samedi 12 décembre 2009

Concert : Paul McCartney - Bercy / Olympia / Bercy

La dernière fois que l'ex-Beatles était venu à Bercy, c'était il y a six ans et déjà, j'y étais. C'était mon premier concert de Paul McCartney. J'en ai vu deux autres depuis et je vais vous raconter d'abord un peu tout ça.

Mon premier concert de Paul, ce n'était peut-être pas le meilleur, on va le voir, mais ce fut en tout cas celui qui m'a le plus marqué, le plus ému. Forcément, c'était mon premier. Et Paul McCartney, c'est vraiment l'artiste vivant que j'admire le plus. Une légende quoi.

J'habitais à Aix-en-Provence, j'ai planifié tout mon voyage pour Paris, un aller-retour express, juste pour ce concert, et accompagné de la fille de mes rêves à l'époque. Elle n'était pas forcément fan, voire elle connaissait peu (juste les Beatles quoi), mais c'est pas grave, je voulais partager cela avec elle. Et finalement, j'ai été très égoiste puisque j'ai passé ce concert seul avec Paul, en tête à tête, oubliant tous les gens autour de moi.

C'était pour sa tournée "Back in the world", cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas tourné il me semble, une bonne dizaine d'années je dirais. Donc un véritable évènement. Puis il décidait de consacrer la majorité de sa set-list aux chansons des Beatles (celles chantées par lui à l'origine). En effet, ses derniers albums ne marchaient plus trop et il fallait bien surfer sur la vague Anthology qui avait remis les Beatles au goût du jour.

Parfait pour les fans et le grand public. Après une énorme tournée triomphale aux Etats-Unis, il passait par l'Europe, commençant ce nouveau tour par Paris. Nous fûmes donc les privilégiés, les premiers à entendre toutes ces chansons des Beatles notamment qu'il n'avait jamais chanté en concert. Puis il y avait un peu de Wings et quelques extraits de son dernier album, "Driving Rain", quand même.

Une set-list excellente et un show grandiose avec beaucoup de spectacle. Il a pu éterner son nouveau groupe de scène, jeune et énergique bien que fades en ce qui concernent les deux guitaristes. Abe Laboriel Jr, malgré ses collaborations scéniques avec Johnny Hallyday et Mylène Farmer, est excellent derrière les fûts. Enfin, il y a "Wix" aux claviers, déjà là au début des années 1990, pas mauvais évidemment mais c'est là que le bât blesse : Les cuivres, les cordes, au synthé, ça le fait vraiment pas...

M'enfin, je n'ai pas boudé mon plaisir, ce fut splendide. Et je n'ai pas pu m'empêcher de verser de chaudes larmes en écoutant "Blackbird", joué seul à la guitare acoustique, ou encore ce magnifique hommage à George Harrison, "Something" au ukulélé. Un concert inoubliable donc...

Paul McCartney est revenu un an plus tard, en juin 2004, au Stade de France, pour une mini-tournée supplémentaire, mais j'étais encore en Australie... Hélas...

Puis les années ont passé, les albums aussi (heureusement), et peu de concerts à l'horizon, ou alors exceptionnels, et principalement de l'autre côté de l'Atlantique où son succès ne se dément pas. Et il y eut cette rumeur... ce concert secret... à Paris... Olympia...

Heureusement, je veillais et j'ai su en avance ce qui se tramait. Paul McCartney à l'Olympia, une "petite" salle, le rêve... Mais pour acheter les billets... quelle galère ! Vendus le jour même, uniquement aux guichets de la salle ! Et me voilà à faire la queue (déjà immense) à partir de 5h30 du matin ! J'ai eu mes places vers midi, avec la peur au ventre que tous les gens devant moi les obtiennent toutes avant moi. Mais j'ai eu mon sésame et mon petit bracelet... Retour en fin d'aprèm' pour de nouveau faire la queue, histoire de ne pas être trop loin même si la fosse de l'Olympia n'est vraiment pas immense, heureusement.

Et un concert d'anthologie évidemment. Paul qui débarque en petit costume cravate, seul avec sa guitare devant un grand rideau rouge, pour chanter "Blackbird"... Là encore, les larmes aux yeux... Suit un concert beaucoup plus sobre en terme de show, petite scène oblige mais alors plus intimiste et c'était encore meilleur. Pas forcément plus acoustique mais on sentait une proximité vraiment particulière. La set-list était encore très Beatles, avec toujours un peu de Wings et un peu de son dernier album d'alors, "Memory Almost Full". Un beau concert conclu d'un second rappel improvisé avec un Paul en tenue débraillée venu terminer le show avec un "Get Back" de derrière les fagots.

Depuis cet évènement impromptu, on pensait que c'en était à peu près terminé, ou en tout cas, qu'il ne donnerait plus que des concerts de ce type, dans des endroits particuliers, et c'est ce qu'il envisageait officiellement. Il a été au Québec, en Ukraine, en Israël... Pas commun.

Et finalement, c'est un peu de la même manière, il y a qques mois que l'on nous annonçait une mini-tournée européenne. Cela était plus ou moins prévisible. McCartney a sorti son dernier "Fireman" en annonçant qu'il se verrait bien le jouer sur scène, puis il y eut ces concerts spéciaux donnés aux Etats-Unis avec un live, "Good evening New York City". Et le revoilà donc sur notre vieux continent avec au programme, l'Allemagne, les Pays-Bas, la France, l'Angleterre et l'Irlande.

Pour la France, c'est Paris évidemment, et Bercy, pour un grand retour et une salle comble, des billets arrachés en qques heures. Cool. J'ai quand même eu la frousse de ne pas en avoir mais finalement, c'est bon.

Après, une fois le jour J arrivé, une journée de boulot jusqu'à au moins 19h... Argh... le concert étant prévu à 20h. Comme mon billet était en fosse, je me suis dit que ça allait être chaud, d'une d'être bien placé, et de deux, d'arriver même à l'heure, le temps de faire la queue. Et j'ai été servi, arrivé là-bas à 19h45, la queue faisait des km !!! Je me suis mis derrière, comme tout le monde et ça n'avançait pas... puis ça a fini par bouger de plus en plus régulièrement et l'attente fut finalement d'une petite heure... Et en entrant, ouf, le concert n'avait pas encore commencé.

Côté placement, j'étais aux 2/3 de la fosse, avec une visibilité parfois réduite par les grands gaillards placés juste devant moi. Mais ça pouvait aller. En tout cas, le show partait bien avec en préambule, de belles images, photos et objets en tous genre qui défilaient sur les écrans géants sur des chansons solos remixés de McCartney ou des reprises bien troussées des Beatles.

Et finalement, vers 21h, le Walrus a débarqué ! Parti pour presque 3h de show, et il nous en a mis plein la vue. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, je ne sais pas pourquoi, peut-être que je deviens déjà blasé de le revoir ! Disons que ça manquait un peu de naturel. C'est un beau spectacle mais comme toute grosse machine, c'est rôdé au millimètre et il y a très peu de surprises. Paul a un peu parlé, souvent anglais, un peu en français, rabachant un peu toujours la même chose selon les chansons. Mais bon, pour les nouveaux venus dans l'arène, ce ne pouvait être que du bonheur.

Puis il a pris sa guitare acoustique, seul, et a entonné "Blackbird", et là, c'est bon, j'étais dedans... Touché en plein coeur, les larmes qui montent aux yeux... Pour la première fois, un vrai hommage à John avec non seulement "Here Today" (déjà chanté en 2003) mais aussi un bout de "Give Peace a chance" à la fin de "A Day in the life" (principalement un morceau de John). Sans oublier le "Something" au ukulélé qui est devenu un classique live, et derrière Paul défilaient de splendides voire inédites photos de George. A la fin, Paul se retourne et est à deux doigts de glisser une larme...

Malgré le pilote automatique, il reste qques moments incroyables comme ceux-là, qui rendent le show vraiment émouvant. Puis la set-list, bien que toujours la même, comportait qques belles surprises comme "Mrs Vandebilt" (grâce au public ukrainien d'ailleurs), "Obladi-Oblada", "A Day in the life" donc... Il nous a également joué "Michelle" spécialement pour nous.

Quant au récent, il a exécuté deux morceaux du dernier Fireman qui sont bien passés ainsi que les deux morceaux de "Memory Almost Full" qu'il avait déjà joué en 2007, preuve qu'il arrive à les faire durer.

Malheureusement, et je l'ai noté à chaque concert, la ferveur du public ne prend que sur les morceaux des Beatles voire Wings. On sent une grosse baisse de tension sur les morceaux plus récents, il y eut "Flaming Pie" notamment. Dommage.

Enfin, le groupe est toujours le même, mes réserves ne changent pas, les solos sont laids, les synthés remplaçants les cordes ou les cuivres infâmes... C'est le gros point faible je pense. Parce que ce manque de grandeur musicale empêche la plupart des morceaux Beatles de s'épanouir et les interprétations ressemblent parfois à du karaoke de luxe.

Mais Paul restera Paul, une légende, et même si ce dernier concert ne fut pas forcément mon préféré, il gardera toujours qque chose en plus dans mon coeur et mon esprit. Un truc qui fait que quoiqu'il arrive, je suis conquis d'avance et je le placerai toujours au-dessus de tous les autres.

Merci Sir Paul et reviens vite.

vendredi 20 novembre 2009

Artistes Divers - "Broken Flowers" Music from the film (2005)

Retrouvons ici les joies des bandes originales de films. J'en ai pas énormément parce qu'il n'est pas facile pour un film de recueillir en son sein tant de bonnes chansons. Heureusement, on peut compter sur qques cinéastes mélomanes pour nous faire découvrir ou redécouvrir de très bons morceaux.

C'est le cas de Jim Jarmusch qui est aussi bon cinéaste que dénicheur de bons sons. Arrêtons-nous ici sur son excellent "Broken Flowers". L'histoire, c'est celle de Don (Bill Murray, parfait), un vieux beau qui reçoit une lettre d'une de ses nombreuses ex, qui l'informe qu'elle a eu un fils de lui il y a une vingtaine d'années et que ce dernier est parti trouver son père, Don donc. Intrigué, mais un peu moins que son voisin, il part dans une odyssée à travers les Etats-Unis pour revoir ses ex de l'époque et trouver laquelle cache un fils dont il ignorait l'existence jusque là...

C'est une bande originale assez éclectique mais pas trop, orientée jazz, soul et... classique ! La pochette reprend l'affiche du film et le livret ne comporte rien d'autres que des photos et les crédits.

Explorons ainsi ensemble l'épopée de Don à la recherche de ses ex perdues...

- "There is an end" (Fox) : Ce morceau, composé expressément pour le film, est interprété par une chanteuse britannique, Holly Golightly, qui performait avant au sein de Thee Headcoatees avant de se faire la malle en solo. Elle s'associe ici aux Américains de Greenhornes mené par le chanteur Craig Fox, auteur de la chanson, pour un morceau profondément 60's. D'ailleurs, on s'y croit vraiment alors que tous ces gens se sont révélés dans les années 1990-2000. Mais, rien d'étonnant quand on apprend que ces jeunes gens sont très friands de cette glorieuse époque musicale passée. Holly pose sa délicate voix de crooneuse sur un rythme très soul et brumeux, soutenue par séquences par la deuxième voix de Fox. Musicalement, c'est donc au poil et le texte colle bien à cet univers de nostalgie sentimentale brouillée...

- "Yegelle Tezeta" (Astatke) : On enchaîne avec le premier morceau de jazz éthiopien de la B.O. et ses rengaines hypnotiques. Jarmusch a subtilement insinué que le voisin de Don est d'origine éthiopienne pour que ce dernier lui file de la bonne musique à s'écouter pendant les longs trajets en voiture sur les routes américaines. Et nous voici donc dans une totale découverte, pour ma part, une musique sublime, douce et suave, composée par le père du genre, Mulatu Astatke, influencé aussi bien par le jazz et la soul occidentale que par les rythmes traditionnels de son pays. Don erre sur les routes et cette musique envoûtante le mène ici et là de magnifique manière... Percussions d'Astatke himself, cuivres ronds comme des ballons, c'est sublime.

- "Ride your donkey" (Murphy/Davis) : Nous poursuivons l'errance de Don avec à nouveau de la musique rythmée, cette fois orientée reggae, grâce aux Tennors, un groupe vocal jamaïcain qui cartonna en 1968 avec ce tube majeur. Malheureusement, après un bon succès dans les années 70, le groupe s'est séparé et on n'a plus jamais vraiment entendu parler d'eux... Bon titre en tout cas que ce "Ride your donkey", simple, court (à peine 2 minutes) et totalement reggae que ce soit la guitare ou la grosse basse.

