'Farrill, célèbre arrangeur de jazz cubain, aux manettes. Le texte est très joli, jouant sur les sonorités des mots et de ce qu'ils expriment, et le narrateur décrivant qu'il pense à sa bien-aimée nuit et jour ("Night and day"). Ringo s'en tire bien là encore et bénéficie surtout d'une très belle orchestration.

- "Whispering Grass (Don't tell the trees)" (Fred & Doris Fisher) : Ecrite par un duo père-fille de compositeurs, ce morceau fut enregistrée originellement par The Ink Spots, groupe vocal américain précurseur du Doo-wop, en 1940. Nous avons ici un proche de George Martin aux arrangements, le Britannique Ron Goodwin, qui a composé beaucoup de musiques de films outre-Manche. La voix chaude et douce de Ringo Starr fait merveille sur cette jolie chanson même s'il éprouve parfois des difficultés à monter dans les aigüs... Les paroles sont tout aussi "naturelles" que le titre.

- "Bye Bye Blackbird" (Mort Dixon & Ray Henderson) : Très grand hit datant de 1926, ce morceau a été repris par tous. Ecrite par Mort Dixon et mise en musique par Ray Henderson, tous deux fameux dans leur domaine, elle bénéficie ici de l'arrangement de Maurice Gibb, des Bee Gees ! Jolie chanson, très légère et enjouée, Ringo Starr met beaucoup de joie dans son interprétation et l'orchestration du futur roi du disco est très agréable, laissant la voix de l'ex-Beatles dominer le morceau. Le texte est très métaphorique avec donc ce narrateur qui dit au revoir à un oiseau prêt à s'envoler, qu'il aime et qui va lui manquer...

- "I'm a fool to care" (Ted Daffan) : Composée par l'auteur country Ted Daffan, ce titre remporta le succès en 1954 grâce à son interprétation par le célèbre couple Les Paul-Mary Ford. C'est ici Klaus Voormann, qu'on ne présente plus (bassiste, artiste et ami proche des Beatles), qui arrange cette version de Ringo avec également la contribution amicale de Billy Preston dans l'orchestre. C'est jazzy mais aussi très doux et langoureux, Ringo Starr y trouve ainsi parfaitement sa place avec là encore une vraie approche perfectionniste dans son chant. Le texte de la chanson met en scène un garçon sensible qui essaye de se convaincre qu'il ne devrait pas s'en faire autant pour sa belle, mais il ne peut s'en empêcher...

- "Stardust" (Hoagy Carmichael & Mitchell Parish) : Ce morceau a été composée en deux fois, la musique en 1927 par le compositeur, chanteur et acteur américain Hoagy Carmichael, et le texte par le non moins fameux auteur de chansons Mitchell Parish, en 1929. Il s'agit encore d'un très grand standard, enregistré par de très grands noms de la musique. C'est Paul McCartney qui s'est collé à l'arrangement de la version de son compère, avec un orchestre dirigé par George Martin. Ringo Starr se lâche un peu parfois, se lance dans de courtes (heureusement !) envolées mais garde sa voix de gros chat anglais dans l'ensemble et c'est tant mieux. Les paroles sont jolies, métaphore liant amour et chanson.

- "Blue, turning grey over you" (Andy Razaf & Thomas "Fats" Waller) : Composée par deux très grands noms du jazz, Andy Razaf et Fats Waller, ce morceau a été un grand hit pour Louis Armstong en 1930. L'arrangement est ici signé Oliver Nelson, saxophoniste et compositeur de jazz américain, avec un orchestre dirigé par Johnnie Spence. ça part très fort, très jazzy et la voix de Ringo Starr, très typique ici, débarque. Cette voix particulière passe peut-être un moins sur ce morceau que sur les précédents, on ressent trop le décalage et ça manque de naturel, surtout vers la fin où Ringo part vite fait dans du scat mal maîtrise, mais bon, au moins, c'est rigolo. Les paroles évoquent l'éternel amoureux triste et nostalgique, sa bien-aimée s'en est allée avec un autre...

- "Love is a many splendoured thing" (Sammy Fain & Paul Webster) : Composée par le fameux duo Sammy Fain et Paul Webster, pour le film du même nom en 1955, ce morceau fut interprété par les Four Aces. La chanson reçut l'Oscar de la meilleure chanson tandis que le film fut adapté ensuite à la télévision pour une série. C'est le célèbre producteur Quincy Jones (que l'on retrouvera plus tard avec Michael Jackson notamment) qui est ici à la baguette des arrangements et d'un orchestre dont Billy Preston fait à nouveau partie aux claviers. On reconnaît bien la patte de Jones d'ailleurs, très légère et fringuante. Ringo Starr est accompagné d'un joli choeur tout au long de la chanson et il s'en sort plutôt bien, malgré ces aigüs toujours aussi récalcitrants... Le texte fait l'éloge de l'amour, vous l'aurez bien compris.

- "Dream" (Johnny Mercer) : C'est le célèbre compositeur et chanteur américain Johnny Mercer qui a composé ce morceau qui connut le succès grâce à son interprétation par les Pied Pipers, fameux groupe vocal, en 1945. George Martin s'est chargé lui-même des arrangements et de l'orchestration de cette version. Que de douceur et de langueur encore dans la voix de Ringo Starr qui est à nouveau à son meilleur niveau avec ce ton et ce rythme. Il sussurre presque des paroles jolies comme tout, invitant à rêver et surtout à croire en la réalisation de ceux-ci...

