lundi 17 septembre 2012

Black Cat White Cat - Bande originale du film Chat Noir Chat Blanc

Parmi les bandes originales de film, on a pu le voir, il y a un peu de tout. L'univers reste le même, collé au film, mais peut faire appel à divers sources musicales. Et parfois, quand la production est moins riche, on fait avec les moyens du bord.

C'est le cas de "Chat Noir Chat Blanc" d'Emir Kusturica, sorti en 1998, l'un de ses plus gros succès cinématographiques avec, comme d'habitude, une histoire d'amour entre deux jeunes, vivant au sein d'une famille et d'un univers complètement foutraques. Côté musical, le réalisateur serbe a fait appel à ses amis du No Smoking Orchestra qui a joué sous le nom de Black Cat White Cat une partition qui correspond parfaitement au lieu et au folklore du film.

Dans le livret qui accompagne l'album, rempli de photos du tournage, Emir Kusturica résume son ambition : "Je voulais montrer à quel point la musique gitane n'a besoin de personne pour vivre sa vie. Ici, elle s'approprie tous les genres, même les plus inintéressants. Ce qu'on obtient au final est une sorte de mélange entre la musique traditionnelle et le son cubain, une world music impossible à identifier précisément, libre en quelque sorte. Rien de plus normal en fin de compte puisque la musique des gitans est la synthèse de toutes les autres."

Tout est en place donc pour que nous passions en revue les différents morceaux...

- "Bubamara" : C'est LE morceau emblématique du film, structuré comme la plupart des morceaux de musique tzigane. Cela commence doucement puis s'emballe de plus en plus vite avec orchestre et choeurs. Il nous met directement dans l'ambiance et donne une indescriptible envie de se lever et faire frétiller ses gambettes.

- "Duj Sandale" : Ici, ça part directement à une vitesse effrénée sur une musique de jeu vidéo. Les pieds bougent naturellement et on s'imagine bien dans la folie du film. Le chant est très intéressant, avec un ton assez bas du chanteur qui contraste avec les aigus de l'orchestration. Accompagné d'une voix plus haute, cela aurait été encore plus sympa je pense.

- "Railway Station" : Morceau bien plus pépère, uniquement musical, qui rappelle un peu le "Bubamara" d'entrée. Il colle sans doute bien avec la scène qu'il doit accompagner, mais je n'en ai plus de souvenir, argh !  On ne danse pas vraiment ici, mais cela appelle bien au rêve, forcément foutraque.

- "Jek Di Tharin II" : L'ambiance n'est pas vraiment 100% tzigane ici. On se rapproche d'un rythme jazzy avec une vieille voix de crooner qui se lance dans une longue complainte. Avant que les choses ne s'accélèrent qque peu et touchent quand même le tzigane.

- "Daddy, don't ever die on a Friday" : Un super morceau, en accéléré, très axé sur les cuivres, presque rock parfois, et avec un chant en anglais cette fois. C'est toujours tonitruant et distrayant.

- "Bubamara" : Autre version du morceau phare du film. On nous la présente comme la version "Vivaldi" et c'est en effet le même morceau en musique classique, mais beaucoup plus court.

- "Daddy's gone" : Gentille petite ballade musicale à l'accordéon, qui fait un peu penser à du Yann Tiersen pour "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain". Mignon comme tout !

- "Long Vehicle" : La chanson la plus longue de la bande originale, dont l'intro dure quand même deux minutes ! C'est une nouvelle ballade bien tranquille jusqu'à ce qu'un chanteur  invite, en anglais, au voyage dans un "long véhicule", rejoint bientôt par des choeurs qui font très "marins" voire Monty Python.

- "Pit bull" : On entre ici dans une autre dimension avec un morceau electro, mixé par un certain Pink Evolution. C'est assez sombre et un peu daté, à l'image des chansons dance qui font encore fureur dans les boîtes de nuit des pays de l'est. Sans doute le morceau le plus faible de la bande originale.

- "El Bubamara pasa" : De retour avec notre morceau fétiche, mais cette fois dans une version 100% péruvienne avec flûte de pan ! Et le morceau est tellement bon qu'il passe encore une fois très bien, toujours aussi entraînant quand il s'emballe.

- "Ja volim te jos/Meine Stadt" : C'est une voix de diva féminine qui vient nous éclairer de la pénombre avec une charmante chanson à l'orchestration toujours bien marquée au niveau des percussions. Vers la moitié du morceau, une nette pause vient marquer la transition avec la même chanson mais chantée de manière plus rock voire ska et en allemand par un homme cette fois ! Et ça le fait tout aussi bien.

- "Bubamara" : Vous en voulez encore ? Eh bien revoici notre morceau fil rouge dans une mignonne petite version très courte et poétique.

- "Jek Di Tharin" : Même titre, sans le II, que le morceau déjà entendu plus haut. Mais l'ambiance est bien différente ici avec un choeur de vieux messieurs dans une atmosphère tout à fait tzigane.

- "Lies" : Encore un tout petit morceau qui ressemble vaguement à "Bubamara", sans l'être, à l'ambiance un peu mystérieuse.

- "Hunting" : C'est exactement la même mélodie que le morceau précédent, mais dans une version encore différente, plus orchestrée et joyeuse.

- "Dejo Dance" : Et rebelote ici, mais les cuivres sont encore plus mis en valeur et ça va peut-être même un peu plus vite.

- "Bulgarian Dance" : On ne s'arrête plus de vouloir bouger nos membres inférieurs avec une "danse bulgare" fort sympathique, très champêtre avec ses trompettes très prononcées.

- "Bubamara" : Vous en reprendrez bien une dernière louche ? A la sauce "Sunflower" cette fois. C'est encore un peu différent des autres version, mais pas tellement. Toujours aussi entraînant et seulement musical, avec pleins d'instruments différents, de la flûte de pan à la clarinette.

- "Black Cat White Cat" : On termine cette folle bande originale par un morceau qui reprend le titre du film. Le son reprend clairement le thème de la plupart des morceaux avec un ton très jazz band tzigane. C'est excellent, un bon morceau final. Et si on attend bien la fin de la chanson, on a même droit à un bonus caché, mais c'est de l'electro encore, pas terrible, très proche de "Pit bull" en fait.

Une bandes originale est toujours particulière et il est parfois difficile de se convaincre de l'acheter parce qu'elle colle généralement à une image que l'on n'aura pas juste en l'écoutant. Pourtant, celle de "Black Cat White Cat" réussi à retranscrire parfaitement l'atmosphère foldingue et terriblement attachante du film d'Emir Kusturica.

Les morceaux sont pour la plupart très rythmés et festifs, dotés d'une excellente orchestration et d'un chant inspiré, nous plongeant dans l'ambiance particulière des pays de l'est et d'une culture aussi riche que variée. C'est une très bonne approche de la musique tzigane qui, comme  le disait en préambule le réalisateur serbe, s'intègre parfaitement dans cette "world music" écoutable partout avec plaisir.

Cette bande originale a donc aussi facilement sa place dans une petite fête entre amis, histoire de déclencher qques pas de danse bienvenus si les voisins du dessous le permettent !

Les morceaux à retenir : "Bubamara" (toutes les versions!), "Duj Sandale", "Daddy, don't ever die on a Friday", "Daddy's gone", "Lies"/"Hunting"/"Dejo Dance",  "Bulgarian Dance", "Black Cat White Cat".

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