- "I want you" (Ware/Ross) : Beaucoup plus connu, Marvin Gaye et ce single sorti en 1976. C'est une transition à l'époque pour le roi du funk qui s'adonnait un peu plus au disco. A la base, cette chanson, composée par le duo de producteurs Motown Leon Ware et Arthur "T-Boy" Ross (petit frère de Diana Ross), devait être interprétée par Ware lui-même pour son propre album. Mais Berry Gordy Jr, grand patron de la Tamla Motown, en a décidé autrement et l'a donné à Marvin Gaye, participant également à la production. Un titre profondément soul, pas encore totalement disco, avec de jolis choeurs suaves qui accompagnent un Marvin Gaye rempli de désir. Je comprends la chaleur que dégage ce genre de titre mais moi, je trouve cela plutôt répétitif et un peu ennuyeux avec un texte qui ne fait que dire "I want you" à son interprète. Cela fait un peu mièvrerie funk, pas ma came.

- "Yekermo Sew" (Astatke) : Deuxième morceau de Mulata Astatke, beaucoup plus présent dans le film que le précédent et que je préfère également. Ils se ressemblent un peu mais celui-ci est plus calme et ombrageux avec, lui aussi, une rengaine à la trompette totalement hypnotisante et envoûtante. Derrière, la percussion, tenue par Astatke, est subtile et splendide. Petit solo de vibraphone du maître en milieu de chemin, suivi d'une fulgurance très fine de guitare électrique ultra saturée. Et les trompettes qui enchaînent par-dessus avec leur rengaine. Une pépite que ce titre.

- "Not if your were the last dandy on Earth" (Hollywood) : Cette chanson du groupe indépendant américain Brian Jonestown Massacre date de 1997 et redonne un peu de vigueur à la quête de Don. On est à nouveau pas loin du son 60's, en guère plus électrique, avec la voix de jeunot du leader du groupe, Anton Newcombe. Le texte se moquerait gentiment, selon les fans, d'un groupe plus ou moins rival, les Dandy Warhols, d'où le titre de la chanson. Pas mal !

- "Tell me now so I know" (Davies) : Où l'on retrouve à nouveau la Britannique Holly Golightly pour une chanson du Kink Ray Davies inconnue au bataillon... La mélodie mélancolique est elle est bien là, sur un texte de chanson d'amour à l'ancienne, mais je ne me vois pas très convaincu par la prestation vocale de la petite Holly que je trouve un peu rapide et bâclée... La musique oui, la voix, bof. Mais c'est très court, à peine 2 minutes.

- "Gubelye" (Astatke) : Troisième morceau de notre jazzman éthiopien préféré. C'est ici beaucoup plus ombrageux et mélancolique que les deux premiers. Le saxophone fait un peu flûte indienne pour amadouer les cobras avant de laisser place à un solo de clavier, avec derrière une basse et une batterie presque coordonnées. Un morceau très nocturne et pessimiste.

- "Dopesmoker" (Cisneros/Pike/Haikus) : Histoire spéciale pour cette chanson du groupe de métal américain Sleep qui s'est séparé à cause d'elle ! Le groupe a connu une carrière honorable dans la première moitié des années 1990. En 1995, ils proposent à leur maison de disques un album constitué d'un seul morceau, "Dopesmoker", qui durait plus d'une heure ! La maison de disques l'a refusé ainsi que l'essai suivant et, malheureux, le groupe a fini par se dissoudre même si l'album a pu sortir de façon posthume, sous le nom de "Jerusalem", qques années plus tard... Ici, pas de morceau d'une heure évidemment, juste un extrait de 4 minutes qui nous suffit amplement ! C'est du gros son, grosse guitare, grosse basse, grosse batterie, juste de l'instrumental. Bon, y a une esquisse de mélodie mais ça casse pas trois pattes à un métaleux.

- "Requiem, op. 48 (Pie Jesu)" (Fauré) : Un peu de musique classique après les brutes américaines. C'est le morceau que Don écoute en solitaire sur son canapé avec sa tête de chien battu. Ce "Pie Jesu" est un motet issu du Requiem du compositeur français (Cocorico) Gabriel Fauré, interprété par l'Oxford Camerata. Et c'est assez magnifique, il faut bien le dire. Le chant féminin est aérien, planant, sur un accompagnement doux comme un agneau... On reste sans voix.

- "Ethanopium" (Astatke) : Le retour de Mulatu Astatke ? Eh bien pas tout à fait. Il s'agit bien d'un morceau à lui, dans la veine des deux premiers de la B.O. (et calqué sur "Yegelle Tezeta" d'ailleurs), mais interprété par les Dengue Fever, un groupe américain des années 2000 passionné de pop cambodgienne et de rock psychédélique ! Et ça le fait carrément sur cette reprise, groovy comme il faut, frais et plus psyché en effet grâce à cet orgue fou. Toujours aussi bon.

- "Unnatural habitat" (Keeler/Curley) : Les Greenhornes sont de retour pour le dernier morceau de l'album. Celui-ci est intégralement instrumental, assez planant avec cette rengaine au xylophone ou un instrument de la sorte, rejoint plus tard par de la guitare électrique. Court mais intense.

Toutes les B.O. reflètent l'esprit d'un film et on peut les apprécier, à part, juste en fonction de nos goûts musicaux. Parfois, ce ne sont justement que de bonnes compilations, qui nous font rarement replonger dans le film rien qu'à leur écoute.

Avec Jarmusch, c'est tout autre chose. Quand on écoute la B.O. de l'un de ses films, on y est, on y plonge. On se remémore les moments clés, l'atmosphère, l'ambiance. Bon, le scénario de "Broken Flowers" n'est pas très complexe mais en écoutant sa B.O., on est avec Don, sur les routes, dans sa voiture, dans son sillage...

C'est une B.O. qu'on qualifiera facilement d'électique malgré une ambiance assez homogène. Finalement, le jazz éthiopien s'allie très bien au rock inspiré 60's, avec une dose de métal et de musique classique. Si les morceaux rock ne nous épatent pas tant que ça, la découverte du jazz de Mulatu Astatke est lumineuse et ce sont surtout ces morceaux qui ont provoqué chez moi l'envie d'acquérir cet album.

Excellent film, brillante B.O., on en écoutera d'autres...

Les morceaux à retenir : "Yegelle Tezeta", "Yekermo Sew", "Requiem, op. 48 (Pie Jesu)", "Ethanopium".

samedi 7 novembre 2009

Aerosmith - Greatest Hits (1980)

Le hard-rock, ce n'est pas ma tasse de thé. Mais quand on m'offre un album, quel qu'il soit, je le garde et je tente tout de même de le découvrir. Pour moi, le hard-rock, ce sont : des cheveux longs, de grosses guitares saturées, des cris, des hurlements, des voix rauques et aigües, une grosse batterie, un mauvais goût total en terme d'habillement, du maquillage... Bref, pleins de choses peu ragoutantes.

Etant plus jeune, je rejettais complètement ce genre musical, effrayé par les Metallica, Guns'n'Roses et autres AC/DC. Pareil pour Aerosmith même si je pense connaître encore moins bien ce groupe que les autres pré-cités.

Puis le temps est passé et mon esprit s'est ouvert, mes goûts ont évolué. Pas que je sois devenu un fan de hard-rock, non, loin de là, mais déjà, j'y suis plus habitué et j'aime un peu mieux ce registre.

A ce jour, cette compilation d'Aerosmith reste mon seul album de hard-rock au sein de ma discothèque. Mais c'est bien. Tant mieux.

Donc oui, c'est une compilation. Quoi de mieux pour découvrir un artiste ? Au moins, ça m'évite les mauvais morceaux de seconde zone. Les compilations et autres best of sont souvent dévalués mais ils ont tout de même leur utilité malgré leur manque de subjectivité et leur aspect commercial.

Avec "Greatest Hits", je ne suis en tout cas pas au fait de toute la longue carrière d'Aerosmith puisque cette compilation contient seulement la décennie 70's du groupe américain, ce qui représente tout de même six albums du groupe, plus une participation à un album collectif, la B.O. de la comédie musicale "Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band", eh oui, encore les Beatles.

En tout cas, à l'écoute de ce son, je me dis qu'en fait, c'est surtout le hard-rock 80's qui a tout gâché parce que dans les années 1970, le hard-rock, c'est juste du rock un peu plus prononcé mais c'est pas non plus du métal. Bref, pourquoi pas ?

Côté visuel, la prochette est sobre, rouge avec le logo d'Aerosmith en blanc. Le livret comprend une liste des albums recensés sur cette compilation ainsi que les autres best of du groupe. Il y a également une photo avec des objets reliquas mais rien de plus.

Avant de commencer à donner mon avis sur les chansons, je ne vais pas vous raconter l'histoire d'Aerosmith mais vous la résumer en une phrase : c'est un groupe américain né à Boston à la fin des années 1960 de la fusion du Chain Reaction de Steven Tyler (batteur à l'époque et qui deviendra le chanteur) et du Jam Band de Joe Perry (guitariste) et Tom Hamilton (bassiste). Joey Kramer en est le batteur et le second guitariste Ray Tobano laissera rapidement sa place à Brad Whitford. Jack Douglas (qui a pas mal bossé avec John Lennon en solo) sera leur principal producteur durant la décennie 70's.

Voyons un peu ce que cela donne...

- "Dream on" (Tyler) : Tiré du premier album du groupe, "Aerosmith", en 1972, ce morceau est emblématique d'Aerosmith, l'un de leur plus connus et appréciés. Et c'est mérité. Le titre commence par une jolie mélodie à la guitare, suivie d'une douce basse, ça ressemble à du Led Zeppelin. Puis vient la voix chevrotante de Steven Tyler, très Led Zeppelin aussi. En tout cas, ça tient la route du début à la fin, en restant très hard-rock mélodique mais sans partir trop fort (bon ok Tyler part un peu dans les aigüs à la fin). Une vraie bonne chanson de hard-rock, à la fois simple et profonde. Concernant les paroles, c'est assez philosophique mais j'avoue ne pas avoir décelé de choses très concrètes...

- "Same old song and dance" (Tyler/Perry) : Deux ans après "Aerosmith", le groupe devient plus célèbre et sort "Get your wings" sur lequel se trouve cette chanson qui ouvre l'album. C'est déjà plus rythmé, dès le début, avec un petit cri de Steven Tyler. Là encore, c'est du hard-rock avec de la guitare un peu saturée mais qui tourne plus autour du bon vieux rythm'n'blues avec un riff de guitare redondant. Un bon solo vient animer un morceau qui bouge bien sans non plus casser totalement des briques. Y a qques saxos aussi, qui datent un peu la chose, mais bon, c'est d'époque. Voilà bon, ça fait un bon petit morceau d'ouverture mais c'est pas non plus l'extase. Côté texte, ça parle de cette malchance qui colle à certains types à problèmes qui se font choper avec des armes et de la drogue et le rituel du procès : toujours la même musique quoi. Plutôt original !

- "Sweet emotion" (Tyler/Hamilton) : Un an plus tard, en 1975, c'est enfin la consécration avec l'album "Toys in the attic" qui contient notamment ce morceau marquant. Un joli choeur pour commencer et du riff bien accrocheur pour continuer. Bien rythmé, limite funky, nous voici encore dans du hard-rock efficace ponctué de choeurs-refrains chantant "Sweet emotion". Le texte est encore très évasif, mais reste dans le côté déviant rebelle qui va bien avec la musique.

- "Walk this way" (Tyler/Perry) : Toujours sur "Toys in the attic", c'est sans doute la chanson la plus connue d'Aerosmith, et encore plus depuis sa version de 1986 avec les rappeurs de Run DMC. Mais là, nous restons avec la version originale, moins commerciale déjà. Que dire de plus sur ce tube en puissance ? Ce riff tellement connu, ce flow presque rap. J'aime mieux cette première version avec son côté roots, clair et épuré, moins lourd que la version à venir dix ans plus tard. Tyler crie beaucoup moins et offre une excellente interprétation. Il n'y a que le refrain qui est peut-être un peu moins tranchant... Ce morceau incontournable se termine avec un dernier solo ravageur... Là encore, le texte est assez riche, parlant des amourettes adolescentes à la sauce hard-rock ! Like this !

- "Last child" (Tyler/Whitford) : Encore un an passe et un nouvel album, "Rock" ! En voici un des singles, co-signé par le second guitariste, Brad Whitford. C'est un peu plus doux là... enfin juste au début. Des choeurs suivis d'un riff encore bien reconnaissable et un Steven Tyler dont la voix est devenue plus tranchante et aigüe. C'est encore pas trop lourd, même assez léger dans les basses, et très bluesy. Les choeurs sont bien sympas et l'atmosphère aérienne est très réussie. Et encore un solo technique bien oeuvré par les deux guitaristes. Les paroles sont denses mais peu compréhensibles... Décidément ce Steven Tyler !