- "You always hurt the one you love" (Allan Roberts & Doris Fisher) : A nouveau Doris Fisher au crédit de ce morceau, accompagnée ici par Allan Roberts. Il a été popularisé par l'interprétation des fameux Mills Brothers en 1944. C'est le célèbre compositeur et jazzman britannique John Dankworth qui a pris en charge les arrangements de la version de Ringo Starr, fort sympathique. ça swingue, c'est dynamique et enjoué avec une très belle partie instrumentale en solo. Ringo s'en sort très bien ici aussi. Le texte est court mais bien ficelé, où le narrateur explique que plus on aime, plus on fait du mal, ce qui s'avère tout à fait juste parfois, malheureusement.

- "Have I told you lately that I love you ?" (Scott Wiseman) : Le compositeur de cette chanson, Scotty Wiseman, a formé avec sa partenaire, Lulu Belle, un célèbre couple de chanteurs country. Ce morceau fut l'un de leurs plus grands hits en 1945, et repris par la suite par d'autres artistes renommés. La version de Ringo Starr a été arrangée par le fameux compositeur de musiques de film, Elmer Bernstein et c'est splendide. La voix du batteur n'est pas toujours idéale malheureusement malgré toute sa bonne volonté, mais encore et toujours accompagnée d'une excellente orchestration. Les paroles sont on ne peut plus faites d'amour et de joie.

- "Let the rest of the world go by" (Brennan-Ball) : Dernier morceau de l'album, cette chanson, composée en 1919, est issue du film "When Irish eyes are smiling" datant de 1944 et interprétée par l'acteur américain Dick Haymes. Le compositeur et musicien britannique Les Reed s'est chargé des arrangements ici. C'est un joli titre de fin avec un Ringo Starr accompagné d'un choeur féminin de temps à autre. La tonalité grave de la chanson ne lui va malheureusement pas trop, sa voix ayant un peu de mal à descendre trop bas sans dérailler. Le texte est très poétique, le narrateur invitant sa belle à le suivre pour aller chercher l'amour et la paix ailleurs, dans un endroit vierge, tendance western.

Pour un premier album solo, Ringo Starr n'a donc pas pris encore trop de risques et il a eu bien raison. Le résultat est comme vous l'avez constaté, très homogène, avec des oeuvres souvent très jazzy mais sans être trop rythmées non plus. La voix de l'ex-batteur des Beatles qui est son atout le plus particulier s'adapte finalement plutôt bien à la plupart des grands standards qu'il a choisi de reprendre.

Mais plus que cette agréable surprise, Ringo Starr ne remerciera jamais assez George Martin de lui avoir refourgué l'élite des arrangeurs qui nous offrent à chaque fois des orchestrations magnifiques sans forcer leur talent. C'est un vrai beau cadeau pour nos oreilles et cela nous permet de découvrir ou redécouvrir par la même occasion de jolies chansons avec une interprétation originale, très soigneuse et surtout terriblement sincère.

Les morceaux à retenir : Il n'y en a aucun qui sort vraiment du lot mais on laissera peut-être de côté certains titres où la voix de Ringo Starr n'arrive plus à suivre.

jeudi 8 mai 2008

Concert : KT Tunstall - Casino du Monde

Il était temps d'ouvrir une nouvelle rubrique dans ce blog musical : les revues de concerts. Je ne sais pas encore si je vous parlerai des anciens concerts que j'ai pu voir mais pourquoi pas après tout.

Là, je vais vous parler du plus récent parce que c'est plus simple à raconter, il y a plus de souvenirs.

KT Tunstall est une jeune chanteuse britannique qui a fait un carton notamment grâce à son "Black Horse & the Cherry Tree", repris en choeur pour une pub pour un fournisseur d'accès à Internet italien illustrée par une jeune fille blonde dont le prénom commence par A..

Au départ, comme tout le monde, je ne connaissais que que cette chanson d'elle avant de découvrir le premier album qui va avec, que Sei possède. J'étais très méfiant parce que je ne suis vraiment pas trop fan de son tube mais le reste de l'album et surtout la fameuse "Suddenly I see", m'ont plutôt convaincu qu'il fallait suivre d'un peu plus près cette chanteuse douée, à la voix légèrement rocailleuse.

Je n'en dirai pas plus sur l'album car je vous le détaillerai dans qques temps, bien plus tard, vous verrez !

On va donc s'intéresser au concert en lui-même, j'ai beaucoup hésité à y aller, ne connaissant que trop peu d'elle puis elle a sorti un deuxième album que je n'ai pas écouté. Puis finalement, les finances aidant, j'ai embarqué Sei avec moi pour aller voir ce que donne KT sur scène.

Le Casino de Paris est une très belle salle que je ne connaissais pas. C'est un ancien music-hall avec du rouge partout, un grand balcon à l'ancienne, ça fait très ambiance XIXe-XXe et on imagine facilement que des magiciens, clowns et autres prestidigitateurs aient pu se produire sur la scène de cet établissement. Je ne connais pas la capacité de la salle mais je dirais que c'est au moins aussi grand que l'Olympia voire un peu plus grand.

Au programme de la première partie, un jeune chanteur du nom de Sam Lewis, anglais et plutôt dans une veine blues-folk. Il était à la guitare, accompagné d'un bassiste et d'un autre guitariste. C'était assez lent et doux, tranquille mais peut-être un poil ennuyeux quand même. On l'a retrouvé ensuite comme lead guitariste de KT Tunstall.

Puis KT est arrivée, sans se presser, on a quand même pas mal attendu, la salle était comble, ce qui était plutôt sympa. Par contre, ils n'avaient pas viré les fauteuils donc ce n'était pas terrible. Mais peut-être que cela aurait apparu beaucoup moins complet sans ces derniers... on maintient l'illusion comme on peut !

Je ne pourrais décrire le concert chanson par chanson parce que je n'en connaissais que très peu mais globalement, c'était très bien. Cette petite a beaucoup de pêche sur scène, elle papote beaucoup, à moitié en français et c'était très mignon. Elle nous racontait sa vie avec beaucoup d'humour.

Le groupe était très bien lui aussi : elle jouait de la guitare (sur pleins de modèles différents d'ailleurs, allant de la folk roots à l'électrique trendy), Sam Lewis en lead guitar donc, puis un bassiste (basse ou contrebasse), un batteur, un organiste-trompettiste-percussioniste et enfin deux jeunes et très jolies choristes.

Le concert a duré quand même assez longtemps grâce à la générosité de sa vedette qui a ainsi égréné des chansons de ses deux albums et ses "nouvelles" chansons m'ont plutôt convaincu, c'est toujours très homogène mais c'est bien rythmé et elle y met du coeur. Bien entendu il y eut des moments un peu plus intimes avec KT seule à la guitare et refaisant le coup de sa prestation de "Taratata" notamment avec son appareil qui lui permet d'enregistrer des sons et qui lui sert d'"orchestration" ensuite. C'est justement sur "Black Horse & the Cherry Tree" qu'elle s'y est illustrée, fonctionnant immédiatement avec le public évidemment. ça a été bien entendu le climax du concert... Elle utilisa le même procédé un peu plus tard, en rappel, pour nous offrir sa version unplugged de "I want you back" des Jackson 5, un bien joli moment (déjà vu à la télé) qu'elle nous assura exclusif pour nous récompenser d'être un super public... Merci !

Mais ma récompense à moi fut pour mon morceau préféré de sa courte carrière, le splendide tube pop "Suddenly I see", qu'elle interpréta pour clore le concert (avant les rappels), que du bonheur (comme dit tout le monde) !

Très beau concert donc de la part d'une petite demoiselle qui ne demande qu'à grandir et cela en toute modestie. On apprécie et on lui souhaite bonne chance !

Les morceaux marquants : "Black Horse & the Cherry Tree", "Suddenly I see" et "I want you back".

mardi 25 mars 2008

Artistes Divers - "The Bodyguard" Original Soundtrack Album (1992)

Ah je vous entends d'ici vous moquer de moi ! Eh bien oui, j'ai dans ma discothèque cet objet : la bande originale du film "The Bodyguard", film nunuche au possible mais culte malgré tout pour toute une génération ! (Je l'ai acquis grâce à la fusion de ma discothèque et de celle de Sei qui regorge de choses comme cela, ça promet !)

En effet, "The Bodyguard", c'est Whitney Houston au sommet de sa gloire, pour son premier film, avec le privilège de jouer aux côtés du beau Kevin Costner, lui aussi en pleine grâce en ce temps-là.

On passera rapidement sur le film qui raconte donc l'histoire d'amour entre une chanteuse (Whitney dans son presque propre rôle) et son garde du corps (Kevin) alors que la première est menacée par un dangereux psychopathe pilotée par sa propre soeur si je me souviens bien.

A belle histoire, belles chansons me direz-vous, eh bien oui, si on veut. Whitney Houston s'accapare la moitié de la B.O. dans un registre soul qui coule bien daté de cette époque et le reste est du même acabit.

Rien de bien spécial dans le livret qui nous donne la liste détaillée des chansons avec la photo de leur interprète mais aussi leurs paroles, ainsi que qques photos du film. La pochette reprend l'affiche du film sans doute.

Voyons donc un peu ce que cela donne...

- "I will always love you" (Parton) : C'est en m'intéressant un peu plus à cette chanson que j'ai découvert qu'elle n'était pas du tout à mettre au crédit de Miss Houston. Non non, ce tube monstrueux est l'oeuvre originale de la chanteuse Country non moins célèbre, Dolly Parton, qui l'a composée au début des années 70. On reviendra peut-être un jour sur son interprétation chevrotante à laquelle on préfère largement celle de Whitney, tout en puissance. Malgré un affreux solo de saxophone typique de cette époque révolue (joué par Kirk Whalum, saxophoniste renommé pourtant), Houston apporte une belle fluidité et une tonalité soul bienvenue. Alors oui, elle se met bien à hurler au bout d'un moment et les séquelles ont été terribles parmi les spectateurs de karaoke et autres télé-crochets. Cependant, Whitney est le maître-étalon. Tout cela est produit par l'obscur David Foster, qui fait de la figuration dans le film. Pour finir, les paroles sont plutôt attendrissantes : la narratrice dit en fait au revoir à son bien-aimé pour des raisons un peu inexpliquées. Elle lui souhaite une belle vie et de l'amour, en lui rappelant bien entendu qu'elle l'aimera pour toujours ("I will always love you"...).

- "I have nothing" (Foster/Thompson) : On reste dans la soul romantique avec cette chanson composée à la fois par le producteur David Foster et Linda Thompson, actrice, chanteuse et ancienne compagne d'Elvis Presley (rien que ça !). Whitney Houston impose à nouveau sa puissance modérée, sans en faire trop, bien dans son cadre soul. On regrettera encore certains arrangements, notamment cette orchestration synthétisée absolument hors d'âge. Les paroles décrivent une âme tourmentée par l'amour qui tient à rester auprès de son bien-aimé parce qu'elle n'a rien sans lui ("I have nothing if I don't have you"). Reste que cette chanson a quand même été nominée pour le Grammy Award et l'Oscar de la meilleure chanson.