- "Back in the saddle" (Tyler/Perry) : Nous sommes toujours sur "Rocks" avec une chanson un peu plus sombre. Grosse intro qui monte en crescendo avant les cris de Steven Tyler : "I'm baaaaaack". C'est ici beaucoup plus rock, plus agressif dans les attaques de refrains. A noter une très bonne basse, vibrante, qu'on entend malgré les gros riffs de guitares par-dessus, beaucoup plus brouillons par contre. Enfin du vrai hard-rock pourrait-on dire ! Faut dire qu'il s'agit d'un western dans le texte, le narrateur est de retour sur sa selle (saddle) et revient en ville, le pistolet chargé... ça va saigner ! Bon, c'est un peu plus bourrin (c'est le cas de le dire !) musicalement mais c'est pas trop mal quand même.

- "Draw the line" (Tyler/Perry) : 1977, un nouvel album, "Draw the line" avec la chanson qui va avec et qui l'ouvre. Mais selon les spécialistes, cet opus serait moins bon que les précédents. C'est tout de suite très trash côté musique, très confus. On se dirige droit vers le hard-rock que j'aime moins... Steven Tyler garde une bonne voix avec de bons choeurs derrière lui. Là encore, il n'y a que la basse qui réussit un bon riff derrière. Je vous fais grâce des paroles touffues et assez énigmatiques...

- "Kings and queens" (Hamilton/Kramer/Tyler/Whitford/Douglas) : Toujours le même album et tout le monde s'y est mis pour composer ce morceau, même le producteur, Jack Douglas. Il n'y a que Joe Perry qui n'y est pas, bizarrement. Grosse batterie pour débuter mais ça se calme ensuite avec un rythme limite au ralenti. Steven Tyler s'égosille en articulant bien chaque mot. Puis vers le milieu de la chanson, après un gros solo riffé, le rythme s'accélère soudain, toujours sur cette même mélodie plutôt intéressante. Comme sur la chanson précédente, ça s'arrête d'un coup avant de reprendre avec un nouveau solo bluesy à mort. En tout cas, on est bien dans l'ambiance "Moyen-âge" dont parle le texte : rois, reines, guillotines, sang, seigneurs... C'est assez conceptuel mais ça passe encore.

- "Come together" (Lennon/McCartney) : Après ça, le groupe a sorti un album live puis a participé à la B.O. de la comédie musicale "Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band", en hommage (raté) aux Beatles, signant la reprise de "Come together". A l'origine, la chanson est déjà très bluesy, pré-punk. Alors, elle colle pas mal à Aerosmith qui en a accéléré le rythme mais reste plutôt fidèle musicalement et même aux choeurs. Donc rien de spécial à signaler, ce n'est ni un affront ni une révolution, juste une reprise très correcte, dans la norme. A noter que cette reprise a été coproduite par l'honorable George Martin.

- "Remember (walking in the sand)" (Morton) : Nous voici en 1979, avec un nouvel album "Night in the ruts". Le déclin est entamé et Joe Perry quitte le groupe après son enregistrement... Aïe. Avant de revenir plus tard. Ce n'est pourtant pas une mauvaise chanson que nous avons là, signée du producteur George "Shadow" Morton. Le rythme se veut lancinant avant de swinguer avec claquements de doigts... et ça reprend de manière lasse et heavy à la fois, avec de grands choeurs derrière. Puis un gros solo doublé pas mal et encore ce pont swinguant. Chanson assez expérimentale on pourrait dire, entre hard-rock et pop jazzy. En fait, on comprend mieux le texte. C'est triste quand Steven Tyler explique la réalité, sa copine est partie avec un autre. Puis ça swingue quand il se rappelle ("Remember") les bons moments qu'il a passé avec elle. Original, non ?

Au final, cette compilation est simple et efficace, contenant tous les singles marquants de la première décennie de carrière d'Aerosmith. Au début, ça ressemble quand même pas mal à Led Zeppelin puis ils prennent leurs marques et foncent droit vers le hard-rock brut pré-heavy à la fin.

Honnêtement, le résultat est loin d'être à jeter. Ce fut une agréable surprise pour moi qui avait déjà peur d'avoir mal aux oreilles. Les premières chansons sont très mélodiques et intéressantes musicalement. Après, ça devient plus confus mais il reste une base efficace qui cartonne bien.

Steven Tyler signe des textes riches et sa voix est particulièrement accrocheuse pour ce type de musique, devant de plus en plus aiguisée au fil des années.

Le choix des titres est donc réussi, Aerosmith m'apparaît comme un groupe aux albums bons et solides. Après, avec les années 1980, il paraît que ça va se gâter... On verra bien... Un jour qui sait !

Les morceaux à retenir : "Dream on", "Sweet Emotion", "Walk this way", "Come Together", "Remember (walking in the sand)".

vendredi 30 octobre 2009

Concert : Lily Allen - Zénith

La dernière fois que j'avais vu Lily Allen, c'était aux Solidays, il y a 2 ans il me semble et sa prestation m'avait époustouflé. Je l'ai déjà raconté ici-même d'ailleurs : fumant des cigarettes et buvant du rosé sur scène et assurant malgré tout un super show.

Je ne connais pas grand chose de son nouvel album si ce n'est les deux ou trois singles mais ils me plaisent bien alors évidemment, l'envie d'aller la revoir sur scène était bien là.

En plus, je ne connaissais pas le Zénith donc ça tombait bien. En fait, cette salle n'est pas si grande que ça. A l'intérieur, on se croirait un peu au Dôme de Marseille. La fosse n'est pas immense et on est toujours assez près de la scène, ce qui est vraiment sympa. Malheureusement pour Lily, la salle était quand même loin d'être comble, de nombreux sièges étaient recouverts d'une grande toile parce que n'ayant pas trouvé preneur.

Mais peu importe, tant pis pour les autres. Le show a débuté avec une première partie vraiment bien choisie : Just Jack. Je l'avais raté à Rock en Seine en août dernier, me voilà ravi. L'ami Just Jack nous fait de l'électro pop mêlant parfois un peu de flow de hip-hop et de funk. C'est très agréable à écouter, parfois même dansant. Bref, cela a tout de suite mis le public dans l'ambiance.

Puis il y eut Princess Lily dans son décor de cabaret avec chandeliers immenses et escalier monumental. La belle était vêtue ou plutôt dévêtue. Elle n'avait sur elle qu'une espèce de robe où deux grandes lanières cachaient ses seins. Mais le reste de son buste était ouvert à tous les vents, un peu comme la robe de Kylie Minogue dans son fameux clip "Can't get you out of my head". C'est dire le délice visuel qui accompagnait le délice sonore !

La pauvre avait mal à la gorge et s'est donc excusée pour certains passages difficiles mais dans l'ensemble, elle a quand même assuré, même si on aura remarqué un léger soutien du playback. A part ça, elle a fait son show. Comme d'habitude, elle dégage une énorme sympathie. Entre chaque chanson, elle se marrait grassement, soit parce qu'elle se trompait dans la chanson à venir ou pour rien ! Puis elle s'est fumée cigarette sur cigarette jusqu'au bout du concert. Pas forcément très respectueux mais qu'importe, on lui excuse tout écart !

Concernant la playlist, c'était très bien. A vrai dire, je ne connaissais pas ou plus la majorité des chansons qu'elle a chanté mais ça passait très bien quand même. Le chanteur français Ours est venu sur scène pour un duo sur "22", le nouveau single de la Miss. Bon, sympa, mais les deux n'avaient pas l'air très coordonnés.

Lily Allen s'est également fendue de qques reprises dont des morceaux des Kooks, des Killers mais surtout le "Womanizer" de Britney Spears même si sa version ressemble quand même beaucoup à l'original. Pour finir, on a eu le droit au divin "Fuck You" qui a mis toute la salle en transe une dernière fois, Lily Allen distribuant des majeurs à tout le monde.

Au final, même si le show peut encore être mieux rôdé (c'était apparemment l'un des premiers d'une longue tournée européenne), le spectacle fut à la hauteur, on a pris bien du plaisir à voir cette trublionne de la British pop laisser aller sa bonne humeur sur scène. Elle a annoncé il y a qques semaines qu'elle voulait arrêter la musique, on la supplie de ne pas nous quitter !

samedi 17 octobre 2009

Ringo Starr - Beaucoups of Blues (1970)

Tous les ex-Beatles ont été relativement rapides à sortir leurs premiers albums solos. Ringo Starr n'échappe pas à la règle et même, il a été le plus rapide.

Après "Sentimental Journey" et ses reprises de vieux standards des années 1930 et 1940, le batteur se fait à nouveau plaisir avec un album entièrement dédié à la country, son autre dada musical. Il faut se souvenir que, déjà avec les Beatles, Ringo s'était attelé à chanter des morceaux lorgnant du côté de la country : "Act Naturally", "What goes on", "Don't pass me by"... Et cela lui allait comme un charme ! Sa voix, très particulière on le sait bien, s'accorde assez bien avec ce genre de musique.

Dans le livret de "Beaucoups of Blues", Ringo raconte à nouveau au Suédois Staffan Olander la genèse de son album. Le batteur indique que cet opus s'est fait un peu par accident. Il bossait sur le "All Things must pass" de George Harrison qui avait fait venir Pete Drake, un excellent joueur de steel-guitar de Nashville, qui avait collaboré avec Elvis Presley et Bob Dylan. Ringo a fait envoyer son chauffeur pour aller le chercher à l'aéroport et Pete Drake s'est émerveillé de la collection de disques country présents dans la voiture du batteur.

Ringo lui explique alors qu'il aimait cette musique depuis toujours puisqu'à Liverpool, qui était un port, il en avait beaucoup écouté. Le batteur savait que Pete Drake venait tout juste de travailler avec Dylan et lui demanda alors s'il était également possible d'enregistrer un album country avec lui. Pete Drake fut enthousiaste et invita Ringo à venir l'enregistrer à Nashville.

Le guitariste a alors demandé à des compositeurs country d'écrire des chansons pour Ringo. Tout était prêt quand l'ex-Beatles est venu les enregistrer aux Etats-Unis. La session dura à peine une semaine, avec des musiciens country réputés tels que Pete Drake évidemment mais aussi les fameux guitaristes Charlie Daniels, Dave Kirby, Chuck Howard, Sorrells Pickard, Jerry Reed, Jerry Shook, Jerry Kennedy, Ben Keith et même Ringo qui s'est essayé à la guitare acoustique. A la basse, on retrouve Roy Huskey Jr et Buddy Harman (qui est pourtant un batteur). Charlie McCoy joue de l'harmonica, George Richey, Grover Lavender et Jim Buchanan du violon. A la batterie, outre Ringo, il y a DJ Fontana. Tous ces noms sont très connus dans le milieu country et ont également participé à l'écriture des chansons.

Pour les voix, Ringo est doublé sur certains morceaux par la chanteuse country Jeannie Kendal et les Jordanaires, choristes d'Elvis Presley, rien que ça. Le tout a évidemment été produit par Pete Drake.

La pochette de l'album est sobre. On voit un Ringo, les cheveux coupés, une cigarette à la main, assis devant la porte d'une cabane en bois, l'air mélancolique, à l'image du titre de l'album, "Beaucoups of Blues".

Le livret est tout aussi austère avec les paroles des chansons et qques photos des sessions d'enregistrement. Mais passons donc à la revue titre par titre...

- "Beaucoups of Blues" (Rabin) : On commence avec la chanson qui a donné son titre à l'album. Rythme nonchalant, voix sobre presque de crooner, Ringo introduit son nouvel opus avec une jolie petite balade sur l'histoire d'un homme qui quitte sa Louisiane pour se rendre compte qu'elle lui manque terriblement, d'où le "beaucoups of blues"... Morceau assez court mais on rentre déjà dans le vif du sujet, une jolie mélodie, une belle orchestration et des choeurs très western. Du tout bon !

- "Love don't last long" (Howard) : Ecrite par l'un des guitaristes embauché par Pete Drake, cette chanson garde le registre de la jolie mélancolie. Le texte raconte trois histoires différentes, trois histoires d'amour qui se finissent mal, d'où le titre ("L'amour ne dure pas longtemps"). Dans la première, une jeune fille est rejetée de la maison par sa mère, et quand elle veut rejoindre le garçon qui l'aimait, il la rejette à son tour. Dans la deuxième, c'est plus trash, avec un jeune homme qui est arrêté par la police du Kentucky. Il demande à son père de payer sa caution. Ce dernier lui dit d'aller en enfer, et le jeune homme se pend dans sa cellule, laissant derrière lui un mot disant "Papa, ramène moi à la maison s'il te plaît". La troisième est tout aussi sanglante. Un homme, dont la femme lui répète tous les jours combien elle l'aime, rentre un jour chez lui et la surprend avec un autre homme. Il tue les deux amants avant de mettre fin à ses jours lui aussi... Très glauque mais Ringo nous conte cela avec une nonchalance mélodieuse à nouveau. Ce morceau fait encore très western et se termine par une outtro musicale du plus bel effet...