- "I'm every woman" (Ashford/Simpson) : Voici à nouveau la reprise d'un grand tube, cette fois d'une chanson interprétée à l'origine par Chaka Khan en pleine période disco (et Whitney Houston faisait partie des choeurs !). Elle avait été écrite par un couple de compositeurs issu de la Motown qui a contribué à beaucoup de succès de chanteurs soul et disco, tels Diana Ross. Remis au goût du jour 90's, ça commence pas mal, doucement, mais après, c'est terriblement raté avec percussions et synthés tous plus horribles les uns que les autres. On a droit à un des prémices de l'affreux R'n'B qui va oeuvrer et qui oeuvre encore sur le monde aujourd'hui. Cette horreur est produite par un certain Narada Michael Walden qui reçut le prix de la B.O. de l'année 1993 pour cet album et qui a produit notamment Mariah Carey et Aretha Franklin. En ce qui concerne les paroles, c'est pas très clair mais en gros, la chanteuse dit qu'elle est toutes les femmes et donc qu'elle peut forcément arriver à plaire à l'homme qu'elle vise... hem hem...

- "Run to you" (Rich/Friedman) : Avec ce titre, on tombe dans le sirupeux complet avec un accompagnement synthétisé au possible et une Whitney Houston pas très inspiré et qui fait trop de "ouh ouh ouh" pour moi. Les paroles sont du même ordre, celles d'une jeune femme déclarant son amour pour un homme, elle veut "courir jusqu'à lui" ("Run to you"), elle a besoin de lui, elle veut qu'il la protège, etc... Du très classique. Bon mais elle s'interroge aussi, de savoir s'il voudra bien rester avec lui ou bien se barrer bien loin d'elle ! Ce sont Allan Rich et Jud Friedman, deux compositeurs de musique de films, qui ont commis cette soupe... blurp !

- "Queen of the night" (Houston/Reid/Babyface/Simmons) : Morceau beaucoup plus funky ici, très inspiré de Michael Jackson. Whitney Houston fait, pour la première fois dans cet album, valoir ses compétences sur une chanson un peu plus rythmée et tonique. C'est très répétitif et hurlant mais ça reste assez correct. Cette chanson a été composée entre autres par le célèbre duo L.A. Reid-Babyface très connu dans le milieu soul-R'n'B, Daryl Simmons fait partie de cet entourage aussi. A noter également que Whitney Houston est également créditée sur ce titre, sans doute pour les paroles qui sont assez pauvres. Elle dit en gros qu'elle est la Reine de la nuit ("Queen of the night"), qu'elle a tout pour elle et donc qu'il faut pas trop venir l'ennuyer. Super.

- "Jesus loves me" (Warner/Bradbury) : Il s'agit ici d'une reprise d'un morceau religieux apparemment connu aux Etats-Unis, écrit au XIXème siècle. La musique est de William Bradbury et Anna B. Warner y a adapté des paroles. Cette dernière ne s'est pas foulée car le texte consiste à dire tout au long du morceau "Jésus m'aime, c'est la Bible qui le dit". Je ne connais pas la version originale mais en tout cas, cela a été remis au goût du jour de l'époque, avec force de synthés sirupeux. Ce n'est même pas du gospel et on s'ennuie pas mal malgré la bonne volonté de Whitney Houston. Le guitariste Paul Jackson Jr (très connu dans le monde du R'n'B) aurait participé à la chanson mais on n'entend guère sa guitare... Dans les choeurs, on retrouve deux chanteurs de gospel, BeBe Winans et Claude McKnight III, ainsi que l'acteur Alvin Chea. C'est le dernier morceau de Whitney Houston sur l'album.

- "Even if my heart would break" (Golde/Gurvitz) : ça commence mal avec le saxophone bien mielleux de Kenny G, comme à l'époque... ça n'évolue pas plus, restant dans la chanson câline jusqu'au bout avec la voix bien douce et R'n'B d'Aaron Neville. Le texte est gnangnan à souhait : le narrateur chante à sa belle qu'il a été partout dans le monde et qu'il n'a trouvé le paradis que dans ses yeux... ou encore que même si c'est l'hiver en eden (?), quand il est avec elle, c'est l'été dans son coeur... Rrrrrrrrrrr... Et le refrain reprend le titre : "Même si mon coeur se brise, je t'aimerai toujours...". Les auteurs de ce morceau sont les obscurs Franne Golde, qui a écrit pour pas mal d'artistes différents du même genre (Céline Dion, Cristine Aguilera...), et Adrian Gurvitz.

- "Someday (I'm coming back)" (Stansfield/Morris/Devaney) : Ce titre est dû à Lisa Stansfield, chanteuse britannique de R'n'b qui a navigué entre les 80's et les 90's. Son morceau est ici un peu rythmé mais à la fois bien pataud à cause d'une orchestration mêlant sons électroniques et saxophone horrible (ça commence à faire beaucoup là...). Quand on écoute ce titre, on a l'impression d'écouter un condensé de r'n'b du début des 90's, fade et ennuyeux, et surtout qui ne se démarque absolument pas du reste. En fait, ce morceau a été composé par le trio du groupe des années 80 "The Blue Zone" : Lisa Stansfield, Ian Devaney, son futur mari, et Andy Morris. Ils ont connu le succès à ce moment-là mais ce fut assez furtif. Les paroles de cette chanson s'adresse à l'homme qu'elle aime, qui l'a quitté. La narratrice lui déclare qu'un jour elle reviendra et qu'en fait, elle n'attend qu'un geste de sa part pour revenir... Ouais ben c'est pas avec cette chanson qu'elle va le faire changer d'avis ! :-(

- "It's gonna be a lovely day" (Withers/Scarborough/Clivilles/Cole/Never/Visage) : Toute une clique de personnes pour produire un morceau simili rap-r'n'b qui sent bon les 90's. C'est l'obscure Michelle Visage qui apporte sa voix douce et sensuelle sur ce titre des non moins obscurs "The S.O.U.L. S.Y.S.T.E.M."... Je n'ai trouvé aucun information sur ce groupe qui semble être un collectif électro de l'époque avec notamment aux manettes Robert Clivilles et David Cole. Cependant, si j'ai bien compris, cette chanson est du fameux chanteur soul Bill Withers pour les paroles je pense et Skip Scarborough pour la musique, remise donc au goût du jour par le groupe pré-cité. Le résultat est une bouillie difficile encore une fois à discerner du reste des choses de ce genre produites à cette époque. La chanteuse émet qques éclats de voix à la fin mais passe le plus clair de la chanson à murmurer une sorte de rap soft sur une musique électro naze. Le texte est plutôt élaboré, la narratrice (à l'origine un homme) déclarant sa flamme à son bien-aimé, lui indiquant, en gros, que si elle est avec lui, elle est certaine que la journée sera belle. En écoutant cela, ce n'est vraiment pas un beau jour pour nous !