- "Fastest growing heartache in the West" (Kingston/Dycus) : Sortez les violons pour ce morceau qui a l'air tout de suite plus joyeux. Le rythme est légèrement plus élevé, soutenu par une belle steel-guitar et des choeurs divins. Le narrateur raconte comment il a ramené en Californie une jeune fille de la campagne et comment celle-ci a adopté un peu trop rapidement le mode de vie de l'Ouest américain. C'est un morceau encore assez court, Ringo ne change pas le ton de sa voix qui sied parfaitement à ce type de chanson.

- "Without her" (Pickard) : Un autre des guitaristes du band concocté par Pete Drake, Sorrells Pickard, a composé ce morceau. Musicalement, c'est encore remarquable. Pour les choeurs également, un peu plus forts que le chanteur quand ça monte dans les aigüs. Mais Ringo tient toujours la baraque, toujours aussi doux dans ses intonations, sans forcer. Il est ainsi parfait dans la peau de cet amoureux qui raconte combien sa belle lui manque...

- "Woman of the night" (Pickard) : Encore une histoire de femme signée Sorrells Pickard... Mais celle-ci est une prostituée dont le narrateur est amoureux et pis, il ne peut même pas se la payer ! Alors, dans ce morceau plutôt enjoué, il nous conte toute son admiration pour cette "femme de la nuit". L'orchestration est puissante, avec harmonica en plus, et batterie mise en avant. Un excellent morceau, dommage que le fade out coupe la chanson un peu brutalement sur la fin.

- "I'd be talking all the time" (Howard/Kingston) : La steel-guitar est à nouveau de sortie ici, pour un morceau à nouveau bien rythmé et plutôt joyeux. Le sens du texte n'est pas très clair cependant. Mais Ringo s'en donne à coeur joie, se lançant parfois dans des élans un peu perchés, mais à peu près bien maîtrisés et il est bien aidé par des choeurs impeccables, qui finissent la chanson sur une jolie coda.

- "$15 draw" (Pickard) : Encore Pickard à la baguette, mais pas d'histoire de filles cette fois. Le narrateur écrit une lettre à sa mère pour lui demander des nouvelles et lui apprendre qu'il a monté un groupe de musique et l'invite à venir l'écouter avec ses frères. C'est ainsi une chanson un peu plus longue que les autres, au rythme élevé, avec harmonica et de superbes parties de guitare, très techniques, encore plus appréciables dans le solo final où Ringo improvise qques borborygmes avec sa voix...

- "Wine, women and loudy happy songs" (Kingston) : Le titre parle pour lui-même ! Mais il s'agit en réalité d'une chanson mélancolique. Le narrateur a connu tout ça mais c'est désormais révolu et il se désespère de la misère dans laquelle il est tombé. Un morceau encore très western, avec une magnifique partie de steel-guitar, accompagnée de violons country.

- "I wouldn't have you any other way" (Howard) : Ringo prend sa plus belle voix de crooner pour interpréter cette douce chanson... Doublé par Jeannie Kendal et les Jordanaires, on l'imagine bien en costume, avec une fine moustache et une salle de club enfumée... Le drôle de texte est signé Chuck Howard à nouveau, à propos d'une femme un peu spéciale dont est amoureux le narrateur. Mais peu importe s'il ne comprend pas "la moitié de ce qu'elle fait", il l'aime comme elle est.

- "Loser's lounge" (Pierce) : On enchaîne avec une vraie mélodie country, bien pêchue, où la voix de Ringo colle à nouveau bien à l'ambiance. Musicalement, c'est encore splendide, la steel-guitar de Pete Drake fait des merveilles. La chanson parle d'un club, le "loser's lounge", où se retrouvent les âmes en perdition d'une ville inconnue. Le tout finit par un grand "Oh Yeah" du plus bel effet !

- "Waiting" (Howard) : Pete Drake sublime à nouveau ce morceau signé Chuck Howard de sa steel-guitar... Une chanson mélancolique à souhait où un Ringo amoureux fait part à sa belle qu'il sera toujours là pour elle... Le solo de violon, avec choeurs, est de toute beauté.

- "Silent Homecoming" (Pickard) : Et un dernier morceau de Sorrells Pickard pour clore l'album. Peut-être celui où la voix de Ringo est la moins assurée malheureusement. Il ne la contrôle plus tellement, notamment quand il part dans les aigüs. Mais c'est peut-être aussi le morceau le plus faible musicalement. Le texte est intéressant en revanche, sur une femme qui attend que son homme rentre de la guerre mais qui se demande s'il a changé après une épreuve aussi terrible. La fin est pas mal mais Ringo ne sait plus trop quoi chanter alors il fait des "no, no" un peu incongrus.

- "Coochy Coochy"* (Starkey) : Deux morceaux en bonus sur la réédition de cet album. Le premier est une composition anecdotique de Ringo Starr, paru en face B de l'unique single sorti avec cet album, la face A étant "Beaucoups of Blues". Cela ressemble déjà beaucoup plus à du Ringo Starr dans l'écriture ! Les paroles sont très simples, le narrateur a beaucoup voyagé et recherche son "coochy coochy"... Je ne sais pas ce que c'est... Musicalement, c'est très enjoué avec un gros solo de violons et de guitares. Le tout est finalement un grand jam qui n'a pas de grand intérêt et démontre que Ringo n'est à son top que quand ON lui écrit des morceaux !

- "Nashville Jam"* (Daniels/Kirby/Pickard/Reed/Shook/Kennedy/Drake/Keith/Huskey Jr/Harman/McCoy/Richey/Lavender/Buchanan/Fontana/Starkey) : Ce morceau là ne figurait nulle part avant la réédition de cet album. Il s'agit simplement d'un boeuf de plus de 6 minutes réunissant tous les musiciens de l'album, à la manière des jams du "All things must pass" de George Harrison. Chacun y va de sa partie de guitare et de violon, mélangeant le blues et la country.

Ce qu'on peut dire de "Beaucoups of Blues", c'est déjà qu'une nouvelle fois, Ringo s'en sort très bien. Il a choisi un registre musical, la country, qui lui va comme un gant, et il n'y quasiment aucune fausse note à déplorer.

Superbement entouré musicalement, sa voix s'accorde parfaitement avec l'ambiance de chaque morceau. Même si l'album reste très homogène parce que, quand même, la country, ça tourne un peu en rond, le résultat est tout à fait convainquant. Evidemment, le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous et Ringo préféra se tourner vers le cinéma mais au moins il s'est à nouveau fait plaisir et cela s'entend.

Il a pu compter sur un allié de poids, Pete Drake qui, avec ses musiciens, ont vraiment fait un boulot formidable. On apprécie également les textes des chansons, souvent tristes mais qui sont empreints d'un réalisme qu'on ne trouve guère que dans ce type de musique. Cette ambiance western devrait ravir les amateurs du genre...

Pour un deuxième album solo, c'est donc à nouveau une réussite pour Ringo qui reviendra plus tard à un genre qu'il connaît mieux, la pop, mais qu'il ne maîtrise peut-être pas aussi bien que la country. Dommage qu'il n'ait pas tenté de percer dans cette voie.

Les morceaux à retenir : "Beaucoups of Blues", "Love don't last long", "Woman of the night", "$15 draw", "Loser's lounge".

mercredi 23 septembre 2009

Concert : Divers - Peace One Day

"Peace One Day" est un évènement créé par un philantrope britannique, Jeremy Gilley, qui voulait sauver la planète des guerres et des malheurs. Comme il a l'air riche et doté de pleins d'amis stars, il a convaincu l'ONU de lui accorder un jour de célébration par an, le 21 septembre.

Ainsi, ce jour-là a été consacré "Peace Day" (Journée de la Paix) et selon les nombreuses vidéos diffusées pendant le concert, toutes les hostilités s'arrêtent le 21 septembre pour laisser les victimes être vaccinées et soignées notamment.

C'est donc dans une ambiance "peace and love" que l'on célèbre le Peace Day chaque année par un concert. D'habitude, ça se joue à Londres parce que le créateur est anglais. Mais là, c'était les 10 ans alors il était déplacé à Paris. Chouette. Et au Grand Rex, re-chouette, car je découvrais cette grande et magnifique salle à l'ancienne de Paris avec décors orientaux tout en carton pâte.

Avant de dévoiler la succulente affiche de ce Peace One Day Concert, on va un peu décrire le déroulement de la soirée. Entre chaque partie musicale, des intervenants venaient faire leur petit speech et/ou montrer des vidéos assez courtes des actions de Peace One Day. Ainsi, nous avons eu droit à un slameur-rapeur américain, Saul Williams, qui est allé de plus en plus vite et en anglais donc super difficile à suivre, puis l'ambassadrice de Peace One Day en France, l'actrice Elsa Zylberstein, qui est revenue deux fois (la deuxième fois avec Jeremy Gilley), puis l'ambassadeur d'Afghanistan en France, et enfin l'actrice Aïssa Maïga, qu'on a déjà vu aux côtés de Romain Duris dans "Les Poupées Russes" notamment.

Côté musical, trois ou quatre morceaux interprétés par du beau monde et voici ce que j'en ai pensé :

- Kasabian : Ce sont eux qui ont fait le plus de bruit mais qui ont recueilli le moins de suffrages de la foule. Pas facile de passer en premier non plus. M'enfin, ils ne m'ont jamais vraiment tapé dans l'oeil et en live, pas de changement dans mon esprit. Ce n'est pas complètement mauvais mais ça n'a vraiment rien d'extraordinaire et je ne prends pas part du tout à l'engouement qu'il suscite depuis plusieurs années.

- Ayo. : On rentre dans le vif du sujet avec la belle métisse, fruit d'une vraie passion que je lui porte depuis un moment maintenant, vous l'avez bien compris. Evidemment, sa prestation fut courte donc frustrante. De plus, elle n'a pas vraiment chanté mes chansons préférées à part une version rallongée de "Help is coming" mélangé parfois de "Slow Slow Run Run". Sinon, elle a interprété "Better Days" et "Life is real". Performance acoustique pour la belle qui n'était accompagnée que d'un membre de Tryo aux percussions, bwah. Pas mon meilleur souvenir donc mais quoi qu'il en soit, la voir sur scène est toujours un bonheur pour moi.

- Charlie Winston : Le chouchou du public sans doute tellement il explose à l'heure actuelle. Il cartonne et c'est mérité. Ce fut la performance que j'ai préféré de cette soirée. Charlie Winston a chanté les quatre meilleures chansons de son album, soit les quatre gros tubes : "In your hand", "I love your smile", "Kick the bucket" et "Like a hobo". Je suis moins fan de cette dernière mais c'est vraiment celle qui a le plus plu au public qui n'arrêtait pas de la réclamer en sifflant l'air entre chaque morceau ! Charlie Winston a tout pour plaire : charmant, drôle et bon danseur. Une prestation parfaite.

- Olivia Ruiz : La petite chanteuse du sud était la seule artiste francophone au programme du concert. Mais elle est arrivée sans pression et a livré une jolie et énergique performance très appréciable, notamment par la présence de nombreux musiciens dont de vrais cuivres. Je ne connaissais pas la moitié des chansons qu'elle a interprété mais il y avait notamment "J'traîne des pieds", l'un de ses premiers tubes, et "Elle Panique", son dernier single qui cartonne bien. Prestation bien sympa donc.

- Keziah Jones : Très attendu lui aussi, il fut le plus décevant. Seul sur scène avec sa guitare, il est resté assis sur sa chaise le temps de quelques chansons assez similaires et ennuyeuses à mourir. Si le Nigérian maîtrise vraiment bien son instrument, il lui a manqué du charisme et de l'enthousiasme pour faire vraiment se soulever les gens. Je l'avais vu pour la première fois à Solidays où, même s'il avait été fidèle à lui-même, il ne m'avait pas vraiment accroché. Sa performance ici ne m'a plus convaincu, au contraire.

- Lenny Kravitz : La tête d'affiche de la soirée a été le plus applaudi et le plus "star". Cinq minutes de retard, trois chansons et puis s'en va. Mais pour le coup, lui a un charisme fou et une présence sur scène très puissante. Accompagné d'un super groupe (clavier extra, cuivres), il a fait parfaitement son boulot. Si ses chansons ne sont pas follement originales, il sait maîtriser une foule en délire. Toute la salle a repris le refrain de "Let love rule" en choeur avant que Lenny la star ne quitte la scène pour de bon...

Au final, même si l'esprit pacifique de la soirée n'était pas vraiment dans les têtes des spectateurs parisiens qui préféraient se délecter des vedettes de la chanson présentes sur scène, le spectacle fut varié et très appréciable. Ce fut une belle palette d'artistes à la mode et qui font de la bonne musique. La cause est juste et bonne alors merci aussi à eux pour s'être impliqués dans l'évènement. Peace !

mardi 15 septembre 2009

Concert : Coldplay - Parc des Princes

Un an après, voilà Coldplay de retour à Paris et je ne pouvais les manquer pour rien au monde.

Leur succès ne se dément pas, surtout depuis le dernier album et les voilà désormais prêts à remplir des stades. Pas encore le Stade de France mais le Parc, c'est pas mal ! J'y avais vu les Red Hot Chili Peppers, souvenir correct.

Là, j'étais tout au bout, en haut, à l'opposé de la scène, juste en face. Autant dire que vu la superficie du machin, les écrans géants m'ont bien aidé... Plus de place en fosse, eh ouais...

Bref, j'ai raté la première première partie, Bat for Lashes, mais j'ai vu la fin de la seconde, les Flaming Lips, très flamboyant et coloré mais musicalement, pas non plus un grand souvenir.

Puis le concert... ah... enfin... Well, depuis un an, leur tournée ne s'est pas arrêtée donc en fait, on a eu le droit au même show quasiment que celui de Bercy, en plus grand. Je vous invite ainsi à aller lire mon post à ce sujet.

Des choses ont un peu changé dans ma perception tout de même. J'aime encore mieux les nombreuses chansons du nouvel album qui ont été jouées. Autrement "Viva la vida" cartonne toujours plus, "The hardest part" est toujours le moment le plus beau du concert... Le groupe reste incroyablement généreux et énergique, ça fait plaisir.

Sur la petite scène qu'ils ont placé dans un coin de la fosse, ils ont ajouté une splendide reprise de "Billie Jean" à leur répertoire. Et en bonus, on a eu le droit à un CD offert, reprenant qques titres live bien foutus.

Sinon, c'était pile poil pareil donc, mais c'était du tout bon. Coldplay est désormais un des plus grands groupes mondiaux et confirme après chaque concert sa puissance dévastatrice... pour notre plus grand bonheur, heureusement.

dimanche 30 août 2009

Concert : Divers - Rock en Seine 2009

Le festival parisien propose chaque année une affiche assez alléchante avec des groupes connus et donc attirants mais je n'avais encore jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds. Manque de temps, d'argent... Oui parce que déjà, c'est un peu cher. 99 Euros les trois jours, ce n'est pas donné. Evidemment, c'est honnête compte tenu des nombreux concerts qui ont lieu mais si l'on est intéressé que par qques groupes et qu'en plus, ce sont des shows de seulement 1h, ça glace tout de suite un peu.

C'était mon cas cette année où The Offspring et MGMT m'intéressaient beaucoup mais ils étaient les seuls de leur journée (samedi et dimanche) alors bof, non, tant pis. Je me suis donc rabattu sur le vendredi, le meilleur jour selon avec plusieurs groupes qui me bottaient bien.

Concernant l'environnement, il est vert, c'est bien mais proche de la forêt alors c'est très touffu et feuillu donc pas terrible pour le sol. Ce n'est que détail certes. Mais l'emplacement n'est pas loin des transports donc un point positif pour compenser. Je m'attendais à un évènement au moins aussi grand que Solidays et en fait, pas vraiment. On a vite l'impression que c'est plus petit, il n'y a que trois scènes dont deux très rapprochées, ce qui empêche pas mal de concerts de se dérouler en même temps. Du coup, ben on poireaute pas mal quand il n'y a rien d'intéressant à se mettre sous la dent. En plus, les concerts ne s'enchaînent pas vraiment bien, trop de moments de latences donc.

Ce vendredi, je voulais débuter en assistant à la prestation de Just Jack mais trop de retard donc tant pis... Mais j'ai vu d'autres choses que voici :

- Keane : J'aime bien ce groupe et son chanteur potelé qui fait de la pop bien huilée malgré l'absence de guitares. Mais là il y en avait un peu et c'est bien le chanteur qui la tenait, de temps en temps. A les écouter, ils ressemblent quand même à des cousins du Coldplay du début, en plus classiques. Leurs chansons sont bonnes mais il est vrai qu'il a eu beau se démener, le chanteur a eu beaucoup de mal à soulever la foule qui reprenait vraiment très timidement ses paroles. Dommage parce qu'ils méritaient mieux. Une prestation solide et convaincante mais de seulement 45 minutes et ça, c'est vraiment lamentable. C'est quoi ce festival ?

Après j'ai écouté les rappeurs d'Asher Roth d'une oreille et c'était pas trop mal.

- Amy Macdonald : Je ne comptais pas non plus m'attarder avec la jeune Ecossaise mais finalement, ce fut une bonne surprise. Je ne connaissais qu'une ou deux chansons de la Miss et le reste fut plutôt bon avec des morceaux souvent bien rythmés et variés. Elle et son groupe ont la pêche et son accent écossais est vraiment super craquant. Son look de fausse blonde en robe paillette détonait beaucoup car ça n'allait pas du tout avec ce qu'elle chantait (folk pop) mais pourquoi pas ? Un bon point pour elle.

- Madness : Les maîtres du rock steady britannique ont donné la plus belle prestation que j'ai pu voir de la journée. Bien entendu, je ne connaissais que qques fameux titre de cet orchestre très cuivré mais le reste fut splendide. Le show fut vraiment magique avec un chanteur parfait meneur de revue, qui s'exprimait de manière poétique voire un peu mystérieuse. Il lançait ses chansons de manière original et s'est même fendu du premier couplet de "Help !" a cappella. Ses musiciens étaient tous géniaux dont plusieurs saxophonistes fous dont un a fini dans les airs, accroché à un élastique. Bref, un show du feu de dieu qui a mis la foule en extase. De "One step beyond" à "Our House" en passant par "Baggy trousers" ou une reprise de Max Romeo, tout le monde a pris son pied avec joie.

- Bloc Party : Ils ont tout de suite donné le ton en annonçant qu'ils ne permettraient pas au public de partir voir Oasis. Alors c'est parti sur les chapeaux de roue avec beaucoup de son et comme d'habitude, on n'entendait pas assez la voix du chanteur. Mais qu'importe, ils sont toujours aussi efficaces avec d'excellents musiciens, notamment le batteur qui, même s'il ressemble toujours à un geek de 15 ans, assure comme un chef derrière ses fûts.

Comme tout bon lâcheur, je n'ai pas vu parce que oui, j'attendais l'évènement Oasis... Mais ça a mal tourné et j'ai malheureusement assisté à un fait historique : la séparation des frères Gallagher. C'était déjà très inquiétant car à 22h, heure du concert, les roadies plaçaient à peine les instruments... Bon... du retard, ok, comme d'hab'. Puis une voix dans le noir, qui annonce que le concert est annulé, que les deux frères ennemis se sont battus dans les loges, qu'ils se séparent... Incroyable... Une blague ? Tout le monde y a cru, s'attendant à voir débarquer le groupe sur scène pour faire la surprise. Mais non, le speaker a répété l'annonce en anglais puis cela a été affiché sur les écrans aux côtés de la scène. Une bagarre, une guitare cassée, un retard, et le ras le bol de Noel quant à bosser avec son frère. C'est fini Oasis. Cela est déjà arrivé par le passé alors espérons que l'on ait assisté seulement à un épisode fâcheux de plus de leur histoire mouvementée mais tellement talentueuse. La poisse pour un festival qui a déjà perdu sa tête d'affiche (Amy Winehouse) au dernier moment deux fois de suite déjà dans le passé !

Madness a fini par remplacer les frères fâchés pour un show similaire au précédent mais j'étais déjà loin, sans plus aucun espoir. Au final, l'impression est donc bien mitigée. L'absence d'Oasis pèse évidemment beaucoup dans mon opinion mais le reste aussi. Ma journée ne fut pas perdue grâce aux éclaircies de Madness et Keane notamment mais le reste ne m'a pas totalement enchantée donc bon, on espère y revenir avec plus de convictions la prochaine fois.

samedi 22 août 2009

Paul & Linda McCartney - Ram (1971)

Le second album solo de Paul McCartney est paru à peine un an après le premier, démontrant toujours plus l'aspect prolifique de l'ex-Beatle. Ici, il crédite sa femme, Linda, comme auteur de l'album parce qu'elle aurait participé activement à l'écriture des chansons, mais aussi pour sa participation musicale (dans les choeurs surtout).

Avec "Ram", McCartney continue sa route post-Beatles en restant très roots. A l'image du diptyque "Plastic Ono Band-Imagine" de Lennon, le second étant une suite "orchestrée" du premier, on peut également voir une certaine continuité entre les deux premiers albums solos de Paul.

Comme pour Lennon, l'orchestration a été beaucoup plus travaillée ici. Mais "McCartney" était aussi beaucoup plus expérimental que "Plastic Ono Band" et "Ram" représente alors un véritable album avec douze chansons tout de même largement plus complètes que sur l'album précédent.

McCartney a donc continué à s'isoler dans sa ferme écossaise pour produire cette oeuvre avant de s'envoler pour New-York afin de l'enregistrer. Cette fois-ci, il n'a pas tout fait tout seul puisqu'il a recruté le batteur Denny Seiwell (futur Wings) et les guitaristes David Spinozza (qui collaborera peu de temps après avec Lennon et Ono) et Hugh McCraken (qui jouera avec de nombreux artistes au cours de sa carrière). Paul et Linda assure seuls la production.

"Ram" va vraiment lancer la carrière solo de McCartney, tout comme "Imagine" pour Lennon. Et cet album va faire particulièrement parler de lui. Sa qualité est indéniable, la touche McCartney est très présente et les Beatles ne sont pas très loin. Cependant, ce n'est que récemment que l'album a fait l'objet d'un véritable come-back sur la scène médiatique avec la presse rock le resortant des archives pour en faire l'éloge. "Ram" est alors devenu le chef d'oeuvre oublié de Paul McCartney dont on a retenu en solo que "Band on the run" ou presque.

Il fera aussi parler de lui au moment présent de l'époque puisque Lennon s'acharnera dessus avec véhémence. J'ai chroniqué "Imagine" avant "Ram" et pourtant c'est bien ce dernier qui est sorti en premier. Et dans "Imagine", Lennon répond furieusement à McCartney, se croyant insulté par son ex-compère. On en parlera dans le détail des chansons.

Lennon se vengera en chanson mais également visuellement. En effet, sur "Imagine", on trouve au dos une photo d'un John hilare en train de tirer les oreilles d'un énorme porc. Il parodiait avec facétie la pochette de "Ram" où l'on voit Paul en train de tenir un bélier (ram en anglais) par les cornes... Le packaging de l'album est très roots, à l'image du contenu. Il y a donc cette photo de couverture et tout autour, le fond, les côtés, sont coloriés, tendance orangée. Très enfantin. A l'intérieur, Il y a un patchwork coloré avec des photos de Paul surtout, dans diverses situations dont en studio. A l'arrière, du coloriage à nouveau et deux photos, l'une de Paul en famille, l'autre de deux scarabées en train de copuler, sans doute une allusion coquine aux Beatles... Les photos sont signées Linda, et les coloriages sont de Paul. Mouais.

"Ram" est assurément l'un des meilleurs albums solo de Paul McCartney, et en voici les chansons :

- "Too many people" (McCartney) : Première chanson de l'album avec d'ors-et-déjà un message fort, adressé à son vieux frère John. C'est l'une de celles que j'aime le moins parce que trop déstructurée, avec des petits bouts différents collés ça et là. Les parties vocales ne sont pas toujours très convaincantes. Musicalement, c'est mieux mais le premier solo de guitare est mou et raté, le second n'est pas vraiment plus réussi. Et la fin est complètement désordonnée. Mais au moins on sent bien que Paul a qque chose à faire passer. Ici, c'est une leçon qu'il veut donner à John notamment. Les paroles sont assez mystérieuses; Paul répétant ce "Too many people" (trop de gens) faisant ceci ou cela, indiquant cela comme un reproche. Et notamment prêchant la bonne parole comme John et Yoko. Il s'adresse sans doute à son ex-compère également quand il lui dit qu'il a eu de la chance mais qu'il a préféré s'en séparer. Je ne pourrais analyser chaque vers mais si littéralement, il n'y ni queue ni tête dans ce morceau, il y a assurément beaucoup de messages codés envers ses ex-compères et autres ennemis de Paul à cette époque. C'est ainsi une entame assez puissante, surtout concernant le texte, mais qui reste encore pas totalement aboutie selon moi.