- "(What's so funny 'bout) Peace, love and understanding" (Lowe) : Un peu de rock avec ce titre interprété par Curtis Stigers, ex-chanteur pop des années 80 devenu crooner de jazz depuis. Cette chanson, de Nick Lowe (ex-Kippington Lodge et Rockpile), a connu un gros succès grâce à sa reprise par Elvis Costello. Ici, ça change complètement du reste de l'album pour le moment. On est dans le country-rock assumé, rythmé et entraînant avec un peu de saxo mais pas trop, toujours dans l'air du temps. Stigers a une bonne voix, intéressante, un peu à la Joe Cocker mais plus nasillarde et moins puissante. Pour les paroles, je fais l'impasse, j'en ai pas trop compris le sens ;-)

- "Waiting for you" (Kenny G) : Le saxophoniste Kenny G est de retour avec cet instrumental. C'est aussi doux que c'est mou, avec évidemment le saxophone en tête d'affiche. C'est donc horriblement sirupeux et daté. On a l'impression d'avoir entendu ce thème dans toutes les séquences "émotion" de tous les films des années 80-début des années 90...

- "Trust in me" (Midnight/Swersky/Beghe) : La dernière chanson (mais pas le dernier titre) de l'album est interprétée par Joe Cocker, avec à ses côtés, essentiellement pour les refrains, la chanteuse canadienne Sass Jordan. Cette dernière a connu qques succès d'importance dans les 90's et a fait partie du jury de la version canadienne de "Pop Idol". Ce morceau a été composé exclusivement pour la B.O. du film et c'est pas plus mal. Je n'ai pas d'informations sur les auteurs de celui-ci sinon que Charlie Midnight est l'auteur de plusieurs autres B.O.. Ici, rien de bien neuf au pays de Joe Cocker qui, toujours avec force et retenue, nous interprète une chanson pop-rock assez banale. Il clame à sa belle de lui faire confiance, qu'il sera toujours là pour elle quand elle aura besoin.

- "Theme from The Bodyguard" (Silvestri) : On finit l'album en sombre douceur avec ce thème qui fait probablement office de générique de fin au film et qui ressemble à tous les génériques de fin possible, absolument banal. Son compositeur, Alan Silvestri, est d'ailleurs un spécialiste des musiques de films puisqu'il en a écrit vraiment beaucoup depuis le milieu des années 80, dans tous les styles, de "Predator 2" à "Stuart Little 2" !

On ressort un peu épuisé de cette bande originale je dois dire. Tout comme le film, les chansons qui vont avec sont malheureusement très marquées par leur époque de composition et on échappe quasiment jamais, soit aux solos de saxophone, soit aux prémices d'un R'n'b médiocre et synthétique.

Les chansons de Whitney Houston sont donc assez variées mais aucune n'arrivent à la cheville de l'impeccable chanson-phare du film, "I will always love you", qui en arrive elle à dépasser sa version originale. Pour le reste, c'est pas plus varié non plus, restant dans la tonalité du film, soul-r'n'b. Il y aurait sans doute moyen de faire mieux aujourd'hui.

Ainsi, c'est le genre de film que l'on peut aimer si on veut mais dont il n'est vraiment pas nécessaire de se procurer la B.O. qui va avec comme l'a fait ma délicieuse compagne ! ;-)

Les morceaux à retenir : "I will always love you", "(What's so funny 'bout) Peace, love and understanding".

dimanche 23 mars 2008

Acoustic Ladyland - Last Chance Disco (2005)

Acoustic Ladyland est, selon mes sources, un récent collectif de musiciens anglais qui a créé un gros buzz outre-Manche ces dernières années à l'aide de deux albums très remarqués.

J'ai en ma possession le deuxième, "Last Chance Disco". Il m'a été offert un peu par hasard lors de mon stage à Libération par une journaliste qui se débarrassait de ses "cadeaux" promotionnels. Je n'ai pas voulu refuser...

Puis la pochette de cet album m'a tout de suite intrigué et plu : on y voit le corps sans tête d'une jeune femme en tenue de soirée et talons aiguilles, cambrée, avec, en lieu et place d'un boulet de bagnard attaché à son mollet, une boule à facettes. Très symbolique et très esthétique.

A l'intérieur du disque, sans livret, une photo des quatre musiciens, en costume et regardant tous vers le haut : Sebastian Rochford aux percussions, Tom Herbert à la basse, Peter Wareham au saxophone et Tom Cawley aux claviers. Pas de guitare...

Eh non, parce que je ne l'ai pas encore précisé mais Acoustic Ladyland, c'est du jazz. Enfin ce serait très réducteur de se cantonner uniquement à ce genre mais c'est la tonalité principale de leur musique qu'ils développent en même temps vers d'autres sonorités : pop, rock, funk... Enfin voilà, c'est pas du jazz à papa, ça vogue constamment sur des ondes éclectiques et actuelles.

Par ailleurs, même si le contenu de cet album est très (trop) homogène, il est impossible de s'ennuyer tellement le rythme est élevé, le saxo rageur et le tout extrêmement festif.

Alors voyons un peu ce que cela donne, piste par piste...