- "3 legs" (McCartney) : ça se calme tout de suite après avec un petit blues tout mignon. Vocalement, c'est intéressant avec des choeurs toujours bien sentis et Paul chantant tantôt sous vocoder, tantôt de sa voix naturelle. Musicalement, c'est très simple, suivant le schéma classique d'un blues. Côté texte, Lennon s'est encore senti visé mais rien n'est moins sûr. Paul parle de son chien qui n'a que trois pattes et qui ne peut pas courir. Jusque là, rien de très insultant mais après il chante "Quand je pensais que tu étais mon ami / Quand je pensais que je pouvais t'appeler mon ami / Tu m'as laissé tomber". Et après il parle de mouches... Encore un texte à message, beaucoup plus métaphorique et poétique, qui sent bon la ruralité. Mais s'adressait-il à John ? Telle est la question... Loin d'être ma chanson préférée également. Cela ne commence pas très fort mais Paulo va vite se rattraper.

- "Ram on" (McCartney) : McCartney abandonne un peu ses rancoeurs et s'envole dans ce qu'il sait faire de mieux : un petit orchestre, du lyrisme, de l'amour et de la poésie... Chanson patchwork, on entend de tout, du piano, des dialogues, du ukulélé (avant George !), des choeurs sublimes, un sifflement... et un Paul chantant merveilleusement bien l'amour si cela en est. Il indique à qqu'un de donner son coeur à qqu'un d'autre. Un texte court mais dense en mystère... Ce morceau est un petit moment de bonheur tout simplement, une histoire de collage superbement mise en musique par McCartney. Du grand art.

- "Dear boy" (Paul & Linda McCartney) : Le lyrisme continue ici avec la première chanson vraiment bien finalisée de l'album, les précédentes possédant encore un petit côté bricolage. Ici, nous avons un morceau de pop pur, magnifique aussi bien vocalement (au vocoder avec des choeurs à tomber) et musicalement. C'est très homogène du début à la fin. Lennon a encore tiqué ici mais c'est beaucoup moins clair. L'auteur s'adresse à un jeune homme qui aurait manqué sa chance avec une fille et lui indique combien il a fait une erreur : "Je pense que tu n'as jamais remarqué, mon garçon, ce que tu avais trouvé / Je pense que tu n'as jamais remarqué qu'elle était juste la chose la plus mignonne qui soit / Je pense que tu n'as jamais remarqué ce que tu avais trouvé, mon garçon". C'est de toute beauté, un Paul imbattable ici, l'une de ses plus belles chansons. D'une durée de seulement 2 minutes.

- "Uncle Albert/Admiral Halsey" (Paul & Linda McCartney) : Une autre pièce maîtresse de "Ram" que ce petit medley concocté aux petits oignons. McCartney en a réalisé plusieurs durant sa carrière, commençant avec les Beatles (A Day in the Life, le medley d'Abbey Road) et poursuivant cette expérimentation en solo. Reprenant la bonne vieille sauce anglaise avec une ambiance à l'ancienne, Paul crée un véritable conte féérique de près de 5 minutes. Il y a donc ces deux personnages dans le texte. D'abord l'oncle Albert qui a l'air d'un vieux gâteux qu'on essaye de rassurer. Puis l'amiral Halsey intervient peu après. Encore un texte rempli de nonsense mais sur une orchestration divine et des choeurs enchanteurs. On passe d'une ambiance de manière très fluide. Totalement jouissif !

- "Smile away" (McCartney) : Comme d'habitude avec Paul, chaque morceau est unique et nous plonge dans une atmosphère différente du précédent. Ici, on retourne au rock roots sur une base assez classique mais tout à fait plaisante. McCartney prend sa grosse voix, sur des choeurs entêtants et tout charmants, et fait bouger tout le monde. Le texte est simple mais très comique. L'auteur raconte qu'il se baladait un jour dans la rue et qu'il a rencontré un ami qui lui a dit successivement qu'il puait des pieds, de l'haleine et des dents... Je ne sais pas qui dit "Smile away" à l'autre mais c'est viril. Musicalement, c'est très fourni et c'est très bon, avec un solo de guitare très sympa. On a souvent critiqué McCartney quand il se mettait à faire du rock mais là, il s'en sort très bien.

- "Heart of the country" (Paul & Linda McCartney) : Un autre bijou de "Ram" assurément. Avec le rock roots, voici une petite chanson folk, aux accents très rustiques. On sent bien Paul dans sa ferme écossaise en train d'enregistrer ce morceau. Il y chante merveilleusement bien les joies simples de la campagne. Le narrateur y cherche une maison et explique de manière poétique pourquoi. C'est court, épuré et efficace. Une merveille avec juste une guitare et une basse...

- "Monkberry moon delight" (Paul & Linda McCartney) : Et là encore, on passe de la simplicité même à la lourdeur symphonique. Lourd mais bon. Lourd comme l'ambiance heavy psychédélique de ce morceau incroyable. Paul change à nouveau de registre vocal, forçant ici un maximum sur les basses. C'est une chanson atypique une nouvelle fois, reposant sur un texte complètement foutraque mélangeant nourriture et instruments de musique. Paul est au sommet de sa forme et les choeurs évoquent déjà les futurs Wings (comme dans les précédentes chansons d'ailleurs). On apprécie la fin qui part en improvisation.

- "Eat at home" (Paul & Linda McCartney) : Retour à une petite chanson toute mignonne avec texte simplissime ("Chéri, viens manger à la maison") et rengaine imperturbable. Pas le morceau le plus difficile que McCartney ait eu à composer, dans la lignée de tout ces petites pièces faciles qu'il a composé tout au long de sa carrière pour remplir ses albums. Cela n'est pas forcément péjoratif que de dire cela car ceux-ci sont au moins efficaces bien que souvent anecdotiques. "Eat at home" est bien sympatoche, petit rock rythmé avec Linda aux choeurs, mais pas super renversant non plus.

- "Long haired lady" (Paul & Linda McCartney) : Un morceau déjà très Wings avec beaucoup de choeurs "naïfs", un peu enfantins. Paul rend sans doute ici hommage à sa belle avec un texte où il évoque une dame aux cheveux longs et aux yeux brillants. L'ambiance est très folk mais change ici aussi plusieurs fois de tons, notamment avec la partie "Love is long", sorte de refrain à part, chanté de manière répétitive. Mais l'amour reste au centre de la chanson. C'est un peu sans queue ni tête mais ça passe bien quand même avec une fin à la "Hey Jude" où l'orchestre monte petit à petit en puissance afin de s'éteindre.

- "Ram on" (McCartney) : Cela va devenir le petit jeu de McCartney, ajouter plus loin dans l'album une petite reprise alternative d'un morceau déjà entendu. Cela avait commencé avec Sgt Pepper. "Ram on" deuxième partie, petit intermède musical très court mais toujours très mignon avant d'arriver à la fin.

- "The back seat of my car" (McCartney) : McCartney clôt son album avec une chanson puissante et mélancolique à la fois, comme il a l'habitude de faire. Sa composition aurait début sous l'ère Beatles. Dans le sillage de "Oh Darling !", ou encore "Maybe I'm amazed" mais en plus léger tout de même, voici un morceau très réussi que John aurait encore pris pour lui. Le narrateur parle d'un voyage effectué avec sa petite amie, en route pour Mexico et écoutant de la musique. Tout n'est pas très clair mais cela finit par un refrain "we believe that we can't be wrong" (On croit que l'on ne peut avoir tort) sur lequel Lennon aurait tiqué. Ces deux amants ont fait qque chose de mal mais ne s'en rendent pas compte... Une chanson chorale pour clore un album déjà bien riche.

- "Another day"* (Paul & Linda McCartney) : En bonus sur l'album réédité, les deux chansons du single sorti entre "McCartney" et "Ram". Face A, nous trouvons cette adorable mélodie qui cache un texte assez triste. La chanson est à ranger dans le registre de celles où McCartney raconte une véritable histoire, souvent remplie de spleen. Ici, c'est celle d'une jeune femme au quotidien routinier et solitaire. Le jour où elle rencontre l'homme de sa vie, il la quitte le lendemain... Cela contraste donc particulièrement avec le rythme presque enjoué de la mélodie, absolument efficace. Mais Lennon s'en moquera dans "How do you sleep ?" en raillant le fait qu'il n'aurait composé que cette chanson de bien depuis "Yesterday". Méchant car McCartney ne rate pas sa cible ici avec un morceau vraiment réussi, très bon choix de single.

- "Oh Woman, oh why"* (McCartney) : Et une face B tout à fait honorable avec un rock roots, dans le même registre que "Smile away". McCartney fait encore état de tout son magnifique registre vocal ici, allant loin dans le raclage de gorge et les aigüs. Comme tout bon rock, le texte est simple. Le narrateur s'inquiète de voir sa bien-aimée avec une arme, lui demande pourquoi et tente de la faire culpabiliser. Mais on entend les coups de feu à la fin ! Musicalement, c'est fort, le rythme est bon, alternant lenteur et un peu plus de rapidité. Et bien entendu, on trouve déjà qques choeurs à la Wings.

Avec "Ram", les Wings sont indéniablement en route. McCartney offre toute sa palette de génie. Cela passe par ces orchestrations magnifiques, ces choeurs caractéristiques et toutes ces couleurs différentes, uniques à chaque morceau. C'est un festival de pop, de rock, de folk, tout y passe. McCartney règle ses comptes de manière détournée mais préfère se concentrer sur les plaisirs de la vie à deux et en famille. C'est une époque assez dure pour lui où il devait affronter les trois autres en procès et en prenait plein la tête dans cette position isolée. Malgré tout, il sort un album fort et rempli de fraîcheur simple.

Si "McCartney" était une bonne ébauche, "Ram", pas complètement fini non plus, apporte une énorme pierre au futur édifice construit par l'ex-Beatles en mal de reconnaissance. McCartney n'a jamais eu besoin d'être sur le devant de la scène pour faire des choses splendides et là, il réussit un coup de maître, rattrapant largement ses ex-camarades en termes de qualité.

"Ram" foisonne de belles choses, de tout ce qui fait Paul McCartney. Il est juste intouchable et inimitable, réussissant ce tour de bravoure quasiment à lui tout seul. L'artiste concentre tout ce qu'il y a de mieux en musique pop en lui-même. Si tout n'est pas parfait non plus, il a déjà une sérieuse avance sur tout le reste. "Ram" se situe exactement entre les Beatles et les Wings, une superbe transition.

Les morceaux à retenir : "Ram on", "Dear boy", "Uncle Albert/Admiral Halsey", "Smile away", "Heart of the country", "Monkberry moon delight", "The back seat of my car".

jeudi 2 juillet 2009

DVD - Gimme some truth

Nous avons parlé il y a qques temps de l'album "Imagine" de John Lennon, son deuxième en solo, une vraie réussite.

L'ex-Beatle a eu la bonne idée de laisser une caméra pénétrer chez lui, à Ascot, pendant l'enregistrement de cet album et de suivre la manufacture de celui-ci, presque de A à Z. Et cela s'appelerait : "Gimme some truth - the making of the Imagine album film".

Un DVD de ce faux documentaire a été édité il y a qques années, avec bonus, et cela fait évidemment plaisir. En effet, il est rarement possible de rentrer aussi précisément dans la maison et les studios d'une star comme John Lennon qui y enregistre l'un de ses albums phares.

Le livret du DVD nous indique peu de choses sur le pourquoi du comment mais nous livre qques jolies photos et informations sur l'album. Il raconte que Lennon a fait construire un studio d'enregistrement dans sa baraque de Tittenhurst Park, a fait venir Phil Spector pour le co-produire ainsi que "les meilleurs musiciens" du moment. Et le résultat est une oeuvre qui capture à la fois l'idéalisme et la colère de Lennon.

Entrons donc dans l'intimité du couple Lennon le temps d'un album mythique...

L'histoire commence avec une vue d'hélicoptère sur la belle demeure victorienne du sieur Lennon, nous sommes en mai 1971. Et il est déjà là en train de parler, d'accorder sa guitare, son groupe autour de lui. Yoko Ono intervient par-dessus, en voix off, expliquant qu'au départ, l'idée était de faire venir qques amis pour le petit déjeuner et de s'amuser ensuite en studio.

Lennon est en forme, jouant déjà avec la caméra. Peu après, il prend Nicky Hopkins avec lui pour lui montrer comment jouer "Imagine" au piano. C'est déjà très prenant de le voir jouer comme ça, très impliqué. Nicky Hopkins dit qu'il aime bien, Lennon aussi. Puis Yoko s'en mêle en suggérant qu'Hopkins la joue avec une octave plus haut. Et tout le monde approuve dont un jeune gars qui a l'air très enthousiaste et qui pousse des "Yeah" idolâtres.