- "Iggy" (Wareham) : ça commence très fort avec ce morceau dédié sans doute à Iggy Pop ! Le saxophone est le leader de ce titre, se lançant dans un solo phénoménal du début à la fin, entraînant derrière lui une fureur de basse et percussions.

- "Om Konz" (Wareham) : C'est la basse qui introduit merveilleusement bien ce morceau, suivi du clavier de manière épileptique et très rythmée. Le saxophone suit ensuite, toujours avec ce son déraillé qui fait la particularité de la plupart des morceaux de l'album. Cela peut paraître assez agaçant à la première écoute mais on finit par s'habituer puis finalement apprécier cette sonorité bien particulière. Ce titre est dédié au compositeur Olivier Messiaen et au groupe les Yeah Yeah Yeahs.

- "Deckchair" (Wareham) : Morceau très funky avec à nouveau une très jolie basse et un saxophone qui mène la danse avec ce son velouté et grinçant à la fois. On a droit à un thème récurrent, répété constamment avec qques intermèdes plus doux. La fin est même particulièrement hard rock !

- "Remember" (Wareham) : Un peu de douceur avec ce titre dont le saxophone vient à nouveau rompre la monotonie. La suite s'accélère légèrement avec un rythme lorgnant du côté du rock tout en restant constamment très sombre, moins plaisant donc que les précédents.

- "Perfect Bitch" (Wareham/Wareham) : Allez, on reprend un peu de rythme avec ici un morceau chanté ! C'est très jazzy, très entraînant avec claquements de mains et saxophone tonitruant. Le titre du morceau est suffisamment évocateur pour savoir de quoi ça parle...

- "Ludwig Van Ramone" (Wareham) : Titre au rythme soutenu à nouveau mais dont on apprécie particulièrement les périodes plus calmes avec un superbe thème de saxophone, proche de morceaux déjà entendus par le passé, années 80 notamment. Hommage à Beethoven et aux Ramones (ou Phil Ramone ?) ?

- "High Heel Blues" (Wareham/Wareham) : Au vu du titre, on peut penser qu'on aura le droit à un blues de saxophoniste, il n'en est rien, c'est au contraire très rock, tendance hard à nouveau. Le saxophone part dans un tourbillon complet, proche d'un solo de guitare électrique à l'extrême.

- "Trial and error" (Wareham) : On se calme un peu avec ce morceau bien charmant, un peu mélancolique, avec un joli duo basse-saxophone, accompagnés d'une batterie légère. Le clavier arrive plus tard, et ajoute encore un peu plus de légèreté. Mon morceau préféré ? Il y a des chances...

- "Thing" (Wareham) : Encore du lourd et du gros son pour ce titre et le saxophone rejoint les graves de la basse et de la batterie, s'alignant sur leur même rythme. Puis vient le clavier saturé qui adoucit tout cela. ça sonne à nouveau très rock et ça fonctionne pas mal.

- "Of you" (Wareham/Rochford) : Retour au funk jazzy avec ce morceau bien pêchu dont on apprécie particulièrement la basse. La structure est au départ de facture assez classique avant de partir complèment en vrille presque improvisée.

- "Nico" (Wareham) : Un très joli thème pour finir. Une rengaine jazzy-pop initiée par le saxophone pour une fois mesuré, et très bien accompagné par le reste de la troupe. ça commence doucement avant de s'enflammer par la suite.

A l'écoute de cet album, on retient donc la grande qualité de ses musiciens et surtout la prépondérance du saxophone. Mais on ne s'en étonne pas en constatant que c'est son utilisateur qui a composé tous les morceaux du disque.

Autant parfois il semble se mettre un peu trop en avant avec toujours plus de surenchère aigüe, autant il sait rester modeste et simple accompagnant dans certains morceaux plus calmes. Mais c'est bien lui le leader, celui qui est le chef d'orchestre de ce joyeux groupe. S'ils avaient été des rockers, ce saxophone se serait mué en guitare électrique car c'est véritablement son rôle ici.

Son omniprésence peut donc heurter nos oreilles chétives au premier abord mais sa place est finalement gagnée parce qu'il sait varier ses sonorités et il apporte finalement beaucoup à chaque morceau qui gagne en profondeur.

Acoustic Ladyland a donc parfaitement réussi à traverser les frontières du jazz pour aborder avec pertinence celles du funk, de la pop et du rock notamment. Il est d'ailleurs assez difficile de classer leur musique. En tout cas, l'essai est globalement réussi et on en redemande.

Les morceaux à retenir : "Iggy", "Om Konz", "Deckchair", "Perfect Bitch", "Ludwig Van Ramone", "Trial and error", "Nico".

mercredi 12 mars 2008

Paul McCartney - McCartney (1970)

Paul McCartney aura été le plus malin pour faire la promotion de son premier album solo. En effet, il a profité de l'annonce officielle de la séparation des Beatles, déclarée par lui-même, pour annoncer, par la même occasion, la future sortie de son oeuvre. Faible compensation pour les fans peut-on penser, puis c'est un peu narcissique aussi. Mais nous ne sommes pas là pour commenter cette tragique et controversée séparation.

La première oeuvre solitaire de McCartney, intitulée sobrement (mais un peu narcissiquement quand même) de son seul patronyme, est marquée, comme pour Lennon, par la rupture de style, le dépouillement et l'introspection. L'ex-Beatles a en effet choisi d'enregistrer son album en toute intimité, entre sa ferme écossaise et les studios d'Abbey Road en catimini, et surtout tout seul, jouant de tous les instruments.

La particularité de "McCartney" est également d'être une oeuvre hybride, mêlant chansons et morceaux uniquement instrumentaux. Paul McCartney a lui aussi resorti des fonds de tiroir, des titres non aboutis ou bien refusés par les autres Beatles auparavant. Les tonalités sont très variées et cela restera l'une des marques de fabrique de cet immense artiste. L'ambiance de l'album change à chaque morceau, mais globalement, on ressent tout de même un certain vague à l'âme, compensé par son amour fort pour Linda qui lui permettra d'écrire les chansons phares de cette oeuvre mineure, mais intéressante.

La pochette est très belle, c'est à noter car ce n'est vraiment pas le fort des albums de Sir Paul. C'est une photo mais on dirait un tableau. Une planche de bois (?) blanche sur un fond noir, sur cette planche, un bol avec du jus de groseilles dedans et des groseilles éparpillés tout autour. Cette image n'a rien à voir avec le contenu je pense mais on note tout de suite le côté rustique, simple et dénudé. A l'intérieur du livret, uniquement des photos prises dans des endroits différents, en Ecosse notamment, avec un Paul plus ou moins barbu, seul ou en famille, avec Linda et leurs enfants. On comprend alors à nouveau l'état d'esprit de McCartney pendant cette période, se réfugiant auprès de ses proches pour évacuer les tensions de la séparation. Il paraît serein et heureux sur les photos, une façade ?

Il est temps maintenant de rentrer à l'étable pour analyser tout cela...

- The Lovely Linda (McCartney) : Pour bien débuter cet album, une petite ode légère et animée pour Linda, sa tendre épouse. Le morceau dure moins d'une minute, ça va droit à l'essentiel : "la la la la la la Jolie Linda, avec de jolies fleurs dans les cheveux...", une jolie petite voix enamourée, une jolie petite mélodie et un Paul rieur comme un petit garçon en conclusion... Just lovely !

- That would be something (McCartney) : On reste dans le simplissime avec cette petite ballade dont les paroles se résument à : "ça serait qque chose de te rencontrer sous la pluie maman". A partir de ce court texte, McCartney développe son idée musicale, un peu comme le "Why Don't we do it in the road" des Beatles. McCartney accélère le rythme, chante plus fort, imite le bruit de la batterie avec sa bouche, pousse des cris... On le sent bien tout seul en homme orchestre sur ce titre qui ne déplaisait pas à George Harrison (au contraire de tout le reste de l'album !). Mais malgré les qques jolies phrases instrumentales (notamment à la basse), le résultat ressemble plus à une démo fignolée à la va-vite et sans but précis, tournant en rond sans jamais vraiment décoller comme dans la chanson que j'ai cité en référence plus haut.

- Valentine Day (McCartney) : Premier morceau instrumental de l'album, McCartney s'essaye plus ou moins au petit rockabilly avec une lead guitar pas trop mauvaise mais le tout reste encore très bancal et il n'y a même pas de fin ! ça se termine après 1 min 35 de petit boeuf solo et on ne peut imaginer cela comme un cadeau suffisant pour la St Valentin. Au moins Paul nous aura mis en condition pour la chanson suivante...

- Every Night (McCartney) : L'une des rares perles de cet album et en plus, une perle intemporelle. Voilà enfin une vraie chanson et qu'elle est magnifique. On tient là le vrai Paul McCartney, l'un des plus grands compositeurs de musique contemporaine. Il compose ici une jolie ballade, des plus romantiques, des plus touchantes. Dans le texte, le narrateur dit à sa belle que d'habitude il a besoin de bouger, de sortir, changer d'air, s'amuser, mais que, ce soir, il veut rester passer la soirée avec elle, tout simplement. Tout y est fluide, des paroles jusqu'à la musique, la mélodie et que dire de ces irrésistibles "ouh ouh ouh ouh"... ?

- Hot as sun/Glasses (McCartney) : Après ce pur moment de bonheur, retour aux instrumentaux avec ce morceau plutôt joyeux et ensoleillé comme l'indique à peu près le titre. La mélodie, simple et jolie, fait très carte postale, fête foraine et est beaucoup plus aboutie que celle de "Valentine Day". La fin reste toutefois mystérieuse avec ces sons glaçants et cet autre petit bout de chanson inédite qui vient s'y coller...

- Junk (McCartney) : Après ces moments d'amour et de joie, place à la mélancolie avec un morceau refusé par les autres Beatles. Malheureusement, on a envie de dire que ses ex-camarades étaient plutôt dans le vrai car ici, ça sent la mièvrerie à plein nez, surtout dans le chant, à moitié étouffé et dans les aigüs. Le texte parle d'une sorte de brocante où se trouve des objets que l'auteur qualifie de "déchets" qu'une pancarte invite à acheter mais dont les objets se demandent pourquoi justement... C'est un peu alambiqué mais quand on y regarde de plus près, il y a une vraie poésie dans ce texte dont on regrettera la mise en musique, un peu trop platounette.

- Man we was lonely (McCartney) : Encore un peu de morosité dans cette chanson malgré son petit rythme entraînant, la très jolie voix de Paul et les plaisantes interventions de Linda en choeur. Le solo doublé de guitare est raté mais les ponts sont vraiment agréables. Pour le texte, eh bien nous avons un narrateur qui, en gros, raconte qu'il était solitaire par le passé mais que maintenant, il est de retour au foyer et que ça va mieux. Encore une chanson où l'on a quand même l'impression que Paul ne s'est pas foulé et qu'il remplit comme il peut les cases vides de son album.

- Oo You (McCartney) : Retour à la pop roots avec ce morceau malheureusement trop lent et soigné. Avec un rythme plus élevé, un peu plus de conviction dans le chant (même si ça s'améliore au milieu...), on aurait pu avoir le droit à un très bon titre. Là on sent que McCartney ne sait pas trop où il veut mettre les pieds, dans le blues ou bien un rock plus affirmé. C'est entre les deux et c'est donc assez indéterminé. Dommage... Quant aux paroles, elles parlent d'une personne qui ressemble à une femme, habillée comme une demoiselle et qui parle comme un bébé...