On retrouve alors Lennon, un casque sur les oreilles, jouant et chantant "Imagine" sur son grand piano blanc, dans une pièce toute blanche et vide. Yoko est assise par terre, et l'écoute. Peu après, on voit Lennon et Phil Spector réécouter la bande et discutant du résultat. Yoko suggère à nouveau un piano de plus, une octave plus haute, tandis qu'un blondinet conseille de ne pas intégrer de batterie. Finalement, les deux producteurs envoient Alan White jouer de la batterie au côté de Klaus Voormann à la basse.

Ensuite, un peu de comédie. Lennon et Hopkins jouent ensemble sur le piano blanc. Lennon envoie sa femme ailleurs parce qu'elle gêne, elle lui donne des conseils au casque, puis on lui fait savoir qu'il vaudrait mieux enregistrer ailleurs à cause du son qui se répand trop dans la grande pièce blanche. Lennon s'en moque en faisant le guignol devant la caméra...

Autre séquence ensuite, Tariq Ali, commentateur politique d'origine pakistanaise, Régis Debray, essayiste français (entre autres !), Robin Blackburn, historien britannique, ainsi qu'une femme non identifiée, viennent rendre visite à Lennon. Le couple leur montre les projets de pochette du futur album. Tariq Ali approuve les paroles de "Imagine" mais Lennon tient à lui parler des autres chansons, dont "Crippled Inside" dont il chante un couplet qui fait rigoler la galerie.

On enchaîne avec la chanson en question diffusée sur des images montrant John et Yoko essayant désespérément de se promener en barque. Puis des images d'une party chez les Lennon où participent notamment Miles Davis (qui joue au basket avec Lennon devant le garage où trône notamment sa Rolls Royce psychédélique), Jack Nicholson, un certain Stanley Michels, le chanteur américain Fred Hughes, la réalisatrice d'avant-garde Shirley Clarke, Andy Warhol. Ensuite, toujours sur la chanson, les Lennon se font une expo d'art moderne...

Nouvelle séquence, très comique, Lennon et Spector sont devant un micro d'enregistrement. Les deux doivent faire les choeurs pour "Oh Yoko !" mais l'ingénieur du son n'arrive pas à caler le bon moment, ce qui agace particulièrement les deux producteurs. Yoko se charge d'engueuler le technicien pendant que les deux chanteurs s'impatientent et fument... ça ne vient toujours pas, l'ingénieur envoie toujours le mauvais bout et Spector lui vient en aide. Retour devant le micro, l'ingénieur stoppe tout, indiquant qu'il n'entend pas les chanteurs qui n'ont pas commencé à chanter, Lennon réplique ironiquement. Puis c'est au tour de Spector de chanter, il se plante. Yoko et John se mettent à lui montrer comment le faire. Une très belle séquence.

La chanson peut commencer... John essaye des fringues tunées par Yoko, puis on retrouve les deux se cherchant dans une forêt brumeuse : "John !", "Yoko !". Ils sont tout de noir vêtus, se retrouvent, se sautent dans les bras, et s'enlacent.

Puis ils prennent le petit déj sur leur terrasse, toujours sur l'air de "Oh Yoko !". John est en yukata, se lève, se tourne rapidement en s'exhibant, grondé par une Yoko amusée. Puis vient l'heure du bain. Ils sont à poils dedans évidemment, sans gêne. Puis les voilà dansant à New-York, puis sur une plage, puis s'embrassant sur un banc, toujours à New-York sans doute. Puis il fait nuit sur Ascot.

Place ensuite à un bout d'interview de la BBC, dans leur maison. La journaliste leur demande ce qu'ils pensent des nouvelles relations amoureuses. Lennon indique que quand il est très possessif mais que le fait de "posséder" qqu'un est dégueulasse même si lui le fait, et qu'il est très jaloux. Et justement, on enchaîne avec une séquence très belle, John enregistrant le chant de "Jealous Guy". Un casque sur les oreilles, il chante dans le micro d'enregistrement les yeux quasiment fermés... Parfois, on voit des images de John et Yoko au Japon, dans un temple, visitant ou jouant à la pétanque (!). Puis assis sur un banc à contempler la nature. Retour à John sifflant dans le micro. Vers la fin, des images subliminales de Yoko en train de verser des larmes... peuchère... A la fin, l'ingénieur lui dit que c'est génial, Lennon le traite de menteur avant de remercier Spector pour son travail, lui disant qu'il est très heureux de bosser avec lui. Yoko est tout sourire, assise dans le studio.

"Prochain morceau" lance Spector et on enchaîne avec "It's so hard". Sur cette chanson, on voit des images de John et Yoko se rendant en Rolls à une promo du livre de Yoko, "Grapefruit". dans une librairie. John se change dans la voiture, mettant son t-shirt jaune à l'effigie du bouquin, et faisant le pitre. La foule est nombreuse, ils signent des livres, boivent du jus de pamplemousse...

Nouvelle chanson, nouvelle séquence. On parle de Paul... Autour d'une grande table, John explique qu'il veut les mettre les paroles de ses chansons dans la pochette de son album pour que les gens puissent les lire, alors que Paul lui ne les met pas et qu'en plus, on ne l'entend pas. Spector réplique en demandant qui voudrait de l'album de Paul. John répond que ce n'est qu'un exemple...

C'est une séance de travail, George Harrison est là. Ils traduisent "Mako love, not war" dans toutes les langues. Spector donne la version française : "Fait l'amour, pas le guerre" nous indiquent les sous-titres ! Lennon balance : "Est-ce qu'il s'agit de TON français ou bien ?", et tout le monde se marre... Yoko clame qu'elle va vérifier. Lennon reprend en disant qu'il ne voudrait pas mettre qque chose du genre "Pas d'amour, toi la guerre" ! Puis ils le disent en allemand.

Puis John indique à son "gang" de le suivre pour aller écouter sa chanson. George conlue d'un loufoque "Une vie typique dans le jour de John Lennon".

Suivent des images d'une manifestation à Londres. John et Yoko y participent avec "I don't want to be a soldier mama" en fond. On entend ensuite Lennon répondre à la journaliste de la BBC de toute à l'heure. Il parle de la guerre, qui est aux portes de l'Angleterre avec le conflit en Irlande du Nord et de toute la violence que cela implique. Il pense que ces sujets sont plus importants que ceux dont raffolent les gens en général, du genre "savoir si qqu'un a déjà couché avec une ado". Ils pensent que les gens ont tendance à parler de n'importe quoi parce qu'ils ne veulent pas faire face à la réalité... Bien dit John.

On repart donc avec "Gimme some truth". On voit John devant son micro tenter de placer le refrain mais il s'arrache la gorge à la "Eddy Cochran". Ils ont encore un peu de mal à la lancer, ce qui irrite Lennon. Puis ça repart de plus belle, et Lennon livre ici une très belle performance de chanteur, s'arrachant pour aller au bout de ses longs vers et de ses convictions par la même occasion... La fin est excellente, Lennon balance ses paroles et finit encore plus fort avant de s'arrêter en disant "Ah ça c'est la vérité", parlant de sa bonne performance. Il a l'air content et réécoute en faisant le pitre dans le studio. Bravo M. Lennon.

Une autre belle séquence à suivre : "Oh my love". Réunion en studio autour de Lennon au piano et Harrison à la guitare slide. Yoko les guide. Entre temps, Lennon continue de répondre à la BBC, indiquant que sexe et amour ne sont pas obligés d'aller ensemble, car lui a apprécié de l'amour sans sexe et du sexe sans amour dans sa vie... Souvent, ils viennent ensemble mais souvent, ils ne viennent pas ensemble non plus. Yoko ajoute que l'amour a qque chose à voir avec la relaxation. Elle pense que l'amour vient quand on le comprend et qu'ensuite, on est détendu. Cela marche pour John et Yoko. CQFD.

Allez, retour à John qui chante "Oh my love". De belles images. Gros plan sur John chantant les yeux quasi-clos et jouant du piano, Harrison concentré sur sa guitare. Soudain un clac, et John engueule le caméraman sans doute, qui change ses bobines pendant la chanson ! Alors ils reprennent, introduit par le beau toucher d'Harrison... Vient la fin, tout le monde s'arrête, John finit une canette de bière posée sur son piano et indique qu'il veut entendre les fins de phrases de guitare de George (avec raison, c'est splendide).

Nouvelle séquence autour de la table à manger. George demande à John s'il a vu des Beatles récemment. John réplique qu'il n'a pas vu "Beat Les" récemment, non. Il enchaîne sur son jeu de mots, indiquant que ce dernier marche bien en Suède où il est numéro 5 (des charts). Puis la valse sur les Beatles continue quand Yoko sert du thé à George. John parle de George en tant que Fab Four mais celui-ci répond qu'il est Fab Three.

Puis on retrouve les deux ex-Fabs en studio. Un Lennon hilare joue du piano et chante en même temps "How do you sleep ?" pour George. John conclue en disant : "C'est la chanson méchante". Puis tout le monde est en studio pour enregistrer le morceau. John montre à Nicky Hopkins comment la jouer au piano car lui est à la guitare. Les images d'ensemble sont là encore excellentes et John est plus impliqué que jamais. Puis il s'arrête, un souci avec sa guitare. Yoko intervient alors et vient confier à John qu'elle trouve ses musiciens trop décontractés et qu'ils improvisent trop. John lance immédiatement : "Arrêtez d'improviser !". Puis elle s'en va donner des conseils à Hopkins sur la manière de jouer le morceau... Assez hallucinant... Mais Lennon est d'accord et rappelle à tout le monde qu'il s'agit d'une chanson méchante et qu'il ne faut pas qu'ils se laissent trop aller dans le swing.

Suit une séquence très intéressante. Un jeune fan s'est introduit dans la propriété des Lennon et John s'en va lui parler sur le pas de sa porte. Il essaye de le raisonner, lui disant qu'il ne faut pas qu'il compare les paroles des chansons avec sa propre vie. Il lui dit qu'il est juste un type normal qui écrit des chansons, c'est tout. Le fan avoue qu'il pensait avoir une réponse en rencontrant Lennon mais qu'il est probablement trompé. Lennon insiste alors, lui confirmant qu'il n'y avait rien, qu'il est juste un type normal. L'autre lui parle alors des paroles de "Carry that weight". John lui dit que c'était Paul qui la chantait et qu'ensuite, quand il chantait, c'était à propos de lui-même, ou de Yoko pour une chanson d'amour. Autrement, de tout ce qui le concernait lui, sa vie, et pas forcément celle des autres. Ensuite, sympa, il l'invite à manger un bout...

"How" résonne ensuite. On voit le jeune fan tremper une tranche de pain dans une tasse, l'air hagard. Puis John enregistre dans son micro. Il s'accroche à son casque et donne tout ce qu'il a... Magnifique... Puis c'est fini, ça discute dans la régie au sujet de certains vers. Yoko et Phil lui donne des conseils, il s'incline : "Vous êtes tous les deux, je perds". De très beaux plans suivent, des gros plans de Lennon dans la pénombre de la régie, devant choisir entre plusieurs séquences de chant.

Ensuite, Lennon prend connaissance d'un mini bungalow qui sera installé sur une petite île au milieu de leur lac. John et Yoko apprécient et vont sur l'îlot pour montrer où est ce qu'ils veulent l'implanter exactement. Puis Julien, le fils de John, les interpelle de l'autre côté de la rive.

"Imagine" retentit, John se fait prendre en photo pour la pochette de l'album. Yoko lui dit de penser à des nuages. Puis on voit Lennon en régie écoutant justement le morceau en question. Le film enchaîne et se termine sur le "clip" de la chanson. John jouant au piano et chantant dans son grand salon blanc tandis que Yoko ouvre les volets, habillée en princesse, avant de le rejoindre sur le tabouret du piano. Et ils s'embrassent... Dernière pirouette de John sur un siège, tête de clown. Et le générique prend place sur une démo de "Look at me", avec pour image, John et Yoko marchant sur une plage, en direction de la mer... C'est beau...

Ainsi, il s'agit d'un très beau film, qui apporte surtout pour sa qualité documentaire. C'est bien peu mais voir Lennon enregistrer sous la houlette de Spector et en compagnie d'excellents musiciens, cela reste exceptionnel. Au final, on voit peu d'images par chanson et on imagine (ah ah) qu'il en reste encore beaucoup en boîte mais on se contentera déjà de cela. On sent John maître de son travail mais tout de même bien coaché par Yoko qui n'hésite jamais à mettre son grain de sel. En mal ou en bien, on ne sait pas trop mais elle est omniprésente, c'est un fait. Tout le monde la suit en tout cas, même Spector qui regarde tout ça de sa régie, en grand sage de la musique.

Les séquences d'enregistrement sont donc très prenantes et intéressantes. Elles montrent souvent le morceau en version quasi finale mais c'est déjà pas mal. Elles se mêlent assez bien aux images de la vie quotidienne des Lennon, plus ou moins jouées. La caméra est là et ce n'est pas Loft Story pour autant. Lennon joue constamment avec et aime à se mettre en scène. C'est ainsi que les moments où il est concentré dans la musique, où il s'énerve, sont les plus frappants.

On ne peut donc que remercier le couple Lennon de nous offrir ce moment privilégié dans leur vie.

Les bonus du DVD sont assez minces malheureusement. Ils nous offrent l'interview de la BBC en entier. Celle-ci est intégralement tournée vers le sexe et les Lennon en parlent sans gêne évidemment. En tout cas, quel artiste et surtout quel média oserait aujourd'hui en parler de cette manière ?

Puis on a la discographie de Lennon avec l'extrait d'un morceau de chaque album pour illustration... Pas grand chose de plus.

En conclusion, ce film est un incontournable à avoir pour tout fan de Lennon mais aussi de musique. Il présente un grand intérêt dans le pur aspect musical et offre la possibilité d'en connaître un peu plus sur la personnalité de l'un des plus grands artistes de ce siècle, alors au top de sa forme et de sa carrière solo. Cela ne durera pas...

dimanche 28 juin 2009

Concert : Divers - Solidays 2009

Deux ans après ma découverte du fameux festival parisien où il pleuvait malgré de bien bons concerts (Ayo., Lily Allen, Sean Lennon, Tokyo Ska Paradise Orchestra, Superbus...), me revoici sur l'hippodrome de Longchamps pour une nouvelle salve de solidarité contre le Sida.

L'année dernière, le festival avait perdu en tête d'affiche mais là, j'ai cédé à l'appel de qques artistes bien sympas, puis au soleil, il faisait très beau !

Ainsi, je n'y étais pas vendredi car je ne pouvais pas puis les groupes ne m'intéressaient pas particulièrement.

Voici ce que j'ai pu voir samedi :

- Créature : ça a commencé par une chouette découverte; ces Canadiens ont de la ressource, deux gars, deux filles, de l'électro-pop-punk entêtant rappelant CSS ou encore les Ting Tings. Très excités, très enthousiastes, ils ont bien mis l'ambiance pour débuter la journée. Un nom à retenir.

- La Casa : Un duo de chanteurs français qui commence à bien marcher dans l'univers de cette nouvelle chanson franchouillarde qui inonde nos médias. Ils chantent surtout en français, un peu en espagnol, parfois dans les deux langues. Si leurs deux premiers singles passent bien, le reste est assez banal voire ennuyeux.

- Stéphanie McKay : Tout droit venue du Bronx, cette chanteuse soul, registre Lauryn Hill, a du coffre. Elle chante très bien, a la pêche mais difficile de la différencier des dizaines d'autres divas du genre... Pas mal quand même.

- Amadou & Mariam : Malgré leurs jolies mélodies rythmées, je ne soupçonnais pas le couple malien de pouvoir emballer une audience comme ça. L'ambiance était incroyable, le public ne tenait pas en place. Il faut dire que la set-list était particulièrement bien choisie pour provoquer un tel délire. Nous avons eu le droit à leurs chansons les plus dansantes donc et le duo assure le show comme jamais, entre les solos ravageurs d'Amadou et les "Chaud, chaud, chaud" de Mariam. Une vraie claque, bravo !

- Keziah Jones : L'ex-chanteur du métro parisien est salué à peu près partout dans notre pays donc je me délectais donc de pouvoir en découvrir un peu plus. Eh bien, ce fut une déception. Le bonhomme est un excellent show-man, torse nu, maniant très bien sa guitare dans tous les sens, mais ses chansons étaient étonnamment banales... Il n'y avait que son célèbre morceau dont je ne connais pas le nom pour réveiller une foule un peu apathique, le soleil aidant sans doute. Bref, la fougue est là, pour le reste, on repassera...

- Yodelice : L'ex de Jenifer m'a bluffé avec son très sympathique "Sunday with the flu". L'occasion était de voir s'il avait autre chose dans son bagage à proposer. Au début, ça allait, il en a qques autres dans le même genre, puis il s'est mis à tomber dans une espèce de bouillie folk-rock des plus sombres, chiante à mourir... Puis j'avoue que je me moque du chanteur de Phoenix et de son accent français mais Yodelice est l'exact contraire, maniérant un accent prononcé, genre "je suis une bête en anglais", et quand on y fait attention, ça devient vite irritant. Heureusement, il a salué la foule en français. Déception donc, encore une.

- The Ting Tings : Le climax de la journée; je n'étais venu que pour eux. En 1h pile, ils ont casé tout leur album et la folie du public leur a bien plu. Le son n'était pas terrible mais l'ambiance, elle, était carrément délirante (d'autant plus que j'étais devant). Ils ont assuré leur show, rôdé comme jamais, et ça marche à tous les coups. F****** Fantastic !

Le dimanche, températures toujours aussi hautes mais j'avoue avoir zappé tout le début d'après-midi par manque d'intérêt. Ensuite, les choix furent plus évidents, quoique...

- Ayo. : La belle métisse était de retour après son hospitalisation qui lui a notamment fait sauter ses concerts au Zénith de Paris; j'avais des places pour l'un des deux, j'étais triste ! Très en forme, elle a fait une entrée habituelle avec "I'm not afraid", un joli moment. Son naturel est toujours là, sa joie de vivre et de chanter aussi. Elle rayonne toujours autant sur scène et ses musiciens s'en donnent à coeur joie (nouveau guitariste pour l'occasion, de remplacement je présume car il a assuré mais sans éclat non plus). Mais 1h, c'est vraiment trop court pour Ayo.. Elle papote (en impro, sans savoir vraiment quoi dire) et danse tellement qu'elle a encore perdu un temps fou et chanté, au final, que très peu de chansons, quatre ou cinq à tout casser. En prime, une espèce d'inédit écrit pendant son séjour à l'hôpital qui ne fera pas long feu. Elle a dédicacé "I want you back" à qui on sait et, au lieu de terminer par "Down on my knees", a opté pour "Life is real". Pas son meilleur show, loin de là, mais au moins elle était très (trop) concernée par la cause défendue par le festival.

- Emir Kusturica : Un court aperçu du cinéaste serbe à la guitare électrique, à la tête d'un groupe tout en folie, surtout le chanteur qui était vêtu d'un accoutrement grotesque vert fluo. Pas entendu grand chose, mais c'est une fanfare qui m'a eu l'air sympathique.

- Naive New Beaters : Ces trois joyeux lurons m'ont bien fait rire. Français, ils se font passer pour des Anglais lorsqu'ils parlent avec faux accent et franglais revendiqué. Leur musique passe très bien, une électro-pop bien allumée, et le show vaut la peine d'être vu, plein d'humour et de chorégraphies burlesques.

- Caravan Palace : Plus j'écoute cet ethousiaste orchestre, plus j'aime. Un chanteur, une chanteuse, et une bonne grosse fanfare derrière, au service de mélodies qui sonnent très années folles modernisées à l'aide d'un peu d'électronique. C'est très festif, très dansant et c'est encore mieux sur scène.

- La Grande Sophie : Elle est grande, oui, élégante aussi et plutôt bien foutue. Moins rock qu'avant, elle garde qque chose de bien à elle dans un répertoire varié et très agréable à écouter. Son show m'a plu de bout en bout. On sent son expérience de la scène et de tout ce qui va avec. Elle est un pilier des chanteuses indépendantes actuelles.

- Cocoon : Petit aperçu mais pas grand chose à en retirer. Ils sont très mignons tous les deux quand ils chantent, mais quand ils parlent, c'est beaucoup moins intéressant.

- Metronomy : Il paraît que c'est bien mais le peu que j'ai entendu ne m'a pas vraiment encouragé à rester.

- Manu Chao : Le baroudeur franco-hispanique a beau être très créatif, ses shows ne sont pas si originaux que cela. Celui-ci était quasiment copié collé avec celui de Bercy il y a un an. Même entrée en matière, mêmes morceaux, mêmes interprétations, mêmes gestes et attitudes. Certes, lui et son groupe mettent une ambiance d'enfer mais le répertoire varie vraiment trop peu. Manu Chao assure le show, c'est grandiose mais un peu plus d'effort et là, ça sera grandissimo !

En conclusion, je suis plutôt content de cette édition de Solidays malgré ma solitude. J'ai pu vori pas mal de choses différentes et j'ai eu les qques découvertes et surprises que j'espérais. Ceux que j'attendais ont confirmé, donc beaucoup de positif à retenir. Vivement l'année prochaine !

samedi 23 mai 2009

Concert : The Ting Tings - Bataclan

"We started nothing", le premier album des Ting Tings est pour moi la meilleure découverte que j'ai pu faire l'an passé. C'est un opus splendide, l'un des rares sur lequel j'aime absolument toutes les chansons, de manière presque équivalente, c'est dire !

Les voir en concert relevait donc de la logique. Deux dates étaient prévues en avril au Bataclan, complètes. Je me suis ainsi rabattu sur l'heureux concert supplémentaire prévu début mai.

Cela tombait bien, je n'avais encore jamais mis les pieds dans cette fameuse petite salle parisienne. Je ne fus pas déçu, à l'image de ces salles compactes comme la Cigale avec parquet et balcon à l'ancienne. Puis c'était complet, avec une ambiance très chaude.

La première partie était assurée par The Joy Formidable, un trio mené par une blonde à l'air gentil mais très énervé. Elle hurlait dans le micro sans réussir à ce qu'on l'entende, couverte par sa guitare saturée. Son bassiste et son batteur étaient tout aussi énervés qu'elle. Le résultat était assez mauvais, une grosse soupe rock aux mélodies informes. Bon, j'ai eu un peu de compassion pour eux juste parce que, pour la prestation des Ting Tings, ils sont venus se placer pas très loin de Sei et moi au balcon, Sei allant jusqu'à aller leur demander un autographe (sans connaître leur nom !). Et ils se sont montrés tout à fait ouverts et sympathiques, pas comme leur musique !

Venons en aux Ting Tings. Leur show fut tout bonnement époustouflant. J'ai rarement été aussi secoué pendant un concert. Malgré la profusion d'instruments que l'on peut entendre sur leur album, Katie et Jules jouent quasiment de tout, tous seuls sur scène.

Le concert a commencé avec "We Walk". Jules et ses fameuses lunettes de soleil colorées est arrivé sur scène, a joué qques notes sur un clavier, avant de se poser sur son tabouret de batterie pour y jouer... de la guitare électrique ! Une fois les boucles enregistrées, comme pour le clavier, il se mit à taper sur ses peaux. Et Katie a débarqué pour chanter... Et la même mécanique s'est répétée pour toutes les chansons, selon un procédé et une mise en scène parfaitement rodés.

Agissant comme des marionnettes, pas très bavards mais sympathiques, les Ting Tings offrent ainsi un jeu en live incroyable. En peu de moyens, ils s'approprient la scène avec talent et perfection. Parfois, ils étaient rejoints par une triplette de saxophonistes dotées de perruque de couleur et d'instruments énormes, jouant elles aussi selon une chorégraphie très simpliste mais étudiée.

Tous les morceaux de "We Started nothing" sont passés, dans des versions allongées et largement plébiscitées par le public. Le climax étant atteint avec "Shut up and let me go", mais "Great DJ" et "That's not my name", les deux autres singles du moment, ont eux aussi eu le droit à leur acclamation.

Et pour nous remercier de cette ambiance extraordinaire, le fabuleux duo anglais est revenu sur scène pour nous interpréter, en acoustique, une reprise d'un titre que je crois vaguement connaître mais dont je ne me rappelle plus ni le titre ni l'interprète original, sorry.

Cela a donc clôturé une prestation flamboyante qui donne envie d'aller les revoir encore et encore, impatient de découvrir la suite de leurs aventures.

Pour cela, j'ai eu de la chance puisqu'ils se sont présentés qques jours plus tard à la FNAC Montparnasse pour un show case bien calme mais sympathique. Katie et Jules ont joué en acoustique, chacun avec une guitare, leurs principaux singles et la reprise dont je vous ai parlé juste avant. L'ambiance était à l'opposée de celle du Bataclan mais ce fut intéressant de les voir de près et jouer de cette manière. Ces versions ont donné des résultats intéressants de la matière brute de leur répertoire.

Pour l'anecdote, j'ai ensuite été me chercher un petit autographe des deux Ting Tings que je n'ai pas manqué de féliciter chaudement...