- Momma Miss America (McCartney) : Assurément le meilleur instrumental de l'album, bien rythmé et péchu comme il faut. On a une super basse, un super piano, une bonne batterie, une guitare sympa, ça commence idéalement. On sent vraiment que Paul s'amuse bien derrière chaque instrument et qu'il y croit. La mélodie est vraiment bonne, elle balance bien et les "wouhou" intempestifs de Paul nous donnent encore plus de plaisir. Puis ça s'arrête subitement et un autre morceau très différent vient se coller à la première partie. On revient à du très classique avec une guitare électrique affirmée, une basse un peu perdue et une batterie en roue libre. Le piano revient en fin de partie, donnant un peu plus de profondeur à la chose mais sans nous convaincre autant que la première partie.

- Teddy Boy (McCartney) : Encore une des chansons rejetée par ses ex-compères et qui fait donc son apparition sur cet album. On retrouve ici le McCartney conteur, inventeur d'histoires tendres et farfelues. Ici, c'est l'histoire de Ted le Teddy Boy (mauvais garçon des années 50-60) qui aime désespérément sa mère et qui promet de la protéger jusqu'à ce qu'elle se mette avec un autre homme (son mari est mort) et Ted, ne pouvant supporter cette situation, s'enfuit. Mais il reviendra bien vite dans les bras de sa maman qui se met elle aussi à lui promettre de rester avec lui. Jolie mélodie et texte mignon donc dont Lennon se moqua gentiment. C'est vrai que c'est gentillet mais ça fonctionne bien. Paul sait très bien mettre les histoires en musique et même si ça nous emballe pas autant que son terrible "Rocky Racoon" ou encore le délirant "Maxwell's Silver Hammer", y a des bonnes idées, dont les jolis choeurs de Linda.

- Singalong Junk (McCartney) : Procédé qui sera utilisé dans d'autres albums suivants, McCartney nous propose une version instrumentale d'une chanson précédente. Avec "Junk", ça marche du tonnerre, on a le droit à une superbe petite mélodie, très soignée et agréable à souhait. Pour le coup, on se dit que ce morceau était mieux sans texte... La guitare est douce, la batterie jazzy et le piano magnifique. McCartney s'affirme à nouveau ici comme un très grand mélodiste, raffiné comme il faut.

- Maybe I'm amazed (McCartney) : S'il ne fallait retenir qu'un seul morceau de cet album, ce serait assurément celui-là (malgré "Every Night"...) car c'est LA chanson phare, celle qui éblouit et met en valeur le tout. Enfin dans cet album, Paul a trouvé la puissance juste, le son parfait dans un morceau pourtant complètement déstructuré. La sincérité de son chant nous met en émoi et nous touche profondément, c'est une nouvelle déclaration d'amour à Linda et elle est superbe. Le texte s'accoutume parfaitement à la musique : Paul est surpris de tout l'amour que Linda lui porte et réciproquement... Il s'interroge, peut-être est-il seulement un homme très seul, au milieu de nulle part et qu'elle est la seule personne à pouvoir l'aider... La seule à pouvoir lui faire comprendre les choses, à l'aider à chanter ses chansons et à le remettre dans le droit chemin. Ainsi, il ne devrait pas être surpris ("amazed") de voir combien il a besoin d'elle et il a donc très peur de la perdre. Le piano-voix marche à merveille, sans oublier cette guitare électrique enflammée, très grand morceau de bravoure d'un Paul qu'on ne connaissait pas si bon soliste. La qualité de cette chanson est indéniable, se trouvant une place vraiment unique au sein de cette oeuvre dépareillée.

- Kreen-Akrore (McCartney) : Pour finir l'album, un dernier instrumental où c'est la percussion qui est mise en avant. Une guitare électrique vient s'élancer elle aussi, très jolie, avec des bruitages de jungle (cris de singe...). On devine donc une inspiration africaine avec des choeurs profonds, mystérieux. Le morceau est assez déstructuré avec une fin où on entend un Paul à bout de souffle, semblant mettre ses dernières forces sur ses fûts avant que la guitare ne revienne conclure le tout. Mais globalement, cela ressemble plus à une improvisation sur percussion par, malheureusement, un non-percussioniste...

Les critiques de cet album furent mitigées et son succès ne se dut qu'à la célébrité de son auteur et au fait que ce soit son premier album solo (donc curiosité des fans...). Mais Paul McCartney reconnut le caractère mineur de cette oeuvre qui peut être vue comme une transition dans sa carrière. Pourtant, son album ressemble un peu à un album des Beatles pour certaines chansons et sonorités mais pas tellement à un futur album des Wings, car trop dépouillé.

On ne sait pas vraiment ce qu'attendait l'ex-Beatles de ce disque mais parfois, on a quand même l'impression qu'il voulait juste faire patienter les fans avant la sortie de qque chose de plus abouti et ainsi surtout pour être le premier ex-Beatles à sortir un album, pour s'attirer tous les projecteurs. C'est un peu le sentiment qui domine.

Malgré tout, ce premier opus d'une très longue carrière solo regorge aussi de jolies choses à ne pas négliger et surtout de pépites extraordinaires qui en font, malheureusement, son unique force car la variété des titres ne suffit pas tellement ils sont souvent pauvres. Ces pépites, ce sont les deux seules chansons qui auront réussi à survivre et à traverser les années : "Every Night" et "Maybe I'm Amazed". Il lui aurait donc suffit d'un single et il aurait gagné tout le monde à sa cause...

Les morceaux à retenir : "The Lovely Linda", "Every Night", "Momma Miss America", "Maybe I'm Amazed".